AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Maryvonne Pettorelli (Traducteur)
EAN : 9782264033574
202 pages
10-18 (02/05/2002)
3.9/5   10 notes
Résumé :
Enterré sans les funérailles d'usage, Ermelindo Mucanga rêve d'une belle mort.
Un esprit lui permet de se réincarner dans la peau d'un inspecteur de police qui ne va pas tarder à être assassiné. Avec lui, Ermelindo enquête sur un crime commis dans un asile de vieillards. Mais qui est mort, qui est vivant ? [...] Une méditation en forme de récit merveilleux, l'une des plus belles œuvres du romancier mozambicain Mia Couto. " Le Monde des livres " Dans une langu... >Voir plus
Que lire après La véranda au frangipanierVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un roman empreint de poésie, de philosophie, écrit d'une écriture vivante et novatrice, que l'on se plaît à relire aussitôt pour en apprécier encore davantage les subtilités.
En arrière-fond, les séquelles et souvenirs de l'histoire du Mozambique, la guerre d'indépendance (1964/74, indépendance en 1975), et la guerre civile (1976/1992) qui fit 900.000 morts.

Un frangipanier occupe la véranda d'une ancienne forteresse coloniale, devenue après l'indépendance un asile pour vieillards.
Un homme est enterré au pied de l'arbre : c'est Ermelindo, qui fulmine de n'avoir pas eu droit aux funérailles rituelles, et qui tempête plus encore quand son compagnon le pangolin (halakavuma) lui apprend qu'il va être déterré pour des funérailles de héros national ! Lui qui n'a jamais eu rien d'un héros. Ah non ! Plutôt mourir ! Pardon, Ermelindo l'est déjà...
Le pangolin lui suggère de se réincarner temporairement dans un vivant qui soit au seuil de la mort... Ce sera donc dans la peau d'Izidine, un inspecteur de police...

En effet, Izidine a débarqué dans la forteresse pour enquêter sur la mort du directeur de l'asile, le vile mulâtre Vasto Excelêncio.
Le policier essaie de commencer ses interrogatoires auprès des personnes vivant sur place (mais des presque morts !): Navaïa Caetano l'enfant-vieux, Domingo Mourao le vieux Portugais, Nhonhoso le vieux noir qui titille Domingo le vieux blanc, Man Nenni la sorcière, Marta Gimo l'infirmière... Chacun déclare avoir commis le meurtre, pour ses raisons propres...

Ce roman traite des ravages de la guerre, la guerre d'indépendance, la guerre civile, toutes les guerres. Les populations après ces excès de violence ont perdu leurs repères d'humanité. Les petits vieux du roman de Mia Couto, isolés dans leur asile, "sont les gardiens du temple".
L'arrivée du policier les perturbe, mais finalement au fil de leurs récits, de leurs confessions, de leurs élucubrations aussi, la réalité point. Et le policier, humain, compréhensif (interpellé aussi par les écailles de pangolin qu'il ne cesse de découvrir dans ses affaires), qui devait être éliminé par les forces adverses (les trafiquants d'armes d'après-guerre) sera sauvé grâce à l'intervention des éléments de la nature (un orage formidable qui foudroiera l'hélicoptère ennemi), des croyances (le serpent des orages), et de l'amitié d'Ermelindo, le mort qui l'habite temporairement.
Lien : http://coquelicoquillages.bl..
Commenter  J’apprécie          20
Un OVNI du Mozambique métaphorique, truculent et souvent déjanté. Il est plutôt difficile d'accès, déroutant et a une signification assez cachée. Je l'ai pris pour une critique des guerres d'indépendance et de l'état du pays après l'indépendance en 1975.
J'ai adoré car c'est truculent, insolent, plein de verve et de merveilleux, souvent déjanté, bref jubilatoire. J'ai souvent rigolé. Une très belle découverte !
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Je suis mort. Si j'avais une croix ou une plaque de marbre on errait écrit dessus : Ermelindo Mucanga.Mais j'ai trépassé de conserve avec mon nom cela fait presque deux décades. J'ai été des années durant un vivant patenté, une personne de race autorisée. Je peux avoir mené ma vie avec droiture, je ne m'en suis pas moins disqualifié lors de mon décès. Cérémonie et tradition m'ont manqué lorsqu'on m'a enterré. Il ne s'en est même pas trouvé un seul pour me replier les genoux.
Commenter  J’apprécie          20
Jusqu'à être un jour réveillé par des coups et des trémulations. On trafiquait dans ma tombe. J'ai eu le temps de penser à ma cousine, la taupe, celle qui est devenue aveugle afin de pouvoir regarder les ténèbres, mais ce n'était pas cet animal fouisseur. Des pelles et des bêches profanaient le sacré. Qu'est-ce que, ravivant ainsi ma mort, trifouillaient ces gens ? J'ai tendu l'oreille et j'ai compris : nos dirigeants voulaient me transformer en héros national. M'emballer pour la gloire. Ils avaient déjà fait courir le bruit que j'étais mort au champ d'honneur, en luttant contre l'occupant colonial. Il leur fallait maintenant mes restes mortels. Ou mieux, mes restes immortels. Ils avaient besoin d'un héros, pas n'importe lequel. Il leur en fallait un qui soit de ma race, et de ma tribu et région. De manière à contenter les dissensions, à équilibrer les mécontentements. Ils voulaient mettre l'ethnie sur la sellette, ils voulaient râcler l'écorce pour exhiber le fruit. La nation avait besoin de mise en scène. A moins que ce soit le vice-versa ? Je passais de nécessiteux à nécessaire. Raison pour laquelle ils creusaient pour moi un cimetière, tout au fond de la cour de la citadelle. Lorsque je m'en aperçus, je restai quasi sans contenance.
Commenter  J’apprécie          00
Des frères ? Ceux qu'ils appelaient des "frères" n'avaient aucune parenté avec moi. C'étaient des révolutionnaires, des guérilleros. Ils luttaient contre le gouvernement des Portugais. Je n'avais pas le coeur de me mêler de ces conflits. J'avais toujours étudié à la mission, chez les pères. Ils m'avaient éduqué dans une langue qui ne m'était pas maternelle.
Commenter  J’apprécie          20
Le coupable que vous cherchez, cher Izidine, n'est pas quelqu'un. C'est la guerre. C'est la guerre la coupable de toutes les fautes. C'est elle qui a tué Vasto. C'est elle qui a déchiré ce monde où les gens âgés avaient jadis lustre et légitimité. Ces vieillards qui pourrissent ici, avant le conflit on les entourait. Il y avait un monde qui les aimait, les familles se mettaient en peine pour les vieux. Après, la violence a entraîné d'autres urgences. Et les vieillards ont été expulsés, hors du monde, hors de nous-mêmes.
Commenter  J’apprécie          10
Ces vieillards ne sont pas que seulement des gens.
- Que sont-ils alors ?
- Ils sont les gardiens d'un monde. Et c'est tout ce monde-là qui se meurt.
- Pardonnez-moi, mais ces choses, pour moi, sont de la philosophie. Je suis un simple policier.
- Le vrai crime que je vois se perpétrer ici est qu'on est en train d'exterminer les temps d'antan.
- Je ne comprends toujours pas.
- On est en train d'éliminer les dernières racines susceptibles d'empêcher que nous devenions comme vous...
- Comme moi ?
- Oui, monsieur l'inspecteur. Des gens sans histoire. Des gens qui n'ont d'existence que mimétique.
- Du baratin. La vérité, c'est que les temps changent. Ces vieillards sont une génération du passé.
- Mais ces vieillards, c'est en nous qu'ils meurent.
En se frappant la poitrine, l'infirmière insista :
- C'est là, au fond de nous, qu'ils sont en train de mourir.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Mia Couto (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mia Couto
Dimanche 2 octobre 2022 Clôture du FIG 2022 et annonces du FIG 2023 avec François-Xavier FAUVELLE, président 2022, Merieme CHADID, grand témoin 2022, Mia COUTO, président du Salon du Livre 2022, Bruno TOUSSAINT, maire de Saint-Dié-des-Vosges et Thibaut SARDIER, président de l'ADFIG
autres livres classés : littérature du mozambiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (24) Voir plus




{* *}