La
guerre des Gaules et la bataille d'
Alésia ne sont pas terminées, si César et Vercingétorix ont rendu l'âme depuis longtemps, des petits marquis continuent à se battre autour du sujet.
Il y a donc une campagne romaine racontée par un grand fabulateur dans son ouvrage publicitaire sur la
guerre des Gaules et terminée par le siège d'
Alésia. Ensuite, l'Histoire a fait son oeuvre, les populations se sont mêlées et au fil des siècles Gaulois, Romains, Germains, Sarrasins, Arabes ont donné le peuple français. L'identité nationale et la fierté de descendre de valeureux guerriers se sont développés aux XIXe siècle, les révolutionnaires et républicains rejetant le dogme royal qui faisait descendre les souverains français des héroïques Troyens.
Pour donner du corps à la légende, il fallait bien situer les lieux décrits par César et c'est sous
Napoléon III que le village bourguignon d'Alise-Sainte-Reine est devenu le site officiel de cet épisode. Perchée sur le mont Auxois, la bourgade a opportunément révélé des vestiges romains qui ont validé le choix. Depuis, de nombreux travaux ont confirmé cette version officielle qui semble avoir parfois du mal à correspondre au texte
De César ; je me rappelle qu'au collège mon prof d'histoire disait que d'autres localisations étaient envisageables.
Le poids de l'académisme fait que le site d'Alise ne saurait être déclassé et que ses adversaires sont ignorés. Un groupe d'irréductibles gaulois lutte contre la pensée dominante et, à la suite d'
André Berthier, promeut un autre emplacement, situé dans le Jura.
Leur théorie a de la gueule, les arguments avancés semblent corrects, la confrontation du texte
De César et d'autres auteurs aux réalités donne du poids aux travaux de cette équipe pluridisciplinaires : géographie, archéologie, logistique… tout est passé au peigne fin et semble aller dans le sens de cette implantation alternative.
Ceide8tte thèse de l'implantation d'
Alésia à Chaux-des-Crotenay dans le Jura est présentée dans un site dédié [clic] ; le livre ne fait que démonter et critiquer les arguments des défenseurs d'Alise sans exposer la supériorité des preuves en faveur du site jurassien, c'est sans doute sa faiblesse.
Les auteurs réfutent beaucoup d'arguments : les distances et les surfaces disponibles ne correspondent pas à celles mentionnées par César et rendent impossible l'occupation du site par 95000 hommes ; les camps romains ne seraient pas conformes à ce que l'on sait de la stratégie des légions et le grand fossé décrit par César ressemble bizarrement à une rigole ;
Alésia était un lieu religieux gaulois de première importance, ceinturé d'une enceinte cyclopéenne (construite par Hercule) dont il n'y a pas de traces… César serait parti de chez les Lingons (Langres) pour rejoindre les Allobroges (vers Genève) en passant par le territoire des Sequanes, or la Bourgogne actuelle était occupée par les Eduens et non par les Sequanes qui étaient dans le Jura et la route Langres-Suisse passe plus haut que Alise Ste Reine. Enfin, le chapitre le plus intéressant car le mieux argumenté et suivant un raisonnement logique, s'attarde sur la bataille de cavalerie initiale et explique les raisons qui rendent impossible qu'elle se soit déroulée auprès du site officiel d'
Alésia.
Les batailles d'égo, de pouvoir et de renommée, moins sanglantes que les combats entre Gaulois et Romains, n'en sont pas moins vives. On sent au ton employé que les partisans de l'implantation jurassienne sont exaspérés de ne pas être considérés et cet ouvrage fait un peu règlement de comptes de cour de récréation, il manque juste le nananère… c'est dommage mais m'incite vraiment à lire la
Guerre des Gaules.
Je termine en renvoyant vers le Bouclier Arverne où Assurancetourix nous dit "cela n'existe pas
Alésia"
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