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EAN : 978B003WRMXAS
Rieder (30/11/-1)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Fils d'un clerc de notaire lyonnais Gabriel Chevallier fait des études dans divers établissements, dont un collège religieux. Il entre aux Beaux-Arts de Lyon en 1911. Mobilisé dès 1914, il est blessé un an plus tard. Une fois rétabli, il retourne au front, où il restera comme simple soldat jusqu'à la fin du conflit. Rendu à la vie civile à la fin de l'année 1919, il exerce divers métiers, retoucheur de photographie, voyageur de commerce, journaliste, dessinateur, af... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je suis étonné d'être le premier à rédiger une critique de cet excellent roman. Sans doute n'est-il plus édité (j'ai entre les mains un livre de poche de 1962). Paru en 1937, il raconte une année de polissonneries dans un internat catholique de la campagne près de Lyon. Les cancres s'appellent Nusillon ou Pinoche. Ils dérogent aux règlements non pour embêter les adultes mais par esprit de justice, en tous cas c'est ce que nous fait sentir l'auteur, qui sait parfaitement entrer dans la psychologie de l'enfant. Et également dans celle de l'adulte. Car on parle même plus souvent et longtemps des adultes que des enfants dans ce livre. Les Pères, qui dirigent le collège et enseignent, et les parents qui visitent, délaissent ou tarabustent leurs rejetons. Sans fil chronologique, les différentes histoires qui sont racontées nous touchent toutes, même les plus inattendues (comme celle du bien nommé Père Marededieu). L'intelligence du coeur, la pénétration et la bonhomme ironie de Gabriel Chevallier s'expriment aussi bien ici, voire mieux encore, que dans son ouvrage le plus connu, Clochemerle. À lire sans hésiter.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Cette affaire eut son dénouement devant l'abbé Ragraton. C'est que, à côté de la polissonnerie elle-même, il y avait le dommage. L'enquête établit en effet que la consommation du vin de messe avait sensiblement augmenté depuis un mois. Cela faisait varier les prix de revient de l'Économe. Il demanda que les deux coupables lui fussent livrés. Le remboursement lui paraissait la forme la plus morale et la plus salutaire du châtiment. En outre on avait touché à son vin, un vin choisi avec quels soins ! Sur ce chapitre il ne plaisantait pas.
- Vous voilà, sagoins ! s'écria-t-il quand il vit devant lui les deux garçons. Vous savez ce que je vais faire ? Je vais vous compter à chacun vingt francs de supplément, et vos parents paieront. Qu'est-ce que vous en dites, hein ?
Ils n'en disaient rien. L'abbé Ragraton, capable pourtant de s'apitoyer, leur demanda :
- Vous l'aimez donc, le vin blanc ?
Ils répondirent la vérité, pensant qu'une vérité pareille ne pouvait que les servir.
- Oh, non, Père !
Elle les perdit, au contraire.
- Ils ne l'aiment pas, tonna l'abbé Ragraton, ils n'ont pas même l'excuse de l'aimer ! Ils n'aiment pas ce vin-là, mon vin blanc ! On vous en fournira, mes cochons ! Tenez, c'est vingt-cinq francs que je compterai sur vos notes, sagoins que vous êtes ! Et maintenant, fichez-moi le camp, tous les deux. Et buvez de l'eau, pauvres idiots ! Cancres ! Cancres du gosier !
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Le goût d'abuser un peu du vin blanc était venu à l'abbé par pur dévouement. C'est qu'il faisait un dur métier. Il margoulinait avec persévérance et méthode au profit d'une grande communauté qui bénéficiait de ses transactions heureuses sans bien lui rendre justice. On le voyait de bon matin sur le carreau des Halles flairer le poisson et le fromage, examiner fruits et légumes sans jamais négliger de marchander âprement. Le caractère en quelque sorte sacré de son négoce n'intimidait pas toujours les revendeurs, tous un peu bandit et animé d'un incurable instinct de filouterie. Mais, comme l'abbé disposait d'une grosse capacité d'achat, étant chargé de la subsistance de trois cents êtres, on lui prodiguait certains égards, égards qui se traduisaient par l'offre, vingt fois répétée chaque jour, de prendre un verre. L'Économe ne se croyait pas le droit, en refusant, de sacrifier les intérêts du collège à des considérations de fierté ou de décorum. Il savait qu'il ne faut pas dédaigner de se mêler aux humbles et que les marchands s'humanisent devant un homme qui leur tient tête sans faiblir. Jésus vécut avec des pécheurs. Lui, Ragraton, pouvait bien fraterniser avec des maraîchers.
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Oubliant de jeter un regard en arrière, oubliant de réfléchir à ce qu’ils sont et de se demander quelles vertus personnelles les rendraient dignes d’un exceptionnel mérite de leur sang, les parents ont tous, plus ou moins, la rage d’avoir engendré des petits merles blancs, de la graine de saint ou de grand homme. Etendant à leur progéniture les vanités qui les animent, ils voudraient celle-ci belle à ravir, surprenante, admirable en tous points. Ce qui fait que l’on finit souvent par demander aux enfants, en dépit de leurs hérédités pitoyables, bien davantage qu’on n’exige des hommes eux-mêmes.
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On n’apprend pas aux enfants à comprendre, à aimer la nature. On leur laisse ignorer qu’il existe ce grand fleuve sacré, fait tout exprès pour les ablutions de l’âme. On ne leur dit pas qu’il existe toujours les fêtes mystiques de l’aurore, et que chaque jour, à sa naissance, ramène un instant lustral dont l’éclat fugitif ressuscite la virginité des vieilles époques accomplies, durant lesquelles, dans un tournoiement d’astres en fusion, les genèses hésitaient encore à se prononcer. On ne leur enseigne pas à capter ce que les matins et les soirs, au point culminant de leur évolution, contiennent d’exaltant et d’apaisant. Comment, alors, s’étonner que Nusillon et Patafiat, qui recevaient, dans les greniers du collège, ce baptême, en fussent à la fois remués et grandis ? La bouche ouverte, presque sans bouger, et reniflant tout à leur aise, ils ne pouvaient se détourner du spectacle admirable.
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Alors, machinalement, il prit une planche, une belle planche lisse et joliment veinée, sur laquelle il passa la main. Et la joie de nouveau l’inonda, parce que c’était un bon bois docile à l’outil. Un homme connaissant son affaire, plein de l’intelligence et de l’amour du bois, ferait de ce bois-là ce qu’il voudrait. Il se dit ensuite que l’âme des petits était comparable aux surfaces d’un bois tendre, encore en grume, que l’adroit et patient artisan sait dresser à son gré. Les architectes ni les ingénieurs ne font les poutres, les charpentes, les boiseries, les meubles. Il faut pour cela des travailleurs plus modestes, qui ont découvert, par un long contact quotidien, toutes les ressources de la matière. Et de même, les éducateurs, qui ont l’ambition de bâtir des sociétés théoriques, trop souvent ne savent pas entrer dans le secret des cœurs, des natures, des intelligences.
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