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3,6

sur 121 notes
Demandeur d'asile en France en 1992 suite à la guerre en Bosnie, Velibor Colic raconte de façon caustique ses galères pour survivre dans son nouvel environnement.

Comme il le dit lui-même : "Je m'habille chez Abbé & Pierre, je suis PDF (plusieurs domiciles fixes) ou QDF (quelques domiciles fixes), j'ai tout le temps faim et froid, je ne parle pas bien le français, dans mon pays c'est encore la guerre, mais il me semble que je suis toujours vivant".

Parfois ses pensées flirtent avec le suicide. Il se bat pour devenir écrivain, son premier livre sera : Les Bosniaques en 1994. Je n'ai pas compris comment il a pu maîtriser la langue française. Il boit beaucoup et se nourrit peu, et n'oublie pas de draguer les femmes.

Passant à la radio pour présenter son livre, il dira avec raison : "Rien de nouveau dans les Balkans. Dans certains endroits il y a trop d'Histoire, insupportablement trop. La Bosnie-Herzégovie, hélas, ne deviendra jamais calme, anonyme et riche comme le Liechtenstein."
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1992, gare de Rennes, un jeune réfugié débarque... Velibor Colic, après un passage traumatisant dans l'armée Yougoslave puis bosniaque, tente de fuir la guerre qui ravage son pays. Mais comment refaire sa vie à 28 ans, lorsque l'on est écrivain et victime du syndrome post traumatique. Car c'est une 2ème vie qui commence, celle de l'exilé, du migrant, dont on fait peu de cas et qu'on ballade d'un service à l'autre. Entre la pauvreté qui oblige à se serrer la ceinture, au sens propre, et la méconnaissance de la langue, qui place ce lettré au rang d'inculte aux yeux de ceux qu'il rencontre, le jeune homme va déchanter. La France, pays des droits de l'homme et de la liberté, ne semble pas être disposée à l'intégrer... Un récit très émouvant, dans lequel l'auteur désormais reconnu dans sa terre d'asile revient sur son parcours chaotique.
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Après un fantasque et fantastique Ederlezei, le nouveau roman de Velibor Colic a de forts accents autobiographiques : son arrivée en France, la débrouille des premiers temps, les conditions de vie misérables mais sans pour autant s'apitoyer sur son sort et avec toujours cette pointe d'ironie et d'humour noir.

Définitivement un auteur dont la lecture est fortement recommandée!
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Ce livre permet de se mettre dans la peau d'un réfugié ,un intellectuel, qui va se reconstruire à travers une langue étrangère ,le français en l'occurrence, et devenir écrivain .Son regard sur notre propre société est teintée d'humour, voire un peu sarcastique !
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J'ai bien aimé la première partie du livre, où l'auteur raconte avec humour et auto dérision son début de vie en France, après avoir fui la guerre chez lui (Bosnie).
J'ai beaucoup moins aimé la deuxième partie où la mayonnaise ne prend plus pour moi. L'écriture poétique rend le tout néanmoins parfaitement digeste...
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Un humour poétique et tout en finesse ...
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A partir de son expérience de réfugié, lorsqu'au début des années 90 il fuit la Yougoslavie en guerre, Velibor Čolić réalise un tour de force en nous livrant un récit à la fois tragique et très drôle.

"Manuel d'exil" couvre sept années d'errance, à travers la France (de Rennes à Strasbourg en passant par Paris) où il arrive en ayant "pour tout bagage trois mots de français – Jean, Paul et Sartre", mais aussi à travers l'Europe, au cours desquelles l'auteur passe du statut de miséreux indésirable à celui d'écrivain pour lequel on éprouve un intérêt épisodique, parce qu'il est de bon ton de l'exhiber dans les salons comme témoin des derniers remous de l'histoire européenne.

Le récit est constitué d'épisodes représentatifs de cette expérience, par lesquels Velibor Čolić livre, davantage que des faits, ses sensations, ses réflexions sur les événements qu'il subis. Par ailleurs, il n'évoque guère son passé, et peine à se projeter dans un avenir incertain : le temps du réfugié, essentiellement préoccupé de sa survie à court terme, est celui d'un présent instable, qui semble voué à durer éternellement.

Englué dans cet impératif, c'est le découragement qui s'exprime le plus fréquemment, suscité par la précarité dans laquelle a glissé son existence... Les endroits sordides où l'on tente de grappiller quelques heures de sommeil, la malnutrition, la mauvaise hygiène, et par-dessus tout, la solitude et ce sentiment d'exclusion permanents... : à la fois invisible et terriblement gênant, le réfugié est un clochard qui doit de surcroît subir les difficultés liées à l'exil dans un pays dont il peine parfois à comprendre la langue.
"Tout en marchant je prie John Fante et Julio Cortázar, le grand Baudelaire et l'immortel Apollinaire ; je supplie la barbe de Hemingway et le ventre De Balzac, L'insoutenable légèreté de l'être de Kundera et L'ange de Sábato afin qu'ils me viennent en secours. Je serre en vain mes poings, je jure. Je n'ai pas les moyens de canaliser ma frustration grandissante. J'ai juste un orgueil stupide et inutile, une non-acceptation de mon sort, une rancoeur froide. Je suis crispé, effrayé devant ma nouvelle vie sans lendemain."
Ces moments sont pourtant ponctués de fulgurances d'espoir, que l'auteur entretient en insistant sur ses talents d'écrivain et de poète. A ce titre, il se considère comme supérieur à ses frères migrants, se persuade qu'il a, lui, quelque chose à apporter à sa nation d'accueil. Il tourne cette présomption à la dérision, en l'exagérant à dessein avec beaucoup d'humour.

Ses prétentions se heurtent d'ailleurs dès son arrivée en France à l'implacable pragmatisme de l'administration, dont la représentante qui le reçoit pour l'informer de ses droits lui annonce, lorsqu'il indique sur son formulaire d'identification qu'il vise le Goncourt : "Ici tu commences une nouvelle vie".

Pour autant, "Manuel d'exil" n'est pas un récit triste. Velibor Čolić traverse toutes ces épreuves fort de deux armes dont il ne se départit jamais : l'humour et la littérature. C'est ainsi avec la verve et le sens de la dérision qu'on lui connait qu'il raconte les vexations, les mésaventures, mais aussi les rencontres avec d'autres ombres auxquelles il redonne vie et couleurs, ainsi que son acharnement, même dans le dénuement le plus total, à écrire...
"(...) je réalise que la littérature est une courageuse sentinelle, une sorte de papier de tournesol pour examiner le taux d'acidité et de folie dans ce bas monde".
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un récit qui mêle humour, dérision, finesse et profondeur. Une belle découverte que je ne regrette absolument pas ! Un livre qui continue à vous poursuivre même après la lecture.
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Selon de manuel de Velibor, l'exil prend souvent sa source dans un drame, ici la guerre en Yougoslavie. Source de déracinement, une fois devenu l'étranger, le réfugié, il est difficile de trouver sa place. Heureusement, la littérature est universelle et l'écriture sera sa bouée de sauvetage.
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Velibor Čolić fait partie de mes auteurs préférés avec Gazmend Kaplani. Pourquoi? Ils ont tous les deux beaucoup de points communs. Ils écrivent dans une langue qui n'est pas leur langue maternelle. Grec et Français. Ils vivent dans un pays en tant que réfugiés suite à la fuite de leur patrie. Ils ont du talent, de l'humour et philosophent la vie à partir de leurs expériences qui ne font jamais peser sur le ton de leur écriture.


Et puis Velibor, c'est un Bosnien arrivé en Bretagne, ma région d'origine et Rennes, la ville qui m'a permis d'acquérir mes savoirs et ma passion pour les livres.


Cet ouvrage ou "manuel d'exil" a été lu en deux soirées, il m'a captivé par la biographie de l'auteur, son histoire, son expérience et son espoir. Il parle de sa difficulté à se faire reconnaître comme réfugié politique, un étranger en Bretagne qui est éduqué, un artiste ou nouvelliste reconnu et primé dans son pays aujourd'hui disparu: la Yougoslavie mais qui ne serait plus rien en France.


L'humour est fin, l'autodérision assassine ce qui caractérise Velibor dans son écriture. Il la mêle au tragique mais tente toujours de nous faire rire.

A l'inverse de Gazmend Kaplani, je n'ai pas encore rencontré Velibor, plusieurs de ses livres attendent sa dédicace!
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