Coelho Paulo - "
Onze minutes" - J'ai lu, 2003 (ISBN 978-2290022689) – traduit du portugais du Brésil
Quelle déception !
Passe encore sur les faiblesses d'écriture puisqu'il s'agit d'une traduction, sans omettre toutefois de souligner combien les chapitres sensés constitués des extraits du journal de l'héroïne sont peu crédibles dans leur style même, trop ampoulé et emphatique.
Mais la trame, l'intrigue, bref l'histoire racontée dans cet ignoble roman m'ont carrément mis en colère.
Grosso modo et pour récapituler, c'est en passant par la prostitution que l'héroïne découvre les vertus du Grand
Amour, laquelle prostitution est – bien entendu – librement "choisie" par la dame en question, l'une des pires thèses défendues par celles et ceux qui tentent de faire croire que chaque femme est totalement "libre" de se prostituer ou non (on reconnaît la théorie défendue par les Strauss-Kahn et autre Dodo la saumure). Ben voyons !
Le tout parsemé de remarques d'une bêtise extra-ordinaire et de scènes invraisemblables, comme ce Beau Prince Charmant (un peintre aussi célèbre que riche) qui ne voit aucune objection à ce que sa Dulcinée continue de se prostituer, ou encore cette scène navrante de sado-masochisme qui – évidemment – procure du plaisir à la dame (quand je vous dis que l'on nage en pleine théorie à la Strauss-Kahn).
Pire encore : cet éloge de la prostitution est mélangé dans un discours pseudo-religieux placé sous l'invocation de Marie car la note finale de l'auteur précise qu'il a "découvert le sens sacré de la sexualité" !!!
En effet, Coelho juge nécessaire – dans cette "note de l'auteur" – de s'abriter derrière de réelles rencontres en Suisse avec de réelles prostituées brésiliennes (auraient-elles toutes épousé un prince charmant les tirant de la mouise ?) ainsi que le sort de l'une d'entre elles, tout en rappelant – dans la dernière phrase du roman – que le récit commence "comme un conte de fées par : il était une fois".
Se servir du détour de la prostitution érigée en conte de fées pour éclairer une hypothétique "découverte du sens sacré de la sexualité" relève d'une hypocrisie atteignant des sommets d'ignominie : le triste sort des prostituées esclavagisées par les réseaux mafieux est ici totalement passé sous silence.
Je ne savais pas que cet auteur produisait une telle littérature de gare dans le pire sens du terme.
Un des romans jetés à la poubelle, parmi les "déchets non recyclables".