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EAN : 9782810702879
276 pages
Presses universitaires du Midi (13/02/2014)
2.5/5   2 notes
Résumé :
Le terme latin velum, à l'origine du mot voile , provient d'une racine indoeuropénne indiquant l'action de tisser. Une seconde hypothèse étymologique le rattache à un mot sanskrit qui signifie couvrir . Héritier de ces diverses significations, le mot voile renvoie tout particulièrement à une fonction spécifique qui est de faire écran au regard. A ce titre le voile occupe un rôle déterminant dans ce que l'on pourra appeler la structure du regard : tout à la fois, il ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'aborde toujours la lecture de ce type d'ouvrage avec beaucoup d'a priori et beaucoup d'espoir. Là, il y avait beaucoup à espérer car il s'agit, s'il faut en croire le texte d'introduction, du compte rendu des activités d'un colloque sur la notion de voile et de ses occurrences dans les arts contemporains qui s'est déroulé dans le cadre du laboratoire LLA-Creatis à l'université Toulouse II en mars 2012. L'ayant un peu feuilleté, avant de m'y plonger plus profondément, j'ai quand même un doute sur le coté "contemporain" (au sens strict, c'est-à-dire toutes les oeuvres produites après la seconde guerre mondiale) d'artistes comme Gustave Moreau ou Roger van der Weyden sans parler de cette fresque anonyme issue de Pompéi au 1er siècle après J.C., des dessins de Paul Klee (mort le 29 juin 1940) ou encore des photographies pictorialistes.

Mon second mouvement a été de retrouver quelques uns de mes dadas et je me suis posé la question suivante : où se trouve l'index des noms propres ? Et puis celle-ci : comment se fait-il qu'un ouvrage aussi dense aussi pointu, issu de l'université dont une des fonctions est bien de transmettre un savoir n'offre pas un outil aussi pratique, utile, efficace qu'un index des noms propres ? J'ai perdu un temps fou à chercher, en vain, des textes qui traiteraient d'Henri Cueco - aujourd'hui plus connu certainement pour ses Conversations avec mon jardinier adaptées au cinéma avec Daniel Auteil ou ses participations à des papous dans la tête, alors que pour moi c'est un des membres du groupe des mal-assis dont, durant mes deux premières années en tant que professeurs de dessin d'art, j'ai eu les oeuvres titanesques sous les yeux chaque fois que j'allais faire mes courses à centre commercial de la Villeneuve de Grenoble; de Claude Viallat dont la forme en creux d'une maille répétée à l'infini sur des dimensions hors normes m'a toujours posé un problème de signification. Où se trouve l'article consacré aux sfumati "Léonardiens". S'il est une image voilée, s'il y a bien un effet de style remarquable dans l'histoire de l'art, c'est bien le passage du dessin par contour à l'atomisation du pigment en nuage impondérable qui fait apparaître l'image par des variations subtiles de la lumière. Avec un index des noms propres, il m'aurait fallu moins d'une minute pour trouver. Là, c'est arrivé un peu par hasard. Ceci dit, l'article est intéressant. On peut y lire par exemple :

"Bien avant la perspective aérienne de Léonard, les réflexions d'Aristote sur l'épaisseur de l'air comme "écran visuel", ont pu être appliquées à la peinture de paysage dès la période classique de la peinture hellénistique."

Cette affirmation me ravit (chaque fois qu'on peut casser un peu l'arrogance de l'humanisme européen renaissant, je suis aux anges). Mais comme il ne reste pas la moindre trace matérielle de la peinture hellène de cette époque, je me demande bien comment on peut affirmer une chose pareille. de plus, il me semble bien qu'il y une sorte d'oxymore dans la phrase car "hellénistique" fait référence à la période de décadence artistique qui a suivi la période "classique". le comble, la justification se fait au travers d'exemples tirés de la peinture à fresque romaine qui ne sont ni du même lieu - ou vaguement, globalement dans l'espace méditerranéen - ni du même temps, presque trois siècle plus tard. C'est un peu comme si on citait en exemple le travail de Giotto pour expliquer le "caravagisme". Il existe quelquefois des raccourcis en histoire des arts qui me donne le vertige.

Plus loin, dans le même texte, on peut lire encore :

"Pour Léonard, le peintre doit dépasser la perspective objectivante du cerne et de la pyramide visuelle pour aller vers la part subjective de la vision des phénomènes lumineux ; le visible ne se laisse pas appréhender dans sa totalité et la peinture ne peut être qu'« imparfaite ». Dès lors, peindre indistinct consiste à renoncer à l'objectivité d'une lumière abstraite dessinant des contours nets, au profit de la lumière réelle des phénomènes déceptifs. Léonard fait de ce renoncement la préoccupation centrale de la peinture.
"

Ce qui apparaît comme un fait incontournable pour le praticien (celui qui pratique le dessin ou la peinture) et qui semble échapper à l'intellectuel (celui qui en parle ou essaye de lui trouver un sens dans l'univers abstrait des mots), c'est que Léonard n'a pas d'autre solution, s'il veut se débarrasser du contour qui est largement utilisé par la plupart des peintres de la première renaissance italienne mais qui n'existe pas dans la simple réalité (même perçue par le dernier des garçons vacher le plus inculte), que d'étudier la lumière point par point sur la surface du tableau. Presque à la gouttelette (étonnamment, mais faut-il s'en étonner vraiment ? Vermeer de Delft dont c'est l'une des techniques pour rendre les effets n'est pas cité dans l'article). A mon sens, il n'y rien de plus objectif que le travail de Léonard et rien de plus symbolique et, curieusement, de plus subjectif que la traduction de ce que l'on voit "réellement" (c'est là que le texte est particulièrement sournois car il affirme qu'il n'y a de réalité que perçue subjectivement) en un trait marquant la frontière entre l'objet dessinée et ce qui l'entoure.

Bon, évidement tous les textes ne donnent pas autant envie de polémiquer que celui-ci. Certains sont même simplement informatifs et très clairs. Sur le projet architectural de voile de béton de Jean Nouvel pour le Louvre d'Abu Dhabi ou le projet de l'aile consacré à l'art musulman dans le Louvre Parisien, par exemple. D'autres, en revanche, très ardus, demandent une attention vraiment soutenue, la maîtrise d'un vocabulaire de très haut niveau. L'utilisation fréquente de formules un peu stéréotypées comme on pouvait en lire dans Art Press durant les années 80/90 finit par agacer un peu. Pas vraiment le genre de lecture que l'on emporte sur la plage en été.

Je remercie Babelio pour cette opération masse critique et les presses universitaires du Mirail de m'avoir offert l'occasion de me plonger dans cet ouvrage d'une telle richesse et d'une telle profondeur que je n'ai pas pu l'explorer en totalité (pas en trente jours et pas à la veille des vacances) mais dans lequel je ne manquerai pas de revenir souvent.
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Ce livre, très pointu, issu du colloque « sur la notion de voile et de ses occurrences dans les arts contemporains » qui a eu lieu à Toulouse en mars 2012 au laboratoire LLA-Creatis à l'université Toulouse II. Il s'agit donc d'un ouvrage scientifique qui s'intéresse donc à la question du voile dans l'art dans sa dimension plastique et symbolique.
Tour à tour plus d'une 20aine d'auteurs déclinent donc ce thème avec des contributions diverses qui permettent de décliner le voile comme étoffe textile (et son sens religieux) mais aussi le voile comme un écran pouvant laisser place à l'imaginaire.
J'ai apprécié le chapitre "voiles de béton et résilles d'acier" pour son coté innatendu : lebéton qui se joue de l'ombre et de la lumière sur le projet du louvre d'abou Dabi apr exemple
De pages en pages nous découvrons ainsi des regards sur des oeuvres contemporaines tirés aussi bien de la sculpture, de la peinture, du texte ou du cinéma (j'ai pu ainsi pocher au grès de mes envies quelques extraits).
On redécouvre aussi la fonction du voile dans des oeuvres de la renaissance par exemple le tableau Salomé dansant de Moreau (p. 193)
Au final, un livre très (trop) dense pour les non-initiés mais un angle très original pour aborder ce sujet particulier.
Difficile de lire ce livre d'un trait mais un livre à lire tranquillement, au grès de ses envies et préférences.
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Merci à Masse Critique pour cet ouvrage intéressant. Il s'agit d'un recueil d'articles concernant le voile et son rapport à l'art. L'ouvrage est bien construit, il compte cinq parties distinctes qui explorent le voile comme métaphore, comme espace, le voile dans son rapport à la photographie, au corps ou encore le voile comme frontière.

C'est un livre exigeant du point de vue intellectuel, très documenté. On y retrouve un style universitaire que j'ai trouvé parfois trop sophistiqué dans le cas de certains contributeurs. Ce manque de simplicité dans le style a pu quelquefois nuire au propos pourtant très intéressant sur le fond.

Cet ouvrage a le mérite de proposer un tour d'horizon artistique de la question du voile dans ses différentes fonctions. J'ai apprécié la présence d'illustrations qui permettent de mieux saisir les analyses proposées.

Les débats de société sur le voile et sa dimension religieuse ont parfois eu tendance à nous priver d'un regard plus distancié et plus complet sur cet accessoire qui montre et qui cache en même temps et ce détour par le monde de l'art nous permet de mieux l'appréhender.

D'autre part, cette réflexion nous permet également de penser différemment notre rapport à l'art en général, entre mystère et dévoilement.

Une lecture à réserver aux lecteurs initiés, aux étudiants et aux curieux.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ainsi par exemple, selon Héraclite, "la Nature aime à se voiler". Dans le voile d'Isis, Essai sur l'histoire de l'idée de Nature, Pierre Hadot expose les deux attitudes humaines qui répondent à cette propension à réserver ses secrets : l'attitude prométhéenne, qui cherche à arracher le voile d'Isis pour se rendre maître de la nature , et l'attitude orphique, respectueuse de la pudeur de la nature , selon laquelle nul ne peut soulever le voile de ses mystères si ce n'est le poète ou l'artiste. Deux gestes de dévoilement - arracher de force ou soulever délicatement le voile - qui distingueraient peut-être la science de l'art.
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Sur quoi légiférons-nous - alors que le voile est l'objet d'une condamnation - sinon une marchandisation du corps féminin qui est, entre autres, si l'on en juge par l'environnement publicitaire, l'un des principes structurants de la loi de l'offre et de la demande. Soit dans une autre topique pour désigner le marché : l'art d'organiser les sécrétions du désir. Désir qui se confond avec, je rappelle ici la pensée de Deleuze et Guattari, "la peur abjecte de manquer".
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Bien avant la perspective aérienne de Léonard, les réflexions d'Aristote sur l'épaisseur de l'air comme "écran visuel", ont pu être appliquées à la peinture de paysage dès la période classique de la peinture hellénistique.
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Tout le monde pense que nous vivons dans un monde rationnel, mais ce n'est pas vrai. Notre perception est voilée.

James Turrell
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