Cette biographie d'
Anne de Bretagne a modifié beaucoup de ma perception sur l'histoire du duché et sur la personnalité de la duchesse, deux fois reine de France. Je croyais savoir certaines choses, mais je dois avouer que mes connaissances étaient, au mieux, partielles, et au pire erronées.
Prenons la personnalité d'Anne : la duchesse possède un vrai sens politique et, si elle a joué un rôle de mécène, elle n'oubliait jamais de le mettre au service de sa chère province en commandant des ouvrages sur l'histoire du duché, sur la généalogie des rois de Bretagne, en dotant richement en objets cultuels églises et abbayes d'Armorique, en affichant partout son emblème, l'hermine, y compris sur les demeures royales. Dès la mort de Charles VIII, elle reprend en main les affaires de son duché et procède aux nominations de ses fidèles soutiens. Puis, elle négocie les conditions de son remariage avec Louis XII, en organisant l'union de deux États bien plus la reddition d'une province à l'État central.
Joël Cornette, en se tenant aux rares documents que l'on possède sur son règne, sans rien ajouter et sans rien broder, livre cependant un portrait le plus juste possible. Cultivée, mais pas savante. Très pieuse, mais pas au point de se soumettre à son clergé quand il soutient le roi de France. Épouse dévouée, mais aussi amante de Louis. Stratège, mais rancunière en certaines circonstances. Jusqu'au bout, elle a tenté de protéger l'indépendance de son État, mais sa volonté a été bafouée au profit des intérêts de la France et sa fille Claude n'a pas eu la clairvoyance et le sens politique de sa mère pour empêcher le rattachement à la France.
La veille de ses trente-sept ans, après quatorze grossesses en vingt ans, de multiples fausses couches, la duchesse-reine s'éteint, épuisée : la légende peut commencer à faire son oeuvre. le magnifique travail de
Joël Cornette nous rappelle qu'elle est presque superflue tant sa trajectoire solitaire a été riche, tissée d'opiniâtreté et de courage.