Le poids des mots
Le génocide rwandais a fait l'objet de nombreux -mais jamais trop-livres (essais et témoignages). On dispose également de l'intéressant rapport parlementaire français sur cette sinistre période de 1994 et des signes avant coureurs.
Cette étude remarquable et très complète se penche sur la propagande qui a entouré et encouragé cette ignominie et en particulier celle de la Radio-télévision libre des Mille Collines. Racisme délirant, haine insidieuse ou affichée, paranoïa criminelle (les Tutsis sont systématiquement présentés comme les agresseurs et sont montrés sous les traits les plus monstrueux)...
Ce livre ne cherche pas à embrasser l'ensemble des évènements et il se concentre, comme lui demande son mandat de l'UNESCO, sur les seuls médias "Hutus". A ce titre, sa légitimité ne se conteste pas, mais on peut le trouver parcellaire pour expliquer le drame Rwandais. Mais c'est un autre débat.
Loin des polémiques ou des tentatives de révisionnisme, ce livre livre les faits et confirme que les mots tuent aussi. A méditer à l'occasion de la non-célébration du cinquantième anniversaire de la mort de
Louis-Ferdinand Céline...( L'école des cadavres : " Il faut choisir, il faut opter pour un genre de perversion, ça suffit plus de se dire méchant, il faut avoir une foi terrible, une intolérance atroce...").