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4,04

sur 153 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Remarqué en France grâce à la publication de plusieurs de ses novellas l'an dernier (« Les tambours du dieu noir » et « Ring shout – Cantique rituel », notamment), Phenderson Djeli Clark signe ici son premier roman et nous replonge dans l'univers de deux de ses autres textes : « L'étrange affaire du djinn du Caire » et « Le mystère du tramway hanté ». Retour donc dans une Égypte du début du XXe siècle uchronique, propulsée au rang de grande puissance mondiale suite à l'ouverture d'une porte laissant entrer la magie et les djinns dans notre monde. Rivalisant désormais avec les grandes nations du Vieux Continent, qui ont, elles, tendance à péricliter, le pays a acquis une certaine stabilité et occupe un rôle central sur la scène internationale. Une stabilité sur le point de voler en éclat avec l'arrivée en ville d'un perturbateur prétendant être Al-Jahiz en personne, le fameux mystique qui est parvenu a ouvrir une porte entre notre monde et celui des djinns cinquante ans plus tôt, et qui n'a pas reparu depuis. le Ministère de l'Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles, lui, penche plutôt sur la piste de l'imposteur, d'autant que le prétendu mystique n'a pas fait dans la dentelle pour annoncer son retour, puisqu'il s'est rendu coupable de l'assassinat d'une vingtaine de personnes, tous membres d'une société secrète se revendiquant justement… d'Al-Jahiz. C'est à Fatma, héroïne de « L'étrange affaire du djinn du Caire », qu'est confiée la délicate mission de démasquer l'imposteur et de cerner ses intentions avant que le chaos ne s'empare définitivement de la ville. Son enquête se révélera toutefois bien plus complexe que prévu, son adversaire disposant de capacités extraordinaires à même de semer le doute dans l'esprit de nombreux Cairotes. Et les enjeux ne cessent de grimper ! Car si l'objectif est dans un premier temps de mettre la main sur un meurtrier et d'apaiser les tensions naissantes à l'encontre des cultes anciens, les interventions toutes plus spectaculaires les unes que les autres de l'imposteur vont très vite semer le chaos dans la capitale égyptienne. Or, entre l'organisation d'une conférence pour la paix visant à prévenir l'apparition d'un conflit en Europe, l'aggravation des inégalités sociales et la présence d'une machinerie capable de changer le rapport de force entre les djinns et les hommes, celle-ci s'apparente de plus en plus à une poudrière.

L'intrigue de ce premier tome est assez classique et valide un certain nombre de passages obligés typiques de ce genre de récit : multiplication de fausses pistes, succession de rencontres avec des personnalités marquantes, faux coupable idéal, évolution du mobile…Le mélange polar/fantasy fonctionne bien, et rappelle d'autres oeuvres du même type, de la série « Garrett » de Glen Cook à celle de « Lasser, détective des dieux » de Sylvie Miller et Philippe Ward, oeuvre à laquelle on pense plus particulièrement ici puisque le cadre, à défaut du ton, est similaire. le contexte est le même que dans les précédentes novellas se déroulant au Caire mais en plus étoffé, puisqu'on a cette fois davantage d'échos de ce qui se passe sur les autres continents. En Europe, l'auteur a l'air de vouloir rester fidèle au contexte historique puisqu'on est, en 1912, tout prêt d'un conflit armé généralisé. On apprend, par contre, que la magie ne s'est pas arrêtée aux frontières de l'Égypte et que chaque pays a vu se réveiller un nombre variable de créatures issues de son propre folklore. En Orient, la situation est plus intéressante, puisque l'auteur mentionne un contexte géopolitique plus éloigné de celui de nos livres d'histoire, avec l'émergence de mouvements indépendantistes dans un Empire ottoman à deux doigts du délitement, une montée des nationalismes et des difficultés pour les puissances européennes de maintenir leur présence dans leurs colonies. du côté de l'Égypte, le pays est toujours traversé par des tensions et travaillé par des minorités critiques envers l'ordre établi et qui revendiquent de nouveaux droits. C'est le cas notamment des femmes (leur accès au droit de vote était d'ailleurs au coeur de la nouvelle « Le mystère du tramway hanté »), mais aussi, dans une moindre mesure, des djinns, des adeptes des cultes anciens (c'est-à-dire des divinités du panthéon égyptien antique), et même des classes populaires dans leur ensemble. Sans s'attarder plus longuement que nécessaire, l'auteur dresse le portrait d'une société tiraillée entre traditions et modernité et qui ne s'est pas encore totalement habituée aux changements apportés par l'intrusion du surnaturel dans son univers.

En ce qui concerne la magie évoquée ici, on est à nouveau dans quelque chose d'assez classique, même si l'inspiration égyptienne du bestiaire permet quelques originalités. L'auteur semble d'ailleurs prendre beaucoup de plaisir à jouer avec les stéréotypes propres au folklore oriental pour mieux les détourner et interroger nos représentations occidentales. On peut également signaler quelques belles trouvailles qui donnent lieu à des scènes impressionnantes et particulièrement immersives comme la visite de l'enquêtrice dans le sanctuaire des Anges ou celle de la bibliothèque du Ministère, gardée par un djinn bibliophile déroutant. Cette omniprésence des livres et des textes anciens est quelque chose qui perdure tout au long du roman, et c'est aussi ce qui lui donne une partie de son charme. L'auteur s'est en effet inspiré de nombreux écrits médiévaux ou de contes tirés du folklore égyptien pour construire son intrigue, et le résultat est, de ce point de vue, plutôt réussi. le récit souffre malgré tout de quelques lacunes, à commencer par un rythme erratique, des scènes d'action un peu confuses et trop longues et des rebondissements souvent trop prévisibles. Les personnages sont pour leur part plutôt réussis, même si, là encore, l'auteur réutilise un certain nombre de profils types : le policier bourru mais compétent, l'intello pataud mais brillant, la nouvelle recrue pleine de zèle... On retrouve avec plaisir certains personnages des précédentes novellas et, là encore, ce sont les femmes qui occupent le devant de la scène. L'occasion d'insister sur les discriminations dont elles sont victimes, mais aussi de prendre le contre-pied de ce genre de récit dans lequel les femmes sont souvent cantonnées à un rôle de subalterne. Fatma n'est ainsi pas la seule à se retrouver au coeur de l'action puisqu'elle est entourée de plusieurs coéquipières bien campées, qu'elles soient guerrière bas-ass ou enquêtrice minutieuse.

Phenderson Djeli Clark signe avec « Maitre des djinns » un premier roman solide qui mêle agréablement enquête policière et fantasy tout en continuant de mettre en avant des sujets de société liés au racisme, au sexisme ou à la colonisation. le contexte uchronique dans lequel se déroule l'histoire offre des perspectives passionnantes qui mériteraient d'être davantage exploitées. L'engagement féministe manifeste de l'auteur participe à l'intérêt que l'on trouve au récit qui, bien que ponctuellement plombé par des maladresses, n'en demeure pas moins réjouissant à suivre.
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Ce roman était enchanteur !
C'est ce que je retiens en grande partie. L'Égypte, début des années 1900 dans une ambiance Steampunk pleine de magie !

Pour commencer j'ai beaucoup aimé le personnage de Fatma avec ses looks et son côté rebelle. Même si j'aurais aimé que le personnage soit plus creusé parfois... On ressent qu'elle est fonceuse et déterminée et j'ai adoré ça mais j'aurais aimé en apprendre plus sur ses failles. Les personnages de Siti et d'Hadia viennent ajouter un peu de piment au récit et m'on fait souvent rire.

J'ai aussi beaucoup aimé tout ce qui concerne la religion musulmane et la mythologie égyptienne. On se retrouve dans un monde où les deux sont entremêlés, où les peuples se cherchent et c'était très intéressant ! Ajoutez à ça des machines avec cerveaux et le tour est bon.

Point négatif pour moi: l'histoire se concentre énormément sur l'enquête. Ce n'est pas le genre de lectures que je préfère et je pense que c'est ce qui m'a un peu gênée... Mais si vous en êtes friands foncez !
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Pour débuter l'année, je vous propose une petite excursion en Egypte, au début du XXième siècle. Nous sommes en pleine révolution industrielle, sauf qu'en plus des machines, l'humanité côtoie des djinns (et autres créatures dans le monde entier). Mais, au Caire, les djinns vivent en (presque) harmonie avec les hommes et la magie fait partie intégrante de la vie quotidienne. Pour réguler cela, un ministère a été créé, le ministère de l'Alchimie, des Enchantements et des Entités Surnaturelles.

Au sein de ce ministère, une agente, Fatma, et sa coéquipière, l'agente Hadia. Elles vont devoir résoudre une terrible affaire, le meurtre de vingt-quatre personnes, tous membres d'une même loge. Leur enquête va les mener d'un bout à l'autre de la ville, au contact des djinns les plus étranges, jusqu'à même échanger avec la cheffe des Quarante Léopards.

C'est une histoire remplie de rebondissements, un peu trop d'ailleurs, à mon goût. L'auteur aime nous surprendre, enfin essayer tout du moins, car si je salue l'univers très riche et intéressant, l'intrigue en revanche est plutôt pauvre, et ce n'est pas en surenchérissant dans les événements que cela l'agrémente positivement. de plus, les longues descriptions qui ponctuent l'histoire ont tendance à casser un peu le rythme, un rythme d'ailleurs que l'on discerne très vite et qui oscille entre scène de combat, recherches, descriptions, combat, recherches, descriptions,...

Bref, malgré un rythme plutôt laborieux et une surenchère dans les évènements, l'univers est plutôt bien pensé. J'ai beaucoup aimé découvrir les djinns et leur magie, et le personnage de Fatma est assez bien construit et original, avec ses costumes tous plus farfelus les uns que les autres. Parmi le grand nombre de personnages, peu sont suffisamment exploités pour faire naître une quelconque émotion chez le lecteur, mais je mentionnerai seulement Siti, qui a réussi à me fasciner.

Je conseillerais enfin de lire les précédentes enquêtes de Fatma, disponibles sous forme de nouvelles, il me semble, avant de lire ce roman, car l'auteur fait très souvent mention d'évènements passés, et cela devient assez agaçant quand on a pas connaissance des évènements en question.

En somme, une histoire avec un peu trop de rebondissements, de longueurs et de digressions, mais dépaysante à souhait avec un univers et une ambiance prenants. Un sympathique moment de lecture, sans plus.
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Après avoir lu les trois premières novellas de P. Djèlí Clark, je m'attaque donc à son premier roman, « Maître des djinns » dont l'histoire s'inscrit dans la continuité de « L'étrange affaire du djinn du Caire » et « le mystère du tramway hanté ». On y retrouve donc Fatma dans une nouvelle enquête pour le ministère de l'Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles.


Le passage d'un format court à un format plus long n'a malheureusement pas gommé les défauts des premiers textes de l'auteur. Ce dernier peinent toujours à détailler son univers et « Maître des Djinns » n'apporte pas grand-chose de plus que les deux nouvelles précédentes. Clark part avec de bons matériaux mais ne l'exploite pas suffisamment.
Idem pour les personnages que je trouve toujours aussi lisses est peu intéressants.
Quant à l'intrigue, elle ne brille pas par son originalité et son inspiration. Son développement est relativement grossier pour ne pas dire cliché. On devine rapidement son dénouement, l'identité du coupable,…


« Maître des djinns » me fait le même effet qu'un blockbuster américain : divertissant mais sans surprise, sans émotions, avec accent mis sur le visuel plus que sur l'ambiance pour un rendu malheureusement oubliable. Ce qui était excusable sur un format court l'est moins ici.
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Une lecture sympathique et bien dans l'air du temps, mais que je n'ai pas trouvé éblouissante. Ring Shout du même auteur est bien plus percutant. Là, c'est gentillet, ça ne suit bien, mais pour le reste, de là à le porter aux nues... Je ne trouve pas que l'auteur apporte quelque chose de particulier.
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l'Égypte, terres de légendes

Avec ce premier roman P. Djéli Clark propose un univers riche et foisonnant au service d'une intrigue prévisible qui ne réserve guère de surprises.

Après la lecture de sa novela Ring shout qui m'avait enthousiasmé je m'attendais à retrouver la plume acerbe et mordante du jeune auteur mais le ton de ce premier roman est plus consensuel, plus lisse. Cela n'entache en rien l'attachement qui se tisse pour les personnages mais enrobe le récit d'un aspect grand public un peu frustrant au vu du potentiel de l'univers.

l'Égypte steampunk qui baigne dans la magie imaginée par l'auteur aurait pû bénéficier d'un développement plus élaboré, la difficulté tient en ce qu'il s'agit d'un univers introduit dans des récits précédents. Cependant l'imaginaire auquel l'auteur fait appel est suffisamment évocateur pour imprégner le lecteur d'une ambiance orientale rafraîchissante.

Un univers complexe dans lequel l'auteur n'oublie pas d'incorporer des notions de géopolitique au milieu de ses artefacts magiques et de ses légendes brumeuses. Ce qui le rend d'autant plus intéressant et crédible.

Malheureusement le tout est desservie par une intrigue cousue de fil blanc qui finit par lasser quiconque a déjà suivi une enquête à tiroirs. Difficile de s'intéresser aux enjeux d'un complot dont on a déjà démêlé la pelote avant même la moitié du récit. Sans compter quelques facilités scénaristiques et des points d'intrigues très vite évacués.

Voilà donc un récit qui nous plonge dans un univers riche et passionnant mais dont l'éclat est terni par une intrigue qui emprunte le pire au blockbuster hollywoodien. Dommage.

Mention spéciale pour le couple formé par Fatma, le personnage principal et sa compagne. Leur romance est amené de manière naturelle. le couple avec ses dissensions et ses différences de point de vue est crédible et apporte un vrai plus à l'ouvrage.
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Début du XX ème siècle, on évolue à travers le Caire, peuplé d'humains, de djinns et d'anges. L'histoire est pleine de rebondissements, met les femmes à l'honneur, ainsi que la magie et les fascinants djinns. C'est plaisant à lire mais ça ne m'a pas emballée plus que ça.
Évidemment, les gentils triomphent des méchants et ça finit par un banquet. 😉
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Je pensais sincèrement accrocher davantage : une atmosphère originale, des personnages, surtout féminins, fouillés, une période intéressante... Tout était là pour un rendez-vous réussi, sauf le style, qui m'a laissé de côté. Et derrière l'histoire ne m'a pas convaincu plus que ça non plus tout en restant plaisante à suivre.
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