Si un collégien ou un lycéen français souhaite découvrir le déroulement concret de la Première guerre mondiale pour des millions de soldats (en Italie et ailleurs), il doit lire ce beau livre.
Ce livre n'est pas un roman, mais plutôt un récit de la guerre, nourri par les souvenirs personnels de l'auteur.
Et c'est un très grand livre, vibrant d'humanité, qui, même s'il est beaucoup moins connu en France, peut être placé au même rang que le Feu, de Barbusse, ou A l'Ouest, rien de nouveau, de Remarque, ouvrages consacrés au même thème de la première guerre mondiale.
Ce que décrit
Emilio Lussu, c'est la barbarie du haut-commandement italien, en 1916, qui envoie régulièrement et délibérément des soldats italiens au massacre. Un exemple parmi d'autres : on ordonne à un sous-officier et à un soldat d'aller, en plein jour, découper des barbelés, qui protègent la tranchée ennemie. Mais les deux militaires italiens ne bénéficient d'aucune protection de leur artillerie, d'ailleurs quasi-inexistante sur tout le front. Ces deux soldats seront abattus immédiatement sur les barbelés.
Ce livre décrit cette suite d'assauts inutiles, et de carnages prévisibles. Au drame quotidien de la guerre s'ajoute la folie permanente et la barbarie d'ordres inhumains, qui considèrent les soldats comme de simples pions.
Après avoir décrit les causes, ce livre relate les conséquences de ces ordres cruels : la révolte des consciences contre cette barbarie : ici, un officier italien refuse d'abattre un gradé ennemi, qu'il tient dans son viseur, et qu'il pourrait tuer facilement d'un simple coup de fusil ; là, des officiers subalternes souhaitent ouvertement la mort de leurs supérieurs. Enfin, se lève le vent de la désobéissance et des mutineries de soldats, en Italie, mais aussi en France en 1917. Avec de terribles représailles en retour...
Lire ce livre aujourd'hui, c'est se souvenir du terrible drame, vécu par ces dizaines de milliers d'êtres humains qui, dans tous les cas, qu'ils obéissèrent ou non, aux ordres, risquaient une mort quasi-certaine.