Putain, c’est toujours le même rêve, même les médocs ne me font plus d’effet. Je me sers un café et m’installe sur le canapé. Je passe la main sur mon visage et allume la télé, bien sûr à cette heure-ci il n’y a rien de bien ! J’attrape mon téléphone et me connecte sur les réseaux sociaux. J’ai tellement été harcelé par des fans que j’ai été obligé de changer complètement d’identité et de mettre une photo de profil quelconque pour ne plus être ennuyé. Je vide ma tasse et me rends dans la salle de bains pour me préparer, de toute façon, je n’arriverai plus à dormir. C’est toujours comme ça que ça se passe, à chaque fois...
Bienvenue dans le monde de l’entubage professionnel ! Elle prend le dossier et l’étudie de très près. J’ai la gorge nouée, elle ne laisse rien paraître. Je ne sais même pas si ça lui plaît, c’est stressant. Au bout d’une éternité, elle relève le nez et sourit enfin. C’est vraiment flippant : si ça ne lui plaît pas, je vais m’attirer les foudres de mon boss et devoir recommencer. Je prie de toutes mes forces pour qu’elle aime mon travail.
La douleur qui me serre le cœur me fait comprendre que malgré tout, il est toujours très présent. Je croyais que j’étais enfin débarrassée de tout ça, mais je me mentais à moi-même, le psy m’a seulement aidée à créer des murs et à faire abstraction. Je prends une grande inspiration en fermant les yeux. Mon téléphone se met à sonner, je sursaute ! Merde, c’est Sean, il faut que je me ressaisisse.
Il rit, il me préfère en talons hauts, mais ces chaussures me font trop mal aux pieds, je préfère être à plat depuis toujours. Après tout, c’est juste une sortie chez ses parents. Je connais le restaurant par cœur, depuis tout ce temps. Nous faisons en général tous les repas des grandes occasions ici. Alors, je ne vois pas pourquoi je garderais mes chaussures à talons.
C’est très dur d’avoir deux filles qui ne s’entendent pas. Mais elle l’a cherché, et je n’oublierai jamais ce soir-là. J’ai fait abstraction, oui, mais je ne l’oublie pas. C’est dur de se dire que l’homme qu’on a aimé plus que tout au monde a couché avec sa sœur. Je rame encore pour franchir le pas du pardon, mais il y a bien un jour où j’y arriverai.