Colette [Willy et
Colette] – "
Claudine à Paris" – Albin Michel / Livre de poche, 2017 (ISBN 978-2-253-01089-0) – première publication de ce
roman sous le seul nom de "Willy" en 1901
Henri Gauthier-Villars dit "Willy" se comporte comme un bon exploiteur de succès commercial (déjà !) : suite au succès de "
Claudine à l'école" (cf recension du 25 mai 2018) , il presse
Sidonie-Gabrielle Colette d'écrire une suite (c'est déjà le procédé si répandu aujourd'hui de la "série" consistant à exploiter à fond un filon jusqu'à épuisement), et cela engendre ce "
Claudine à Paris".
Rien de bien original hélas : dans le "
Claudine à l'école",
Colette fournissait une liste de
romans plus ou moins égrillards ou licencieux qui se diffusaient à l'époque plus ou moins "sous le manteau" comme par exemple "Aphrodite", "La femme et le pantin" de Pierre Louÿs, "Suzanne" de
Léon Daudet et "L'année de Clarisse" de
Paul Adam (p. 65) ou encore "Carnet de Lyonnette", les "Folichonneries" d'Armand Sylvestre (p. 69), "Mauvais désir" de Lucien Muhlfeld (p. 83) ou encore "En fête" d'Auguste Germain (p. 195) : il s'agissait non seulement de conférer des lectures osées et émoustillantes à une jeune écolière, mais aussi de dispenser quelques coups de chapeaux aux chers amis de Willy (renvois d'ascenseur).
La plupart des scènes de ce "
Claudine à Paris" sont inspirées de ce type de littérature de boulevard, de telle sorte qu'on est loin de la qualité du premier roman de la série.
Finalement, seul le personnage de la bonne Mélie – robuste femme de ménage "importée" de la campagne –, rappelle la verve originelle (toute proportion gardée, il y a là une certaine analogie avec la Françoise de la "Recherche du temps perdu" de
Proust).
le filon est déjà en train de s'épuiser... mais – on le sait –
Colette ne s'arrêtera plus, et son talent d'écriture explosera ce cadre guindé.