Ça va les hommes ?

Les femmes se racontent avec une grande spontanéité - si ce n'est toujours avec une parfaite objectivité -, les hommes fuient, feintent, divergent, digressent, esquivent. Pour les faire accoucher d'eux-mêmes, quelle douleur !

J'appelle "engrenage du surmenage" la maladie dont sont victimes le plus souvent des sujets de formation supérieure, et dont le symptôme essentiel est la justification de la présence. Sont atteintes, en principe, de petites équipes très soudées qui ont à leur tête un drogué du boulot. Pour se montrer à la hauteur du général les colonels en rajoutent, les commandants ne veulent pas rester en rade, les capitaines se sentent obligés de suivre. Tous les membres de l'état-major acceptent cette escalade de peur de passer pour un tire-au-flanc, pour une mauviette, une "femmelette". Chacun est convaincu de l'absurdité du système mais personne n'ose dire que le roi est nu.

On ne supporte plus d'être mal mariés comme on n'accepte plus d'être en mauvaise condition physique.

Les hommes jurent sur la tête de leurs enfants qu'ils se montrent infiniment plus accomodants, en dépit d'une réputation séculaire : ils crient fort mais ne boudent pas, ou pour être plus précis encore, gueulent mais ne font pas la gueule !

Le monde du travail a été conçu, organisé, bâti, par des hommes. Jusqu'à ces dernières années, ils en contrôlaient presque exclusivement le fonctionnement, s'arrogeaient toutes les commandes. Les femmes travaillaient, certes, mais dans les soutes. Très peu accédaient aux responsabilités. Elles avaient droit aux strapontins, jamais aux fauteuils. Celles qui souhaitaient progresser levaient les yeux vers le haut, elles ne voyaient que des hommes.