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3,92

sur 3165 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les Âmes grises... où comment regarder les turpitudes d'un village, en apparence calme, par le petit trou de la lorgnette... Sur fond de Première Guerre Mondiale, on assiste aux réactions des villageois après "l'Affaire", c'est-à-dire la mort d'une fillette, retrouvée dans l'eau, assassinée alors qu'elle n'avait que dix ans. Son surnom ? Belle de jour. Il faut avouer que la gamine le porte bien mal... à moins qu'il n'y ait un rapport entre la couleur du corps et celle, tirant entre le bleu et le violet, de la fleur éponyme. Pourtant, on ne se focalise pas sur le meurtre. Non. On se braque plutôt sur les personnages qui gravitent autour : le procureur, le juge, le père, l'institutrice... Et l'on comprend dès lors le titre : tout le monde a quelque chose de négatif en lui, quelque chose à se reprocher... On navigue dans cette ambivalence. Philippe Claudel sonde les coeurs, les âmes de chacun, fouille au plus profond des consciences... Et si chacun d'entre nous était cette âme grise ?

Un beau, très beau roman !

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Une couverture dans les tons de bruns, un peu sépia. Une petite fille, des branchages ou plutôt des broussailles. Les Âmes grises, on sent que la gaité ne sera pas de mise.

On entre à peine dans l'histoire et déjà, elle nous happe. Qui est le narrateur ? Comment sait-il ? Où se situe-t-il au milieu de tous ces événements et de ces différents personnages ?

Très vite, vient l'Affaire, la majuscule est d'importance, le terrible assassinat de cette petite fille, la bien nommée Belle de jour, d'autres meurtres suivront. Un suspect se dessine rapidement et parallèlement, notre envie de savoir et d'enfin comprendre nous emporte.

L'opposition entre les petites gens et les notables tout-puissants, le pot de terre contre le pot de fer, donne toute sa force et contribue à donner corps à cette histoire qui fleure bon la province française de cette époque troublée par la première guerre.

Plus encore que pour l'histoire, particulièrement poignante, j'ai eu un véritable coup de coeur pour l'écriture de Philippe Claudel que j'ai découvert avec ce livre. Une écriture parfaitement calibrée, toute en nuances, en évocations, en émotions et en parfums, déjà, qui amplifie la véracité et l'authenticité du récit.

Le monde et les hommes ni tout noirs, ni tout blancs et les âmes grises...


Un grand merci à ma nantaise préférée pour cette belle découverte.


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Un livre très fort, bouleversant qui nous emporte. Je n'ai pas trouvé de temps mort dans ce roman et suis sortie de ma lecture très émue. Un très grand livre de Philippe Claudel qui a été pour moi un coup de coeur. Je conseille vivement la lecture de ce chef d'oeuvre.
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Le narrateur omniscient, adresse sur un cahier des lignes de confessions à sa femme Clémence décédée il y a fort longtemps, des confessions comparables à des plaies douloureuses, ouvertes sur des remords, des ressentis et des aveux.
Le narrateur nous retrace par le biais de ses écrits, une période noire d'un petit village de Province où un matin d'hiver 1917, on découvre le corps d'une petite fille de 10 ans tuée par strangulation.
Le récit gravite autour de ce macabre assassinat, le narrateur un policier témoin observateur de l'enquête, nous transporte dans cette sombre affaire. Il décortique au fil de la lecture l'ambiguïté de cette tragédie, et nous décrit également la vie tourmentée des petits gens et les notables du village.
En parallèle, ce roman nous amène à certaines réflexions sur différents cas de figure, les atrocités de la 1ère guerre mondiale et ces jeunes garçons poussés sur le front sans expérience, sans préparation psychologique, traumatisés par les horreurs d'une guerre sanglante et barbare, ces soldats déserteurs, fusillés pour avoir fui les responsabilités d'une patrie, ces jeunes garçons qui ne veulent pas devenir assassins d'une guerre qu'on leur impose, une guerre qu'ils ne comprennent pas. C'est une réflexion sur la peine de mort, des têtes tranchées sous l'épée d'une justice stricte, rigide et malveillante. C'est un regard sur la ségrégation des classes sociales, où la haute bourgeoisie traite avec condescendance le petit peuple, d'ignorants. La bourgeoisie et ses inspecteurs, ses juges, ses procureurs et ses notables qui s'octroient des droits et du pouvoir sous prétexte d'instruction et d'éducation, et qui révèlent des faces cachées de pourritures et d'injustices, trouvant des coupables idéaux pour classer des affaires dérangeantes.
Et parmi cette réalité, il y a « Belle de Jour », la fillette assassinée à l'âme pure, que « le Mal qui rend les Hommes si laids », ne possédera pas !
L'auteur sous la main d'une jolie plume, expose les douleurs, les lâchetés, les injustices, des uns et des autres, un roman bouleversant où les protagonistes sont comme cités dans le texte par Joséphine amie du narrateur « Ni salauds, ni saints, ni tout blanc, ni tout noir c'est le gris qui gagne. Les Hommes et leurs âmes c'est pareil... » Nous sommes juste des âmes grises.
Le charme de ce roman, c'est ce mystère qui perdure sur « l'opacité de ce crime » qui nous laisse juge de choisir le coupable, ou tout comme le narrateur dans « le doute, la pénombre, l'hésitation, et l'absence de réponses et de certitudes »... Crime d'un pervers ou crime d'un martyr, est-il souhaitable de le savoir !
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La fille du cafetier Bourrache, “Belle de jour”, 10 ans, a été retrouvée morte, assassinée. A partir de ce fait divers sordide qui ébranle et bouleverse tout un village, Philippe Claudel met en scène la vie provinciale d'une petite bourgade française au début du siècle dernier, avec ses petites gens et ses notables et, en arrière-plan - nous sommes en 1917 - les sinistres échos de la Grande Guerre.

Le récit, rédigé bien des années après, est confié à un narrateur inconnu dont nous comprenons peu à peu qu'il était policier au moment de ce que les villageois ont appelé “l'Affaire”. Récit en apparence “bien embrouillé, comme un coq-à-l'âne cafouilleux”, car “pour essayer de comprendre les hommes, il faut creuser jusqu'aux racines”. Et il creuse, ce narrateur anonyme, il creuse, il remonte le fil du temps, des petits événements du village et de ses drames - comme la mort de la jeune et jolie institutrice -, il creuse, il explore, il raconte.

Malveillance, solitude, blessures intimes et secrets inavoués tissent la trame de cette comédie humaine où, sous la plume intelligente, sensible et acérée de Claudel, s'agitent et se dénudent des âmes ni tout à fait coupables, ni totalement innocentes : des âmes simplement médiocres et parfois pire, des âmes grises. Parce qu'en ce monde “rien n'est ni tout noir, ni tout blanc, c'est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c'est pareil…”

Comme toujours chez Philippe Claudel, le style est magnifique, les personnages parfaitement incarnés et crédibles, et l'histoire - prenante et habilement enchevêtrée comme un écheveau qui patiemment se dévide -, tient le lecteur en haleine de bout en bout jusqu'au dénouement final. Avec "Les âmes grises", Claudel signait, il y a plus de 15 ans déjà, l'un de ses grands romans et faisait la démonstration d'un talent qui, de “La petite fille de Monsieur Linh” à “L'arbre du pays Toraja” ou à “L'Archipel du Chien”, ne s'est pas démenti depuis.

Un grand écrivain, et une très belle lecture.

[Challenge Multi-Défis 2020]
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"Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle..." sur l'existence, tel un brouillard épais faisant de notre passage sur Terre un instant vain et futile.
Les âmes des protagonistes masculins de ce roman sont grises: non pas noires mais grises. le narrateur: policier de son état, nous distille les pièces d'un puzzle dramatique ayant impliqué plusieurs habitants de V. en 1917, petite ville que nous pourrions situer en Lorraine, non loin du front.
Le lecteur, pauvre fétu impuissant, se laisse capter tant par sa soif de comprendre que par le charme de la plume de l'auteur non dénuée de poésie même dans les scènes les plus terribles.
Le roman est captivant. Je l'ai dévoré à en être grisée...
Mais quand je l'ai refermé j'ai eu envie d'écouter la "Vie en rose", juste pour me sentir vivante!
L'amour c'est grisant mais ça vous dégrise l'âme: alors, vite, à vos pinceaux et débarbouillez-moi tout ça avec de la couleur!
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Une lecture très forte. Je tourne la dernière page et je suis bouleversée. Une descente dans un monde qui me semblait lointain. Semblait, un passé qui n'est plus après cette lecture. Une claque qui est bien réelle et présente. Je suis tombée, descendue dans les tréfonds de l'âme, des âmes noires, grises. Peu importe la couleur, elle est changeante de toute manière jusqu'à n'être plus visible. Tout devient noir. Tout est noir. C'est noir autour de moi et je ne puis trouver la force de me dire : c'est passé, c'est du passé. Non car je me translate dans les mots de Philippe Claudel, des mots d'une puissance incroyable -entre chaque ligne je n'ai pu reprendre de respiration- ; des mots qui me font peur. Et cette peur est presque palpable. Qu'aurais-je fait ? Que ferais-je si ? Si j'avais été heureuse d'être loin des bruits des canons ? Aurais-je été heureuse de me dire « ouf pas moi !» Suis-je si différente ? N'ai-je pas mes petites lâchetés ? Aurais-je été prompte à secourir les premiers blessés et lassée par la suite de voir ces wagons entiers de gueules cassées revenir ? Comment aurais-je survécu à la mort ? La mort d'un enfant ? La mort de millions, la mort d'un seul. Un livre qui vous empoigne le coeur et la raison. Un énorme coup de coeur.
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Mais non ! Trop bon client celui-là, toujours à faire des commentaires dithyrambiques où tout le monde est beau et écrit bien.
Pas ma faute, si grâce aux Babeliotes j'ai pu trier, sérier mes lectures, à tel point que tout ce que j'ai lu dernièrement est purement remarquable et me convient parfaitement.
Et, ce n'est pas « Les Ames grises » qui me feront écrire le contraire. Si celui-là n'est pas un bon roman, j'avoue que je n'ai rien compris à la littérature.
Notez bien qu'en plus, je suis toujours en décalage. Les livres que je découvre, vous les avez digérés il y a cent ans. Non pas que vous soyez vieux, c'est une image.
Ce roman en regorge, de biens plus fortes d'ailleurs, de celles qui collent à la peau, qu'on se demande comment les mots des autres peuvent traduire notre intime perception.
Après 227 critiques, je ne vais pas vous faire l'affront de résumer l'histoire, quoique...ça me démange bien de vous dire qu'il y a une tripotée de refoulés parmi une myriade de gentils riquiquis, une paire de suffisants méprisants, des gens qui adorent détester les autres rien que parce qu'ils sont les autres et qu'ils sont rien.

Je déteste les gens qui disent « grande musique ». Pourquoi, il y en a une petite ? Il y a des symphonies et des chansonnettes, les deux peuvent plaire sans considération de taille.
Le rapport avec ce livre ? Simple. Philippe Claudel aligne les mots comme des notes et ça fait chanter le coeur comme une mélodie à faire vibrer à chaque page la corde de notre sensibilité. Basique.
Cet ensemble, chapitre après chapitre, crée une symphonie de mots avec ses allégros, ses moderatos et ses ristrettos. Non, ça c'est Nespresso ! Blagounette, juste pour exorciser l'injustice, l'assassinat abject de la petite, la guerre dégueulasse, tout ce qui jonche ce roman.
Requiem étincelant, dégoûtant.

Ajoutons une parenthèse lourde, d'actualité :
Gilles est jaune. Crise de foi des politiques de son pays depuis tout petit.
Lui et sa « souris » verte de rage, couraient dans l'herbe du rond-point depuis plus d'un mois.
A tourner en rond, point de repos à attraper par la queue les véhicules de ces messieurs.
Ces messieurs aux âmes grises de pollution leur disent qu'ils roulent comme des escargots tout chauds bloqués par leurs copains. 21 qu'ils étaient. Ils sont passés à 24 mais ça n'avait rien changé. Il fallait tout augmenter.
De froid, ils buvaient comme des polonais et à la barbe des députés qui essayaient de leur donner le change par des macrons mesures qui ne suffisaient pas à calmer leur désespoir pour la soif.
Quel rapport avec ce livre ? Quelle question ! : La rupture, les classes sociales, les devoirs, les droits, le respect, l'incompréhension, l'amour propre, la bêtise humaine, la vie, la mort.
Y'a tout ça qu'est dedans. Simple. Basique.
« On dirait que l'homme est un de ces petits cailloux posés sur les routes, qui reste des jours entiers à la même place, et que le coup de pied d'un trimardeur parfois bouscule et lance dans les airs, sans raison. Et qu'est ce que peut un caillou. »


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Au cours de l''hiver 1917, dans l'Est de la France, les massacres dans les tranchées sont proches. Des soldats défilent, en route vers le front, conscients d'aller vers l'horreur face à la lente procession des mutilés et des estropiés croisés sur leur chemin.

Une petite fille (Belle de jour) est retrouvée noyée. Autour de ce fait divers, surnommé "L'Affaire", plusieurs personnages inquiétants vont se croiser : Destinat, le procureur mystérieux, grand bourgeois austère vu le soir du meurtre, le juge Mierck, cynique même dans les pires circonstances et le colonel Matziev, son acolyte.

Consterné par ses investigations et déductions, un policier enquête et vit en parallèle un drame personnel... Les visages de quelques femmes vont éclairer faiblement les abîmes où il sombre peu à peu.

Livre confession et enquête sur un fait divers, "Les âmes grises" sont le récit d'un homme témoin de son époque, laquelle est troublée par des événements tragiques, ceux de la guerre mais également ceux fomentés par des hommes aux âmes grises, en prise avec le mal, à la recherche de l'amour et d'un bonheur éphémère comme la vie elle -même. Ce roman apparaît donc comme une longue confession à l'issue de laquelle le narrateur choisit de rejoindre dans la mort celle qu'il n'a jamais cessé d'aimer. Une histoire à la fois belle et sombre.
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Totalement emportée par ce texte éblouissant, dans lequel tout est parfait : l'angle par lequel le thème est abordé (un village proche du front que la guerre épargne, en apparence), la construction de l'intrigue d'une infinie finesse, qui nous fait aller de l'ombre d'un personnage à la lumière de l'autre, tous parfaitement maîtrisés, habités, crédibles, mêlant leurs nuances en une communauté d'âmes grises par opposition au noir de la guerre, le style enfin, somptueux, délicat, poignant ou drôle. Une pépite bouleversante.
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