Dans son nouvel essai, le sociologue s'intéresse à ce qu'il appelle « les comportements capitalistes ». Qu'est-ce qui nous pousse, malgré nous et parfois à notre corps défendant, à adopter des comportements ou des valeurs en accord avec le capitalisme ?
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Je parle beaucoup de Colombi : j'aime énormément sa démarche, son blog et ses écrits, en particulier son premier livre OÙ VA L'ARGENT DES PAUVRES ? que j'estime d'utilité publique. Je ne m'attendais donc pas à être déçue.
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Malheureusement, ce nouvel essai me semble beaucoup moins solide que le précédent. L'angle choisi par l'auteur est peut-être trop large ou mal problématisé : il aborde quantité de points très intéressants mais peu approfondis. Les réflexions s'enchaînent, certaines sont brillantes (en vrac : le chapitre traitant des représentations du capitalisme dans la SF, celui sur le désir d'être auto-entrepreneur, celui sur la socialisation économique et la construction dans l'enfance du rapport à l'argent…) mais on déplore que l'ensemble manque de structure et de logique.
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L'auteur va trop vite. Il me semble échouer dans sa volonté d'être introductif parce qu'il ne prend pas suffisamment le temps de définir les bases (par exemple qu'est-ce que le capitalisme ?). Et il ne séduira pas davantage un lectorat plus aguerri en raisons de ses nombreux raccourcis et son ton assertif .
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Une lecture en demi-teinte, donc. J'ai été néanmoins très séduite par la métaphore du jeu, filée tout au long du livre : Colombi nous invite à voir le capitalisme comme un jeu de plateau, dont il faut ouvrir la boîte. C'est en examinant les cartes, les pièces et les règles que l'on peut comprendre comment la partie s'engage, et comment le jeu contraint nos comportements. Démontrer que le capitalisme est une construction sociale permettrait de réinventer les règles et, pourquoi pas, d'imaginer d'autres jeux.
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Une métaphore exaltante qui donne un peu d'espoir, et quelques clés pour comprendre ce qui nous arrive : malgré les réserves, ce n'est pas de refus par les temps qui courent.
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Où va l’argent des pauvres [Denis Colombi]