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EAN : 9782296017832
280 pages
Editions L'Harmattan (15/11/2006)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
La démocratie est prise en otage par les élites (parlementaires, judiciaires, religieuses, politiques au pouvoir, comme dans l'opposition, médiatiques). Recourrant à divers auteurs en science politique, ce livre donne des clefs pour mieux saisir dans le contexte sénégalais des notions telles que élites, partis, politique, démocratie. Coulibaly signe ici une contribution majeure aux pratiques de la science politique au Sénégal.
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Abdou Latif Coulibaly est probablement l'un des plus célèbres essayistes au Sénégal. Ce journaliste d'investigation s'était fait connaître dès 1999 par une enquête au sein du parti socialiste sénégalais qui, après quarante années de règne, allait quelques mois plus tard quitter le pouvoir (« le Sénégal à l'épreuve de la démocratie. Enquête sur 50 ans de lutte et de complots au sein de l'élite socialiste » L'Harmattan). Mais, il doit surtout sa célébrité à la publication en 2003 d'une biographie critique du nouveau président, « Wade, un opposant au pouvoir. L'alternance piégée », et à l'enquête qu'il consacrait en 2005 à l'assassinat du vice-président du Conseil constitutionnel, « Affaire Me Sèye : Un meurtre sur commande ». Avec ces deux ouvrages, bientôt relayés par le documentaire du cinéaste Jo Gaï Ramaka « Et si Latif avait raison ! », Coulibaly a donné une voix à tous les déçus du « Sopi », ces électeurs avides de changement qui avaient porté Abdoulaye Wade à la Présidence en 2000 et se réveillaient avec la gueule de bois quelques années plus tard.

Avec son dernier ouvrage, publié quelques mois avant le scrutin présidentiel du 25 février 2007, le célèbre journaliste enfonce le clou. La démocratie sénégalaise, dit-il, est prise en otage par ses élites. le banc des accusés est bien garni. Rares sont ceux qui échappent aux flèches assassines de ce nouveau Robespierre.

Parce qu'il lui a consacré ses deux précédents ouvrages, Coulibaly épargne l'actuel locataire de la Présidence. Il critique, en revanche, les partis politiques et la « transhumance » qui les caractérise. le phénomène est flagrant au Sénégal, comme dans bien d'autres pays africains. Et Coulibaly énumère avec un plaisir évident les propos assassins que les principaux alliés d'aujourd'hui du Président (Djibo Ka, Iba der Thiam, Landing Savané …) tenaient à son égard dix ans plus tôt.

Si les reproches qu'il adresse au pouvoir judiciaire sont sans surprise, le chapitre qu'il consacre au Parlement est captivant. Il montre que la logique majoritaire, au Sénégal comme en France, conduit à la soumission du législateur. Mais il appelle de ses voeux néanmoins un Parlement plus volontariste, qui ne se réduise pas à n'être qu'une chambre d'enregistrement des textes proposés par l'Exécutif, qui développe une expertise autonome, rédige ses propres propositions de lois, use de son droit d'amendement, interpelle par le jeu des questions écrites ou orales le Gouvernement, prenne part grâce à ses rapports au débat social ….

A côté des accusés, Coulibaly stigmatise les « complicités indifférentes » de cette prise d'otages. Il reproche aux intellectuels leur silence. Il critique la compromission des chefs religieux. Il dénonce les errances d'une société civile qui entend participer au débat politique alors que tel n'est pas son rôle. Il appelle au sursaut de citoyens victimes selon lui du « syndrome de Stockholm ». Il stigmatise la médiocrité des médias.

Ce jeu de massacres ne laisse guère de place à l'espoir.
C'est ce qui rend l'exercice un peu vain et lui donne paradoxalement sa valeur. Coulibalay a la tâche facile de l'accusateur un peu cuistre, qui accuse, sans rien proposer. Mais eût-il pris plus ouvertement parti pour l'un des candidats à l'élection présidentielle, son ouvrage aurait perdu en objectivité.
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