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EAN : 9791090685246
128 pages
Le muscadier (03/10/2013)
3/5   3 notes
Résumé :
Près d’un adolescent sur deux a déjà consommé du cannabis. Dans la population française, on compte environ 13 millions d’expérimentateurs, 1,2 million de consommateurs réguliers et 550 000 consommateurs quotidiens. Cette tendance forte pose deux questions : faut-il lutter contre cette situation et, si oui, comment ? Certains, parfois au plus haut niveau de la société française, pensent que la dépénalisation – voire la légalisation – serait une solution aux problèmes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Débat récurrent, sujet très sensible dans l'opinion publique : dépénaliser ou non le cannabis ?
Je n'ai pas d'avis tranché sur la question, d'où mon intérêt, a priori, pour ce livre.

Il faut déjà comprendre le terme 'dépénaliser'. Petit exposé juridique en introduction et rappel des faits dans les grandes lignes. Quatre chapitres suivent : le premier rédigé par un opposant farouche à la dépénalisation, le second présenté par un scientifique et un journaliste, tous deux favorables à un assouplissement juridique en la matière. Pour terminer : les droits de réponse successifs de ces mêmes auteurs face aux arguments ‘adverses'.

L'introduction peut sembler dense et complexe pour qui maîtrise mal le mélange droit, économie, statistiques, sciences.

La première partie, rédigée par un médecin-pharmacologue se veut scientifique. Elle l'est, certes - biochimie, neurobiologie, neuropsychiatrie - on apprend beaucoup. Mais elle est également fortement teintée d'idéologie politique, les propos de l'auteur sont virulents et moralisateurs, et une grande partie de ses arguments hors de propos. Quelques exemples :
- " (...) comme on invalide une performance sportive quand elle porte la marque du dopage, ne devrait-on pas invalider une performance artistique qui porterait la marque des drogues ? " (p.66)
- " le cannabis est la drogue de la résignation, de l'indifférence, du rire bête, de la bêtise assumée, de la perte de l'estime de soi, de la sédation, du rêve éveillé (autant dire du délire) et de la faillite assurée ! " (p. 44)
Ces ajouts subjectifs risquent de faire perdre beaucoup de crédit aux exposés scientifiques du chapitre. le lecteur n'est pas dupe : on peut faire parler des chiffres en fonction de ce que l'on veut démontrer. Et puisque la mauvaise foi de l'auteur est avérée...

La seconde partie est plus nuancée, mais énumère ce que l'on sait déjà :
- les dangers (au volant notamment) d'une prise simultanée d'alcool et de cannabis
- la place du cannabis parmi les autres drogues, dont les licites (tabac, alcool), sa dangerosité moindre
- le faux problème du tremplin vers les drogues dites 'dures' - le cannabis ne l'est pas plus que le tabac ou l'alcool.
- l'effet non-dissuasif de l'interdit (à comparer par exemple à la prohibition de l'alcool aux Etats-Unis dans les années 1920)
etc.

Je ressors de ce livre frustrée. J'ai appris quelques éléments scientifiques, mais je ne suis pas plus avancée sur la question.
La première partie est-elle volontairement outrée pour mieux faire passer les arguments en faveur de la dépénalisation ? Certains propos sont tellement caricaturaux et ridicules qu'on peut réellement se poser la question.
Une présentation sous forme "questions-réponses" aurait-elle été plus pertinente, plus constructive que des opinions aussi tranchés qui ne se confrontent pas directement l'une à l'autre ?

Un autre titre de cette collection m'attend ('Du sable entre tes doigts'), il m'aidera peut-être à me faire une opinion.
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Ce sujet de société est toujours d'actualité, et tout concourt à ce que cela dure. Avant le loi de 1970, la consommation de drogues (tout type) chez soi, en privé, était licite, depuis cette loi, s'est interdit. Voici, grosso modo l'enjeu : revenir ou non sur cette loi.

L'objet se base essentiellement sur la dépénalisation, d'abord pour le consommateur, plutôt que sa légalisation. Notons qu'une dépénalisation peut être partielle ou totale, comme une légalisation n'autorise pas forcément n'importe qui à faire commerce de cette drogue.

Jean Constentin met en avant, à juste titre, les risques physiques et psychiques de la consommation de cannabis. Rappelons que le cannabis engendre une dépendance, grosso modo vous aurez envie d'un joint après trois jours d'abstinence. Donc, plus vous consommez, plus votre risque de dépendance augmente etc.
Alain Rigaud et Laurent Appel estiment qu'une société ne peut être sans drogue, qu'il y a besoin d'avoir des substances pour supporter/apprécier l'existence.
Le débat est intéressant, car inévitablement, on évoque les drogues légales : tabac (13millions de dépendants en France), l'alcool (4 millions de dépendants). Avec ces 1 million de dépendants (tous ces chiffres sont des estimations), le cannabis reste raisonnable.
Oublions les chiffres des consommateurs occasionnels.
Un pro-dépénalisation vous dit, voyez les chiffres, ils sont ridicules face à l'alcool et au tabac, ils prouvent l'inutilité de réprimer.
Un anti-dépénalisation explique qu'il est déjà difficile, vu les chiffres, de s'occuper du tabac et de l'alcool, alors si on dépénalise le cannabis, voire le légalise…

Donc le débat s'élève à anti-drogue et pro-drogue, d'une certaine façon. Ce qui est certain pour tous les partis, quelle que soit la drogue : non au mineur.
L'alcool, le tabac, le cannabis, ce n'est pas bon ni pour les enfants ni pour les adolescents, dont le corps et le cerveau sont en pleine évolution.

Quel camp choisir ?
Comme le précise la médiatrice, les avis sont s'y tranchés, l'enjeu sociétal est si important, car il concerne toute la population d'un pays, qu'on se sent obligé d'être pour ou contre.
On rappelle l'enjeu économique, le coût de la répression (500 millions en France en 2007), mais quel serait le coût en terme de santé publique d'une dépénalisation ? En 2007, le business du cannabis est estimé à 832 millions d'euros (cocaïne=902 millions), c'est modeste comparé à l'alcool (25 milliards TTC en 2013) ou le tabac (18 milliards TTC en 2013).
Alors, faut-il légaliser cette drogue pour faire encore plus d'argent, si tout n'est que pognon dans l'existence ?
Rappelons qu'une légalisation n'entraîne pas l'absence de trafic (contrefaçon, produits frelatés, etc.). On le voit, les enjeux sont multiples, et pose à chacun son rapport à la société, entre vie privée et solidarité publique.
La prévention contre le tabac et la loi Evin ont tout de même limité la consommation de tabac, du moins en lieu public (pour ceux qui se rappellent les PMU enfumés). Pour l'alcoolisme, c'est moins perceptible, mais il y aurait a priori moins de consommation avant de prendre le volant, un indicateur très ciblé mais réel.

Une prévention contre les risques du cannabisme est indispensable. Pour ou contre l'enrichissement des dealers ? Idéalement contre. Mais faut-il encore faire de l'Etat un dealer légal ? Dépénaliser partiellement semble être un compromis là où une légalisation ressemble à un saut vers l'inconnu (le parallèle avec la prohibition américaine (1919-1933) me paraissant trop éloigné de son contexte).
A vous de vous faire votre avis en lisant ce livre… et d'autres.
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L'introduction retrace l'histoire de la pénalisation des usages du cannabis en France, qu'il s'agisse de sa seule consommation, de sa production, et de son commerce. Elle définit bien, également, la terminologie juridique. Elle donne aussi des indications chiffrées intéressantes sur la place de ce produit dans notre société.

Jean Costentin (docteur en médecin et en sciences), est farouchement opposé à la dépénalisation du cannabis. Son exposé est très instructif au sujet du mode d'action du THC, la substance psychoactive du cannabis, et par suite sur ses effets néfastes sur l'organisme lorsque ce dernier est consommé trop jeune, ou trop souvent et en trop grande quantité. Ainsi, il est intéressant de connaître les effets du passage de la fumée dans le liquide d'une pipe à eau.
Cet auteur raisonne cependant comme si tous les consommateurs de cannabis devenaient de gros consommateurs, rapidement même, ce qui est loin d'être le cas. Il exagère les conséquences néfastes du THC : ses pouvoirs addictifs et ses effets physiologiques, à un point tel qu'il apparaît qu'il déforme à escient la réalité. Enfin, et c'est sans doute là ce qui décrédibilise le plus son exposé, il mêle aux éléments scientifiques des considérations sociologiques, économiques et morales dignes de mouvements politiques conservateurs extrémistes… Il est pour le moins inquiétant de savoir qu'avec autant d'idées préconçues, il préside le CNPERT (Centre national de prévention, d'études, et de recherches sur les toxicomanies).

Les avis de Alain Rigaud (psychiatre et responsable d'un pôle d'addictologie à Reims), et même ceux de Laurent Appel (journaliste et militant pour la légalisation) sont nettement plus équilibrés. le premier admet les conséquences néfastes de la consommation abusive du cannabis, et cherche donc des réponses appropriées en matière de prévention. Leurs exposés m'ont cependant paradoxalement moins intéressés que le précédent, notamment parce qu'ils sont moins axés sur les aspects physiologiques.

Ce n'est qu'en partie "droit de réponse" qu'Alain Rigaud dénonce les exagérations de Jean Costentin en examinant les arguments scientifiques derrière lesquels s'abritait ce dernier.

En conclusion : un livre instructif, malgré les excès précités.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
[ propos de Jean Costentin (médecin) qui n'engagent que lui, la dernière phrase en particulier peut 'surprendre' ]
Il y a de plus en plus d'adultes consommateurs de cannabis. Ils ont commencé dans leur jeunesse. S'ils n'en ont pas subi trop de dommages, néanmoins ils ont sûrement moins bien fait qu'ils n'auraient pu s'ils ne s'étaient pas infligé les handicaps que crée cettte drogue (...). Souvent, ces consommateurs impénitents végètent dans des fonctions ne requérant pas la mobilisation du meilleur d'eux-mêmes. On exceptera, peut-être, le domaine artistique où le cannabis a pu faire naître une originalité délirante. Mais, comme on invalide une performance sportive quand elle porte la marque du dopage, ne devrait-on pas invalider une performance artistique qui porterait la marque des drogues ? (p. 66)
---> remarque innocente de lectrice, sans parti pris pro- ou anti-dépénalisation du cannabis : faut-il brûler les oeuvres de Freud, Baudelaire, Dickens, Poe, John Keats, Bob Marley, Sagan, Bowie, J. Joplin, et tellement d'autres ? Que/qui va-t-il rester ?
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En 1970 [...] l'incitation à la consommation [du tabac] était pourtant très forte, avec notamment la vente des "Parisiennes", les P4 - ces cigarettes vendues par paquets de quatre -, piégeant les plus jeunes, qui transféraient leur budget Carambar sur l'achat de leurs premières "clopes". Ceux qui n'étaient pas recrutés à ce stade étaient attendus par un deuxième piège lorsque, pendant leur service national, ils recevaient en don mensuel une cartouche des 'cigarettes de troupe'. A l'issue du service militaire, le nombre des captifs de la régie des tabacs culminait.
(p. 32)
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La prohibition du cannabis apparaît comme l'arbre qui cache la forêt de la dangerosité de l'alcool, licite et banalisé. Du point de vue des risques constatés, la dangerosité réelle et comparée du cannabis ne justifie pas le maintien de sa prohibition. La grande majorité (75 à 80%) des consommations ne posent pas de problèmes. Toutefois, comme elles peuvent induire des dommages plus ou moins importants chez certains individus et dans la société, il convient évidemment de les limiter au maximum - à l'instar de l'alcool et du tabac, qui sont les produits les plus dommageables en termes de santé publique et de coût social.
(p. 75-76)
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En France, environ 80 000 usagers de cannabis (2% des usagers dans l'année) s'approvisionnent exclusivement par l'auto-culture. En 2005, on estimait la production domestique à 32 tonnes d'herbe, qui représenteraient 11,5% des volumes consommés. (p. 23)
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