Mais peut-être qu’il n’y a pas d’ordre, après tout. Peut-être que l’ordre naturel des choses, c’est le chaos et l’aléatoire.
En général, je n’aime pas beaucoup les photos de cérémonie. Elles sont encore plus mensongères que les autres. (...) Il y a, si l’on veut, une interprétation « officielle » de la photo et, derrière, la version officieuse et authentique.
Être enchaîné à un endroit qu’on déteste, alors qu’on est encore tout jeune, être marié à une femme qu’on n’aime pas, et se dire qu’on passera le reste de son existence à travailler pour elle et pour des enfants qu’on n’a pas voulus, il y a de quoi fulminer, à mon avis..
Une chose n'a pas besoin d'exister pour rendre les gens heureux.
Cela faisait au moins dix ans que je n’étais pas passée par ces chemins. Ils paraissaient absolument familiers ; et en même temps, absolument inconnus et irréels. Je n’arrivais pas à concilier ces deux impressions. Je me rappelle très nettement cette sensation – cette pensée. La conscience que, parfois, il est possible – il est même nécessaire – d’associer des contraires ; d’admettre la vérité de deux choses qui se contredisent complètement. Je commençais tout juste à le comprendre, à reconnaître que c’est là l’une des conditions fondamentales de notre existence. Quel âge j’avais ? Trente-trois ans. Oui, effectivement : on pourrait dire que je commençais à être adulte.
Ce que m'évoque le sourire d'Ivy, c'est son rire : un vrai rire de fumeuse, rauque et guttural. Et dès que je pense à son rire, par association non pas d'idées mais de sensations, c'est son odeur qui me revient. Comme c'est étrange : la plupart de nos souvenirs les plus vifs ne sont pas visuels ; voilà une chose dont je voudrais te parler, Imogen - parmi tant d'autres. Car tes souvenirs, j'en suis sûre, sont aussi vifs que les miens, aussi vifs que les souvenirs que nous avons, nous les "voyants", comme on nous appelle, je crois. Peut-être même plus vifs encore.
La seule chose qui m'importe à ce stade, c'est de faire mon devoir, de payer la dette, de te rendre ce qui t'est dû.
Une chose n’a pas besoin d’exister pour rendre les gens heureux, pas vrai?
Oui, c’est vrai, rien de tout ça n’aurait dû arriver, ce n’est qu’une longue suite d’erreurs terribles, terribles, et pourtant regarde à quoi ça a abouti. Ça a abouti à toi Imogen.
... la vie ne commence à avoir un sens qu'en admettant que parfois, souvent, toujours, deux idées absolument contradictoires peuvent être vraies en même temps.
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