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EAN : 9781091902039
Fario Revue (12/04/2013)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Que s’est-il passé, au début du vingtième siècle, touchant à la vie des hommes, à leur esprit et à leur cœur, quelle rupture a entraîné le monde à des années lumières de ce que fut ou de ce que nous avons cru être une civilisation. Un monde existait avec ses drames, sa misère, ses brutalités et ses monstres, et il y eut bien des prémisses alarmants ; mais une part de ce monde semblait encore tournée vers l’évidence de certaines aspirations, de certaines hauteurs ; i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Au début de la première guerre mondiale, en 1915, Eugenio Montale, alors officier de l'armée italienne, invite un officier autrichien, fait prisonnier et féru comme lui de poésie, de musique et d'opéra, à passer une soirée en sa compagnie à la Scala de Milan, avant de le raccompagner à sa prison.

Partant de cette anecdote bouleversante, «parce qu'elle se situe à des années-lumière de nous», Marcel Cohen se livre à un exercice de lucidité salutaire, pour souligner la disparition d'un monde, cet abîme qui s'est ouvert entre 1914 et 1918, puis avec les meurtres de la Shoah et des bombes atomiques, la révélation que l'homme dans ce siècle de l'industrie de masse en est arrivé aussi maintenant «à produire industriellement des cadavres par millions.» (Günther Anders).

Sur les traces de Günther Anders dans «L'obsolescence de l'homme», Marcel Cohen souligne le décalage entre ce que l'homme est devenu capable de produire et ce qu'il est capable d'imaginer après Auschwitz et Hiroshima, ces meurtres de masse dont il souligne, reprenant les mots de Benjamin Fondane à propos du national-socialisme, qu'ils sont comme «une glace déformante qui nous renvoie, grossis, les traits même de notre culture».

«C'est la qualité d'homme qui est visée et atteinte». (Jean-Luc Nancy)

Que peuvent l'art et la littérature, quand la réalité est devenue inexprimable, comment représenter un monde en décomposition sans renoncer, même si ce que l'on peut exprimer se réduit à la conscience de tout ce qui a été perdu, ou à donner forme «au vide immense à quoi peut se résumer une vie».

Lecture indispensable pour sa clairvoyance et comme appel pour que les écrivains et les artistes conservent la volonté d'aborder les sujets les plus profonds et les plus graves.
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un livre qui appelle à la nécessité des lucioles..............................
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Se souvient-on du dessin de Plantu, à la une du journal Le Monde montrant, à Sarajevo, deux snipers serbes visant une cour de récréation avec un bazooka ? Le premier soldat déclarait au second : "L'ennui, avec les enfants, c'est qu'ils bougent tout le temps !"

Ces rappels ne prétendent rien apprendre à personne. Je les mentionne simplement comme on date une lettre : pour montrer où nous nous trouvons et à quelle époque. Jean-Luc Nancy rappelait que, s'il a fallu créer une nouvelle catégorie de crimes, et si les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles, contrairement aux autres crimes, c'est parce que le dommage pour la collectivité ne s'efface pas avec le temps. Ces crimes ne touchent pas seulement des individus plus ou moins nombreux. Pour le philosophe, "c'est la qualité d'homme qui est visée et atteinte". En d'autres termes, c'est l'humanité de l'homme qui a perdu l'essentiel de sa crédibilité.
Ungaretti disait sensiblement la même chose, affirmant que les livres qui nous sont les plus chers dans nos bibliothèques ne sont plus même un réconfort parce qu'ils ne parviennent plus à rompre notre solitude. "D'un coup, les choses se sont trouvées vieillies, tout juste bonnes pour le musée, écrit-il. Aujourd'hui, tout ce qui est enfermé dans les livres s'écoute encore, mais comme témoignage du passé".

[...]

Emmanuel Hocquart expliquait, lors d'une table ronde, que le roman classique est, au fond, une métaphore de la vie. Comme la vie, les romans qui racontent une histoire ont, par la force des choses, un début, un apogée et une fin. [...]
Voici cependant en quel termes Jean Paris parle de "L'Ulysse" de James Joyce, paru en 1922 :
"Pour Joyce, l'âge d'or aboli, le monde ne présente plus que les dehors du chaos. [...] Ici commence cette littérature qui ne comportera plus, comme la traditionnelle, ses temps forts, ses temps faibles, ses paragraphes de bravoure, mais qui tâchera minutieusement, désespérément, de décrire l'immensité de notre exil."
Un demi-siècle plus tard, Samuel Beckett semble reprendre à son compte, et presque mot pour mot, l'analyse de Jean Paris : "Trouver une forme qui exprime le gâchis, telle est maintenant la tâche de l'artiste."
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Proust et Kafka sont parfaitement contemporains puisque le premier meurt en 1922, et le second en 1924. Mais des années –lumière, une fois encore, séparent leurs œuvres, comme le remarque brillamment Milan Kundera. Dans une interview, il compare l’œuvre de Proust à une comète de beauté pure, mais qui s’éloignait à jamais de nous. C’était pour conclure : «Alors que Proust s’étonne de l’univers vertigineux que constitue l’univers intérieur d’un homme, Kafka, lui, se pose une question radicalement différente : quelles sont encore les possibilités de l’homme dans un monde où les déterminations extérieures sont devenues si écrasantes que les mobiles intérieurs ne pèsent plus rien.»
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Videos de Marcel Cohen (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Cohen
Jean Frémon La Blancheur de la baleine éditions P.O.L où Jean Frémon tente de dire de quoi et comment est composé son nouveau livre "La Blancheur de la baleine" à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L et où il est notamment question de Michel Leiris, David Hockney, Emmanuel Hocquard, Bernard Noël, Alain Veinstein, Etel Adnan, Louise Bourgeois, Jannis Kounelis, Jacques Dupin, Claude Esteban, Samuel Beckett, Marcel Cohen, Jean- Claude Hemery, Jean- Louis Schefer, David Sylvester, Edmond Jabès à Paris le 2 février 2023
"Ce sont des écrivains, des peintres, des sculpteurs.
Aventuriers de l'impossible. Ce sont des bribes de leurs vies. Tous des chercheurs davantage que des trouveurs. J'ai eu le privilège de les côtoyer. Ce qu'ils poursuivent est ce qui toujours se dérobe. La grâce est une fieffée baleine blanche."
+ Lire la suite
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