L'auteur a sous-titré son livre "Contes", l'éditeur le range dans la catégorie des romans, ce pourrait être un recueil de nouvelles si ne revenaient pas dans les cinq histoires des personnages et des lieux (Leeds, Birmingham, Londres) s'inscrivant dans une certaine continuité chronologique. Les personnages, ce sont principalement Rachel, âgée de 6 ans dans la première histoire, de vingt et quelques dans la dernière, et sa copine Alison. L'autre leitmotiv, c'est évidemment le nombre 11 : c'est le numéro d'une maison qu'occupe une femme bizarre qui avait bien effrayé Rachel lorsqu'elle avait 6 ans ; le numéro d'une ligne de bus empruntée chaque jour par Val, la mère d'Alison ; le numéro d'un box dans un garde-meuble ; le nombre de concurrents, hors elle-même, à une émission de téléréalité à laquelle Val participe au pied levé ; le numéro d'une table d'invités à la cérémonie de remise d'un prix littéraire ; le nombre de niveaux d'une extension (souterraine) de la propriété, à Londres, d'un homme d'affaires où Rachel dispense des cours particuliers...
"Quelques contes sur la folie des temps" : tel est le sous-titre complet du livre et, de fait, chaque histoire dépeint des situations dans lesquelles, grosso modo, il y a quelque chose qui cloche. On a coutume d'assigner le mot "folie" aux comportements hors normes, incompréhensibles, mais le monde actuel, de ce point du vue, n'est-il pas hautement pathogène ?
Ce n'est certes pas nouveau : depuis toujours la richesse matérielle autorise la réalisation de n'importe quel caprice mais aujourd'hui la folie concerne plutôt la civilisation dans son ensemble. Comment rester sain d'esprit dans cette ambiance ?
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En Grande-Bretagne aujourd'hui, itinéraire d'une jeune femme sympathique et accorte dans un monde qui ne l'est pas, elle trace sa route dans un pays devenu fou, fou de ses inégalités, de sa médiocrité intellectuelle. La critique est acerbe, comme toujours chez J.COE, sans concession envers son pays natal qu'il soupçonne ouvertement de glisser vers un cynisme assumé. Quelques personnages de cet opus sont franchement détestables, crédibles et totalement à l'aise dans leurs baskets, les autres sont des victimes expiatoires d'un système social sans pitié soumis aux règles d'une avarice étatique. L'humour et l'absurde de certaines situations permet une distanciation salutaire, l'émergence de figures emblématiques, représentatives de l'univers britannique, désamorce quelque peu un pathos sous-jacent.
Les différents tableaux que l'auteur nous propose, sans lien apparent au départ, se rejoignent dans un final horrifique, catharsis jubilatoire et vengeresse.
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Livre en plusieurs parties, plus ou moins indépendantes les unes des autres, dont le fil rouge est le chiffre 11. On suit par bribes la vie de 2 petites filles, puis jeunes femmes ainsi que d'autres personnes de leur entourage. Je n'en dis pas plus , d'autres l'ont très bien présenté avant moi.
Franchement je ne sais quoi en dire! J'ai mis plus d'un mois pour lire ce livre, bien qu'il ne soit pas plus épais que la moyenne de ceux que je lis d'habitude.
L'histoire m'a plu, quoique le 1° chapitre m'ait dérouté. le style d'écriture est plaisant. le découpage du roman en 5 parties indépendantes a rendu cette lecture un peu inconfortable pour moi car reprendre une autre histoire sans avoir dénoué la précédente m'agace. le chiffre 11 apparait comme lien entre elles, mais cela m'a paru tiré par les cheveux. J'ai peut-être raté quelque chose? Loupé une subtilité? C'est un peu comme l'apparition de certains personnages secondaires qui , de mon point de vue, n'apporte que peu de chose au récit, les policiers par ex.
Chaque partie m'a “accrochée” avec une certaine réserve pour celle concernant la mère d'Alison, que j'ai vraiment eu du mal à lire tant elle a soulevé des émotions négatives chez moi. J'ai ressenti tout au long de cette lecture comme un malaise qui est, je pense, lié au climat de fond que décrit l'auteur entre désespérance, fatalisme et cynisme . Société inhumaine que la fin symbolise et qui m'a vraiment surpris et dérouté positivement.
Je suis contente de ne pas avoir abandonné même si mon avis est mitigé sans pourtant n'avoir rien de rédhibitoire à reprocher à cette lecture.
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Un drôle de roman, un collage de cinq histoires rassemblées par un fil ténu et des points communs. Une satire assez politisée de la Grande-Bretagne, mais surtout des avertissements intéressants quant aux perversions des réseaux sociaux et du multimédia. le morceau d'anthologie est selon moi le chapitre dans lequel on voit comment des éditeurs de téléréalité, et les commentateurs anonymes de twitter, parviennent à un niveau de méchanceté qui fait frissonner, alors que le récit de Coe semble tout à fait réaliste...
Au total une lecture plaisante, probablement parsemée de clefs que, n'étant pas particulièrement malin ou adepte du déchiffrage, je n'ai pas trouvées.
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