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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Huit noms, ceux de quatre hommes, trois femmes et un bébé, exterminés à Auschwitz. Pour chacun, quelques pages dans lesquelles Marcel Cohen rappelle ses souvenirs de petit enfant – il avait à peine six ans quand tous ceux-là ont été emmenés – et assemble le peu qu'il a pu recueillir auprès des survivants. Des anecdotes, et quelques objets qui ont appartenu aux disparus et qui prouvent à la mémoire qu'ils ont existé.

Avec une écriture complètement épurée, Marcel Cohen fait toucher du doigt, du coeur, l'immensité de ces absences et la détresse, consciente ou non, de cet enfant qu'il a été.

La puissance des mots pour ramener les souvenirs à la lumière du jour, les écrire et les conserver.
L'insuffisance des mots pour recréer une existence disparue, une présence entière, charnelle et spirituelle. Une quête aussi désespérée que bouleversante.
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"Les écrivains n'accordent-ils pas un pouvoir exagéré aux petits parallélépipèdes de papier qui s'accumulent autour d'eux? Ce qu'il paraissait si nécessaire de garder ne s'y noie-t-il pas aussi sûrement que dans le silence? Un écrivain n'accepte pas l'idée que ces petites stèles, adossées les unes aux autres dans les bibliothèques, puissent perdre toute signification. Il suffit même de promener le regard sur le dos des livres pour comprendre que la volonté de trouver une forme pour l'informe reste un message clair, quand bien même les volumes seraient devenus inaudibles."

"Vieillir , quelle étrange aventure pour un petit garçon ".
Cette phrase, extraite d'un poème de l'américain George Oppen, trotte dans la tête de Marcel Cohen , quand , le 23 mai 1996, il assiste au dévoilement d'une plaque à la mémoire des jeunes mères et des nourrissons internés à l'hôpital Rotschild.
On reste toute sa vie un petit garçon, avec ses souvenirs .
Des souvenirs, il lui en reste peu, il les fait alterner dans des chapitres concis avec des faits racontés.
Des moments, des impressions, des odeurs, sans cesse recherchés.
Quelques photos, quelques objets,dont le coquetier de la couverture aux couleurs délavées, sans cesse étudiés à la loupe.
Ce peu, beaucoup trop peu , qui lui fait rechercher encore et encore toute sa vie. Ce n'est qu'en 1996, par exemple, qu'il comprendra pourquoi sa mère n'ouvrait pas la fenêtre quand elle le regardait sur le trottoir.
Mais aussi éviter certains endroits ( dont ce fameux trottoir de la brasserie Wepler) qui lui sont encore trop douloureux.

Je ne voulais pas refermer ce livre.
Je l'ai terminé partagée entre son chagrin éternel qu'il m'a communiqué, mélangé chez moi à une grande colère. Et, en particulier, colère contre tous ceux qui ont participé à garder prisonnières dans des conditions effroyables des mères et leurs bébés jusqu'à ce que ceux-ci aient atteint l'âge requis pour aller brûler dans les fours crématoires. Quel âge fallait-il pour y être autorisé? Qui avait fixé cet âge?
Ah... comment-ont-ils pu?

Une petite note quand même pour dire qu'ils n'étaient pas tous ( toutes) les mêmes. L'histoire d'Annette , 14 ans, la petite bretonne placée comme bonne dans cette famille juive et que le grand-père avait renvoyé à l'école, car à 14 ans, on va à l'école. Annette, la concierge, Monsieur Petitcolin et sa famille ont sauvé le petit Marcel Cohen.

Ce livre, il faut le lire, le faire lire, le donner, le faire acheter. Des exemples individuels , l'histoire de chacun des personnages à partir de choses très simples, marque beaucoup plus les esprits qu'une accumulation de chiffres.
C'est Charlotte Delbo qui, dans le convoi du 24 janvier, retrace brièvement l'histoire de chaque être humain que comportait ce convoi.
A la déshumanisation du langage de l'horreur humaine il faut opposer l'humain de chacun.
C'est ce que fait Marcel Cohen dans ce livre. Une lutte contre l'oubli.

Maria Cohen, née le 9 octobre 1915 à Istanbul. Convoi n°63 du 17 décembre 1943
Jacques Cohen, né le 20 février 1902 à Istanbul . Convoi n°59 du 2 septembre 1943
Monique Cohen, née le 14 mai 1943 à Asnières ( 92). Convoi n°63 du 17 décembre 1943
Sultana Cohen née en 1871 à Istanbul. Convoi n°59 du 2 septembre 1943
Mercado Cohen, né en 1864 à Istanbul. Convoi du 2 septembre 1943
Joseph Cohen, né le 10 août 1895 à Istanbul. Convoi du 2 septembre 1943
Rebecca Chaki, née le 13 avril 1875 à Istanbul. Convoi n°59 du 2 septembre 1943
David Salem, né le 29 avril 1908 à Constantinople. Convoi n°75 du 30 mai 1944

En exergue:

"Tenter de reconstituer ce qui, en deçà du langage, dans le ressassement interne, peut encore être communiqué à autrui."

Georges- Arthur Goldschmidt



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A 6 ans, Marcel Cohen a assisté à l'arrestation de sa famille alors qu'il se tenait sur le trottoir d'en face avec sa nounou.
Chaque chapitre est un membre de la famille, où sont recensés tous les objets qu'il a pu récupérer après la guerre.
Tout est analysé assez froidement. Les sentiments n'ont pas besoin d'être décortiqués, analysés, Marcel Cohen laisse tout la place au lecteur, à lui de se faire une idée des horreurs, de l'abandon, des souvenirs.
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Superbe témoignage sur un homme qui cherche toute sa vie à savoir qui étaient ses parents et sa famille déportés alors qu'il n'avais que 5 ans. Devoir de mémoire incroyable, un témoignage qui m'a bouleversé, passionné, et qui je le sens va beaucoup me marquer, je pourrai en parler pendant des heures mais au lieu de ça je donnerai qu'un seul conseil, A LIRE!!!!!!
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Un petit ouvrage très émouvant et ô combien instructif sur une sombre page de notre histoire.
C'est à travers le récit de la déportation des membres de sa famille : père , mère, soeur, grand-mère, tante, oncle, …et des objets qui lui rappellent ces personnes que Marcel Cohen nous livre un récit bouleversant sur l'origine de sa famille de Juifs venus de Turquie vers la France pour un avenir prometteur et qui connaîtront l'horreur de la déportation.
Une écriture fine, précise et touchante.
Une très belle lecture
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Difficile de résumer ce livre, comme l'explique si bien Marcel Cohen, "tout ce dont je me souviens, et tout ce que j'ai pu apprendre aussi sur mon père, ma mère, ma soeur, mes grands-parents paternels, deux oncles et une grandtante disparus à Auschwitz en 1943 et 1944". Ce "tout" se résume à très peu.

C'est à travers des objets familiers qu'il a rassemblés qu'il nous fait découvrir les siens, quand il était petit, et ceux de ses proches –, de ce récit surgit, non pas la vie, mais l'obsession de reconstituer les visages, un parfum, de "trouver une forme pour l'informe".

C'est vraiment un livre que j'aimerai partager, un petit bijou
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Un livre de plus sur la Shoah ? Certes, mais aura-t-on jamais la possibilité de considérer le sujet comme clos ? Non. Nous n'en n'avons pas le droit.

Ce petit livre a été écrit soixante-dix ans après la déportation et la mort de la mère, du père, de la soeur, des grands-parents paternels, de deux oncles et d'une grand-tante de l'auteur. Cela se passait en 1943, autour de son sixième anniversaire. Les huit portraits sont présentés par la juxtaposition des souvenirs d'un enfant de cinq ans et demi et la description des quelques rares objets, odeurs ou photographies que le vieil homme peut percevoir au soir de sa vie.

La force de l'ouvrage réside dans la description presque clinique de ces souvenirs considérés comme des faits, sans qu'y soit mêlée la moindre plainte, le moindre pathos. Tout passe par le non-dit. Si les objets n'ont pas d'âme, ceux qui nous relient aux disparus crient le silence et transmettent ainsi ces petits riens qui s'opposent à l'oubli. Ils sont la très fragile mais indispensable passerelle entre les parents assassinés et leur descendant vivant.

le talent et le tact de Marcel Cohen méritent respect. Ce livre place son auteur au rang de Primo Levi et de Georges Semprún. Comment, quand il n'y a plus de larmes, quand il ne reste plus que la béance du silence, peut-on en quelques lignes transmettre la vacuité ? Ce tour de force, Marcel Cohen l'a réalisé.
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