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EAN : 9782226116178
272 pages
Albin Michel (16/09/1964)
3.35/5   49 notes
Résumé :
Découvrir que la femme de votre vie vous a quitté sans un mot d'explication dans l'année même de votre mariage pour suivre un ami du ménage nommé Gravenoire, tel est le rude coup reçu par Avit à l'âge de vingt-quatre ans; il lui a fallu deux ans pour s'en remettre. Après quoi. tout fier de sa gloire de jeune fonctionnaire de l'Unesco, il s'en va, chargé de mission en Afrique. Première étape : Fort-Jacul et première déception : le ministre de l'Information lui signif... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"L'état sauvage" de Georges CONCHON a été publié chez Albin Michel en 19664. Il a été Prix Goncourt sans peut-être avoir été fortement apprécié et, peut-être, peu compris à l'époque. Rien que sur le titre, on a beaucoup glosé! L'expression 'L'état sauvage' se voulait-elle simplement révélatrice d'une situation ou était-elle une provocation de l'auteur ? Les deux lectures sont possibles... mais elles ne révèlent pas le même port de lunettes choisies pour comprendre L Histoire!

Moi, je le découvre aujourd'hui! Important de le signaler car ce livre est d'abord marqué par son temps. le temps de son écriture que certains trouveront rebutante, poussiéreuse, ayant mal passé le cap des ans... Et c'est assez vrai! Mais ce livre est aussi marqué par le temps de l'Histoire, celui de ces républiques africaines qui, ayant obtenu 'l'indépendance' doivent encore inventer leur démocratie. L'enjeu est, dans une culture multi-tribale de 'faire état', de constituer une 'res publica', une gestion stable et durable qui soit 'affaire publique' et non culture de la vendetta et des clientélismes tribaux politiquement corrects Et puis, c'est aussi le temps des rejets d'ouverture d'une 'race' à l'autre. A l'époque, puisque Le Blanc (l'innocence?) s'était auto-proclamé supérieur au Noir, que l'on disait nègre, toute liaison d'un noir avec une blanche était inacceptable des deux côtés! Et encore, c'est le temps où, historiquement, les 'blancs' doivent avoir tout rendu mais ne sont pas prêts à le faire d'autant qu'ils se savent (encore) indispensables à la gestion du pays. Bref, ce livre est un témoignage, romancé, des racismes qui régnaient à l'époque (et règnent encore?!?) entre blancs et noirs, entre noirs, entre blancs! Bref, tout contact d'une personne d'un groupe social avec une autre issue d'une autre faction était sujet à jugement, rejet, raillerie ou représailles. Bien difficile, alors, de 'vivre ensemble dans le respect des différences!...
Bien au-delà d'une historiette d''un mari cocufié, par un noir de surcroît, ma lecture, en 2015, ne peut être que celle qui me plonge au sein des contradictions et du décalage (tellement actuels encore!) qui existent entre le discours théorique sur le racisme et la proclamation de non-racisme qui en découle et les actes que l'on pose quand on entre en choc frontal et complexe avec le terrain, un pays que nos civilisations ont dominé et pillé et chez qui vivent ou survivent des humains désunis, tenaillés par une soif de revanche et de pouvoir.

Un livre qui n'est pas facile à lire, peu plaisant ... mais qui pose beaucoup de questions à qui essaye de deviner qu'elle aurait été sa propre réaction s'il avait été plongé au coeur de ce fait divers, au coeur de ces conflits, au coeur de ces rancoeurs.
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Ce qui est intéressant à la lecture de ce livre c'est de savoir qu'il a été d'actualité (1964).
C'est aussi de comparer la 4ème de couverture, et l'auteur a forcément donné son aval, au contenu et à la lecture que l'on peut faire aujourd'hui de ce roman.
Ce livre méritait un prix sans aucun doute. C'était une époque où les prix se justifiaient. L'écriture en est serrée et le propos nous tient en haleine d'un bout à l'autre.
Le sujet, d'après la 4ème serait de renvoyer dos à dos les racismes anti-noirs et anti-blancs pour amener à la découverte que même si l'on n'est pas raciste on l'est quand même.
Ainsi le héros, un nommé Avit, va-t-il le découvrir au travers d'une histoire d'amour alors qu'il pensait ne jamais pouvoir l'être et qu'à l'époque de la libération coloniale son libéralisme d'esprit le mettait à l'abri d'une telle possibilité. Bref un pauvre type épris de bons sentiments ignorait tout de l'Afrique. La citation qui ouvre le chapitre XII est extraite des « Poèmes nègres » de Blaise Cendrars et dit : « le commerce des Européens sur cette côte et leur libertinage ont fait une nouvelle race d'hommes qui est peut-être la plus méchante de toutes. »
On a donc bien compris les "nègres" qui d'ailleurs parlent "petit nègre" — Cé citilaîne. Cé la lampe, elle est cassée. Cé rien, missié, cé rien. — sont bien pires que ceux qui les ont colonisés et réduits en esclavage. La preuve, l'amant de Laurence, la femme en fuite d'Avit qu'il retrouvera par hasard avec celui qu'elle lui avait préféré, un nommé Gravenoire, cela ne s'invente pas, s'est lui-même retrouvé abandonné pour un nègre. Ah les salopes ! Surtout, n'est-ce pas, que ces nègres sont mieux pourvus que les blancs. Vous voyez à quel niveau de la ceinture se situe le problème. Mais la femme l'aime d'un amour bestial cet étalon. Pour se donner bonne conscience il est décrit comme la Roll's des noirs. Ministre de ce petit pays d'Afrique Centrale nouvellement libéré, beau comme un Dieu et avec une classe à faire pâlir les petits blancs, il sera assassiné par d'affreux nègres. J'oubliais de dire qu'il se nomme Patrice Doumbé. Aucun clin d'oeil à Patrice Loumoumba et aux occidentaux qui l'ont fait exécuter bien entendu. Ces nègres sont leurs propres fossoyeurs. Et ces blancs qui croyaient à une Afrique libérée doivent fuir devant ces terrifiantes meutes noires et blanches qui veulent violer Laurence et avaient d'ailleurs prévenu Avit qu'il devait "foutre le camp" dès son arrivée. Si je vous dis que le chef de la police s'appelle Orlaville.
Avec tous ces bons mots et ces noms qui semblent des actes manqués à chaque page, on en oublie que c'est le blanc qui a inventé les races et s'est lui-même désigné comme blanc (couleur de l'innocence). Aujourd'hui, à l'heure des programmes électoraux, s'il en est, on parle de retirer le mot "race" de la constitution. L'évolution de son contenu, social tant que génétique le mériterait en effet.
Faudrait-il oublier ce livre qui nous semble avoir voulu justifier le racisme. La désuétude de son propos devrait l'avoir mis de côté de côté. Pourtant on entend de plus en plus ceux qui voudraient nous faire croire que finalement la décolonisation se serait réduite à "la valise ou le cimetière". Rien n'est moins simple et l'actualité nous suggère de rester vigilants avec les notions essentielles qui fondent la démocratie. le péril noir n'a jamais été aussi grand. Mais là il ne s'agit plus d'une couleur de peau.
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L'Afrique post-coloniale comme si vous y étiez. Très évocateur et truculent.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
avait épousé à vingt-trois ans une fille qui n’en avait pas dix-huit – sa Laurence, sa Laure, sa Lorette pendant exactement onze mois, après quoi elle l’avait quitté, sans un mot,s’était enfuie avec une espèce de voyageur de commerce nommé Antoine Gravenoire. Sans un mot, sans la plus courte lettre. On n’assassine pas plus froidement.
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Il croyait même se souvenir que cette substitution de désagréments s’était produite un peu plus tôt, dans l’antichambre, quand, pour la première fois, son regard avait rencontré le regard du planton,regard non pas haineux, pas encore méprisant, mais déjà rigoleur et, pour être tout à fait précis, lorsque la grande majestueuse Négresse était entrée, qui devait si superbement l’ignorer, faire si bien comme s’il n’existait pas. Et qui sait si cela ne remontait pas encore plus loin, à l’instant même où il avait entendu prononcer le nom de Gravenoire ?
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« Ils avaient l’air d’une bande d’anthropophages chez qui une blessure faite à un blanc a réveillé le goût du sang. »
(Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe.)
En exergue du roman de Georges Conchon.
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Découvrir en Modimbo un ministre pour rire n’est pas à la portée de n’importe qui. Il y faut de la simplicité. Avit s’opiniâtra, demandant successivement si l’ostracisme (l’ostracisme !…) qui le frappait avait bien fait l’objet d’une délibération du cabinet, et pourquoi la chose lui était signifiée par le ministre de l’information et non pas, comme c’est l’usage, par le ministre de l’intérieur, et enfin pourquoi, oui : pourquoi, le motif !
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allait en Afrique, tellement fier d’aller en Afrique, voyageur ! Il laissa Renard achever sa tirade anti-nègre, vider tout son sac, puis, sec, en jeune homme conscient de sa valeur et qui prend de l’autorité : « Inutile de perdre votre temps ! dit-il. Ce que vous venez de me raconter serait sans doute passionnant pour un autre, mais le couplet raciste, il se trouve que je le connais et, excusez-moi, il ne m’amuse plus !
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