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EAN : 9791022612425
224 pages
Editions Métailié (10/02/2023)
3.56/5   36 notes
Résumé :
Tous les écrivains veulent être Dieu, mais leurs créatures demandent des comptes !

Une rencontre d’écrivains dans un festival littéraire sur l’île de Mozambique. Une jeune femme sur le point d’accoucher. Soudain l’île est coupée du continent et enveloppée de brouillard, personne ne peut la quitter.
Puis des personnages étranges se mêlent aux écrivains et leur demandent des comptes : ce sont les personnages de leurs œuvres !
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 36 notes
C'est le grand jour sur l'île du Mozambique. le grand festival littéraire va ouvrir ses portes, avec en invités les plus grands romanciers africains venus discourir sur leurs conditions, celle d'être écrivain, celle d'être africain, celle d'être femme africaine. Être écrivain, c'est avant tout poser son regard sur la beauté. Celle qui t'entoure, le rivage avec les vagues venues lécher langoureusement l'étendue de sable blanc, les fesses de cette belle femme noire venues caresser l'air de ce trottoir, le sourire de la lune quand le soleil se couche au-delà de l'horizon. Et puis le blizzard, avis de tempête, les vents se lèvent la poussière fouette les cases, les palmiers se couchent dans une atmosphère apocalyptique. Serait-ce la fin du monde sur cette île qui donnera une nouvelle couleur à ce dernier festival littéraire ?

Jour 2. Après la tempête. L'île est seule, entourée de brumes. Plus personne n'arrive, comme coupée du monde. Certains tentent de partir, de l'autre côté du pont, mais personne ne revient. Les réseaux téléphoniques et internet demeurent silencieux. Et sans internet, que nous reste-t-il du monde des vivants. Rien. A croire qu'ils sont tous morts. Que faire, à part contempler la mer, cet océan bleuté avec une bouteille de bière à ses pieds, et lire un excellent bouquin troublé par les effluves de cette île, regardant passer les vivants et les autres.

Alors que je m'imagine être caressé par le soleil, la peau séchée au goût de sel, je la vois passer, une noire déguenillée qui parle un dialecte qui m'est inconnu. Je sens une ombre me frôler tout d'un coup, un type me regarde étrangement attendant probablement des réponses que je n'ai pas. Qui sont ces autres. Des doubles d'écrivains, des êtres sortis de l'imagination de leur page. Bien étrange cette histoire, quand je vous dis que c'est la fin du monde, il n'y a même plus de glace pour rafraîchir les idées et le corps, même la bière est tiède maintenant. Jusqu'à quand vont-ils tenir sur cette île du Mozambique. Heureusement le festival clôture dans trois jours. Bien étrange ce roman, mais passionnant et vivant et poétique comme le Mozambique.
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Bienvenue au festival littéraire de l'île de Mozambique, où vous pourrez assister à des rencontres et débats entres les plus grands écrivains africains du moment, venus parler de leur métier, de leurs livres, de l'Afrique, de ce que signifie être africain ou africaine dans notre monde si contemporain et moderne.

Dans une ambiance détendue et un décor de plage et de soleil, tout est prévu pour que tout se déroule au mieux, même si Moïra, l'organisatrice du festival, est sur le point d'accoucher.

Puis survient une tempête, voire un cataclysme, il n'y a plus ni téléphone ni internet, l'île est coupée du monde, isolée et perdue dans un brouillard tenace. Sont-ils donc tous morts, là-bas sur le continent et au-delà ? Faudra-t-il reconstruire le monde à l'image de l'île, une fois que le brouillard se sera dissipé ? Ou alors, c'est peut-être l'île qui a disparu corps et âmes de la surface de la Terre, pendant que le monde continue de tourner ? Et dans ce cas, les occupants de l'île sont-ils morts à ce monde mais bien vivants ailleurs ? Et qui sont ces personnages étranges, apparus de nulle part mais dont on pourrait jurer qu'ils sortent des pages des livres des écrivains invités au festival ? Qui sont les « vivants » et qui sont ces « autres » ?

Autant de questions qui se posent au lecteur au fil des pages de ce mystérieux « Les vivants et les autres ». On y retrouve Moïra et son mari Daniel Benchimol (qui s'étaient rencontrés dans « La société des rêveurs involontaires »), non plus en Angola mais de l'autre côté du continent, et il n'est plus question de dictature (sauf peut-être de celle du monde virtuel d'internet), mais de création littéraire. C'est le pouvoir de la fiction, son pouvoir (quasi magique ici) de créer le ou un monde, qui est questionné dans ce roman à la lisière du fantastique, poétique et plein de charme(s), donc envoûtant, et tellement riche et subtil qu'il mériterait au moins une lecture supplémentaire.

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Daniel Benchimol vit heureux depuis trois ans dans l'île de Mozambique, aux côtés de Moira, sur le point d'accoucher de leur bébé. Un festival littéraire est en préparation sur la petite île. Il doit accueillir essentiellement des écrivains de différents pays d'Afrique. Plusieurs participants sont déjà arrivés, mais pas tous. le roman se déroule sur sept jours, et le premier se révèle un peu essoufflant pour le lecteur à qui José Eduardo Agualusa présente de nombreux personnages : Uli Lima, Ofelia Easterman, Luzia Valente, Cornelia Olukum et Jude d'Souza, tous écrivains, presque tous déjà célèbres, auxquels il faut ajouter Abdul, un serveur, sa grand-mère, dona Cinema, ainsi que Pierre, le mari de Cornelia, resté sur le continent. Ces deux-là sont pendus au téléphone… Ça fait beaucoup de monde en quatorze pages et six courts chapitres. Dès le début du deuxième jour, l'atmosphère change : l'électricité est coupée ainsi que tous les moyens de communication, Internet inclus. On comprend qu'il y a une tempête sur le continent, et si on peut prendre le pont pour sortir de l'île, personne n'est arrivé depuis la veille, et ça n'est pas normal : il y a peu de manifestations de ce type en Afrique et les écrivains invités ne manqueraient l'événement pour rien au monde !
***
Que vont bien pouvoir faire des écrivains confinés sur une île, sans autre public qu'eux-mêmes ? Eh mais ils vont parler d'autres écrivains, de littérature, de fiction, de l'identité africaine et plus particulièrement des écrivains africains vus par les autres et par eux-mêmes, ce qu'ils projettent et ce qu'ils sont. Ofelia, par exemple. Elle est poète et elle cultive un vrai franc-parler : radicale en entrevue, parfois jusqu'à l'impolitesse… Elle considère Daniel comme un bon journaliste, mais le trouve médiocre comme écrivain. Elle juge ses romans puérils et prétentieux. Elle n'en revient pas qu'ils se vendent aussi bien ! Au contraire, elle apprécie Uli : il a du talent, et en plus, il est bel homme... Amitié, envie, admiration, jalousie, lucidité, cynisme, etc., mais aussi magie, rêve, réalité et fiction, des discussions passionnantes s'engagent. Voilà cependant qu'apparaissent des inconnus (des inconnus, vraiment ?) et que quelqu'un apporte à Daniel un manuscrit qu'il connaît parfaitement…
***
Je me suis laissé prendre au charme de l'écriture de Les Vivants et les autres. Ce beau roman vous entrainera dans un monde réel et merveilleux où vous serez intrigué par un étrange corbeau, par un femme-blatte, par des voix inconnues et des rencontres incongrues. Ce texte vous emplira de poésie, vous régalera de trouvailles, vous fera peut-être vérifier lesquels, parmi tous ces écrivains, existent vraiment, mais peu importe dans le fond. le ton en apparence léger, souvent humoristique, n'empêche pas la réflexion, pas plus d'ailleurs que les aphorismes ou la subversion des idées reçues. Un vrai plaisir de lecture. Cependant, encore une fois, je me permets de vous recommander de ne pas lire la quatrième de couverture ! Encore une fois, elle dévoile une clé importante pour la compréhension et gâche complètement la surprise que l'on ne découvre qu'à la page 128. Dommage, vraiment dommage…
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Merci à Babelio et aux éditions Métailié : j'ai reçu ce beau roman grâce à l'opération Masse critique littérature de janvier.
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Oh la la ! Ce roman est un coup de coeur énorme. En aparté d'abord, il devrait être lu par tout écrivain qui se pose des questions sur ce qui est attendu de lui, les attentions qu'il devrait avoir pour être un écrivain qui impressionne, qui marque, qui fait rêver, qui bouscule. Pour éviter, comme le dit notre auteur, de faire un livre de plus qui n'a pour seul mérite que l'oubli qu'il engendrera. L'histoire est originale, pleine de contes farfelus, de proverbes déconcertants, et surtout de poésie hallucinante. On nage entre réalité et surnaturel, on ne sait plus le vrai du faux mais on en redemande. Pour tenter un résumé forcément maladroit : des auteurs africains sont invités à une conférence sur une île mais un orage étrange les fait vriller vers un monde imaginaire où ils côtoient les personnages de leurs romans, qui leur demande des comptes, et qui les mettent face à leur créativité : des dieux devant leur création. Et même si la fin est ouverte à la compréhension - mais après tant de poésie, n'est-ce pas un minimum - ce délire d'écrivain est de toute beauté, et fait partie de ces chefs d'oeuvre très rares : à peine terminé, on veut le recommencer, pour le re-découvrir tant il est riche. Inoubliable : je viens de tomber en amour d'une écriture qui fait chanter, danser, émouvoir, l'universel.
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Sur une île du Mozambique, on fait la connaissance de Daniel et son épouse Moïra, dont la grossesse arrive à son terme, alors que va débuter un festival littéraire qui accueille des écrivains africains pour la plupart lusophone. L'ile est paradisiaque la mer le sable, le soleil… Soudain une violente tempête s'abat et toutes les communications sont coupées, il n'y a plus aucun contact entre l'île et le reste du monde.

On va assister à un feu d'artifice de réflexions : qui sont les vivants, et les autres, ceux qui sont seuls sur l'île, ou ceux du continent, des discussions s'installent entre ces écrivains venus parler de leurs livres. Quel est le rôle d'un roman quand il y a une tragédie, que peut-il apporter ? deviendrait-il dérisoire ? Les personnalités de chacun se révèlent, les interactions. Que deviennent les petits egos de chacun dans la tourmente ?

L'histoire se déroule sur sept jours, (comme la Genèse ?) et José Eduardo Agualusa nous entraîne au passage vers l'Enfer, ou le Paradis, truffant son récit de contes ou de légendes, nous interrogeant, comme ses personnages, sur la littérature, la fiction, le processus de la création qu'elle soit littéraire ou plus globale, plus philosophique, sur la notoriété, et même sur l'africanité : sans Internet ni communication que reste-t-il à notre époque ?

J'ai beaucoup aimé la réflexion que nous propose l'auteur, la poésie de l'écriture, son univers, avec des rencontres étranges, telle la mystérieuse femme-blatte. Au départ, j'ai choisi ce roman pour mieux connaître les anciennes colonies portugaise, Cap Vert, Angola, Mozambique… et découvrir leurs écrivains réels ou imaginaires car l'auteur nous promène et cherche à nous désorienter.

Ce roman m'a permis de découvrir José Eduardo Agualusa et sa plume magique, je n'avais qu'une seule envie en tournant la dernière page, le lire une deuxième fois pour apprécier les détails ou situations qui auraient pu m'échapper, tant j'étais plongée dans ma lecture.

Ma PAL va être ravie car je viens de l'alourdir un peu plus avec « La société des rêveurs involontaires » de l'auteur, pour le plaisir de retrouver Daniel et Moïra, ainsi qu'une petite sélection d'auteurs du Cap Vert, du Mozambique, et Angola entre autres… mais depuis le temps elle a l'habitude de ma boulimie littéraire…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Métailié qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur (dont je compte sur l'indulgence pour le retard accumulé ces derniers mois).

#LesVivantsetlesautres #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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critiques presse (2)
LeMonde
09 mai 2023
Si le festival littéraire imaginé dans Les Vivants et les Autres par José Eduardo Agualusa paraît idyllique comparé aux manifestations organisées en France, le dispositif demeure celui d’une expérience scientifique – ou plutôt philosophique, comme le laisse entendre le poème en exergue du roman.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
21 mars 2023
Dans Les Vivants et les Autres, l’écrivain angolais José Eduardo Agualusa a mis en scène ces proximités soudaines et improbables en évoquant une rencontre entre trois douzaines d’écrivains africains sur l’île de Mozambique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Luzia se réveille couchée sur le côté, avec la sensation qu'il y a quelqu'un allongé, immobile, derrière elle. Cela arrive fréquemment, et pourtant elle s'affole à chaque fois. Il est un peu plus d'une heure du matin. La jeune femme se lève, ouvre la porte qui donne sur la terrasse et sort. L'air chaud et humide se colle à son corps comme un peignoir de soie. Il y a un homme assis sur le ponton, face à la mer mais il n'y a pas de mer. L'eau semble avoir reculé presque jusqu'à l'horizon. Les silhouettes des barques enterrées dans le sable se dressent à la rencontre de la Voie lactée. Elle pense qu'elle pourrait vivre pour toujours dans cette île. Elle s'imagine pendant un court instant vieillir à l'une des tables de café Âncora de Ouro, en regardant les enfants qui jouent dehors devenir des vieux, et donc elle décide que non, il vaut mieux continuer de vivre à Luanda, nourrie de l'énergie bruyante de la grande ville, pleurant parfois, mais riant le plus souvent, même quand tout semble perdu.
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- Pouvons-nous penser à votre livre comme un hommage à Kafka et à toute la grande littérature occidentale ?
- Vous pouvez penser ce que vous voulez, répond Cornelia exaspérée. N'importe quel roman, s'il est assez bon, est un hommage aux dizaines ou centaines qui l'ont précédé. Dans ma bibliothèque, comme dans la vie, je ne classe pas les livres selon la nationalité des auteurs. Je ne demande pas aux gens d'où ils viennent. Ce que je veux savoir c'est qui ils sont. Alors je leur demande ce qu'ils aiment lire.
- C'est pourtant un classement possible, celui de la bibliothèque, insiste Jussara. Comment organisez-vous la vôtre ?
- Selon la couleur des tranches. Rouge, orange, jaune, vert, bleu...
Le public rit.
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- Non, mais sérieusement. Tu n'as pas l'impression qu'il y a quelque chose qui ne va pas?
- Presque tout.
- Je veux dire, sur cette île.
- Tu as cette impression, à cause d'Internet. Ou plutôt, parce que nous n'avons plus Internet.
- Qu'est-ce que tu veux dire?
- Tu es en état de privation d'une réalité virtuelle depuis plusieurs jours. D'ailleurs l'expression "réalité virtuelle" est curieuse...
- Je sais, une contradiction dans les termes.
- Nous passons de plus en plus de temps plongés dans cette réalité irréelle. Et privés d'elle, nous nous inquiétons. Il se passe quelque chose de pareil si nous passons dix heures d'affilée concentrées dans la lecture d'un beau roman. Au moment où nous posons le livre et nous nous levons, le monde autour de nous nous paraît faux, incohérent et peu solide.
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Au Brésil, une de ses amies lui avait prêté le premier roman de Daniel, qu’elle n’avait pas aimé. « Cest emmerdant et prétentieux », avait-elle dit en rendant le livre. Au bout de quelques années, alors qu’elle vivait au Cap, elle l’avait relu et il lui avait semblé différent. Elle avait ri toute seule. Elle avait pleuré, bouleversée, en se rendant compte que la narratrice du roman c’était elle, dans un passé qu’elle n’avait jamais habité. Elle avait ainsi découvert que personne ne lit le même livre deux fois. Un peu plus tard, elle se rendrait compte que personne ne lit les mêmes livres – en lisant les mêmes livres.
(p. 76-77)
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- Je suis désolé de ce qui s'est passé avec Internet, dit Daniel.
- Et que s'est-il passé avec Internet ?
- Nous n'y avons plus accès. Et pas de téléphone non plus, se plaint Cornelia.
- Mais on a cette lumière, mon amie. Le ciel d'Afrique. La mer si différente de la nôtre. As-tu une seule fois nagé dans l'océan Indien ?
- Il faut que je travaille.
- Nous sommes des écrivains. Notre travail consiste à absorber la lumière, comme les plantes. A transformer la lumière en matière vivante. Est-ce que tu arrives à écrire sans commencer par t'enchanter ?
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