Qu'est-ce donc que ce « méchant exil » qui éloigne de la maison, du foyer ? Éloigne-t-il tant que ça ? Cet exil serait-il intérieur ? Serait-ce la fin de l'enfance ?
Autant de questions laissées sans réponses, et bien d'autres encore, et c'est tant mieux.
Dans ce si joli poème des précieuses éditions 10 pages au carré, les images, les jeux typographiques et le thésaurus final convoquent autant d'images qu'il y a de lectures.
Il y a quelque chose du conte, d'une forme de fantaisie qui tient un peu de littératures de l'imaginaire, et beaucoup de la fantaisie de l'enfance. Comme un regard sur le monde à travers les yeux d'un enfant.
Un regard qui passe du coq à l'âne, un regard enthousiaste et terrifié face à l'inconnu, un regard vers l'ailleurs qui semble loin car à hauteur d'enfant au delà du jardin, de la terrasse et de « la maison taille petit chien » c'est un autre monde.
On se plaît à lire plusieurs fois de suite ce poème que l'on semble comprendre un peu plus à chaque lecture, comme un infini millefeuille dont on égrène les strates sans jamais en atteindre le mystérieux coeur, et c'est tant mieux.
À découvrir aux éditions 10 pages au carré.
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Un poème où fantaisie et quotidien s'entremêlent et chantent le refrain de l'exil, de la possibilité d'être chez soi quelque part sur cette Terre ou dans sa maison.
Les mots de Sophie sont habités par un amour du dessin et nous emmènent vers un monde où gentils et méchants semblent à première vue dire quelque chose comme la fin de l'enfance, mais qui selon moi nous donnent plutôt une chance de recommencer celle-ci.
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l’effort c’est de rouler la maison
l’effort c’est de rouler la maison
toute la maison qui tombe et en bouillie y’a de tout
le bois mort et les épices
serviront aux lève-tard
papy m’a offert un bol
l’avenir appartient a ceux
qui se terrent tôt
oui je crois que c’était ça
et bye-bye parce que
méchant exil
les collines qui marchent
ramassent les fous des autres
les petits bouquets
germent au fond des antres
être petit terreau c’est comme
être fou de personne
c’est eux qui sanglotent et c’est tout
moi je ne vivrai pas longtemps…
moi je ne vivrai pas longtemps
mes pieds sont abîmés
mon cortège le chemin
sent le méchant chaos :
partout l’on croque
en jouant aux plus forts
annonçant l’exil
plus méchant terrible que nous
méchant exil
plus terrible que nous
…