Nous sommes à la fin du dix neuvième siècle en Angleterre.
Oscar Wilde est sur le point de passer en jugement, accusé de moeurs contre-nature. Or deux hommes s‘apprêtent à publier un ouvrage sulfureux, dont le titre L'inversion sexuelle ne laisse aucun doute sur le sujet abordé. C'est très risqué dans le contexte social particulier de cette fin de siècle. D'autant que la vie privée de ces deux auteurs pourrait attirer l'attention des censeurs et les exposer aux mêmes dangers que le célèbre poète.
Si le livre en question a réellement été publié, par les auteurs dont les noms ont été légèrement modifiés, leur collaboration est toujours restée à distance, puisque les hommes ne se sont pas rencontrés. Mais l'histoire n'en est pas moins proche de la réalité.
Le roman attire l'attention sur le pouvoir de la police des bonnes moeurs de régenter la vie privée des hommes et des femmes de l'époque. Pure hypocrisie, et produit d'une éducation très contrainte. Il n'empêche que la loi était claire, la peine de travaux forcés pouvant être l'issue de tels procès. Pour comparer les choses en France l'homosexualité ne relevait pas de la justice.
Le début du roman m'a fait craindre une complaisance marquée pour les scènes de sexe, qui n'apportent pas grand-chose à la compréhension de la thèse soutenue. Heureusement, au fil des pages, les êtres comme l'auteur se sont apaisés !
Le roman met donc en lumière le difficile chemin de croix des « invertis », et de la nécessité de vivre leurs passions dans l'ombre sous peine de représailles.
A noter des formules un peu sibyllines (problème de traduction ?) :
«- Quel âge avez-vous ? demanda Jacques.
–30 ans, répondit-elle en retroussant la lèvre. Et j'ai malheureusement pris dans le cerveau.
- Toujours dangereux ?
–Très. »
Ou encore :
Son oeil suivait à côté de lui, le mouvement de la manche de Jack, verte au-dessus de l'assiette blanche. Avec Jacques, le fait invisible était encore replié sur lui-même ; c'était un secret dans le secret.
La lumière du soleil constitue un élément important de la narration, puisqu'elle introduit chaque chapitre, par une description des effets d'ombres et de lumière à travers les ouvertures vitrées des lieux. Là encore les expressions sont parfois un peu étranges.
Au delà donc du thème et de la thèse, on pourra se souvenir d'un style personnel de cet auteur dont c'est le premier roman
464 pages Bourgois 24 août 2023
Traduction (Anglais) :
Etienne Gomez
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