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EAN : 9782702188316
500 pages
Calmann-Lévy (23/08/2023)
3.46/5   25 notes
Résumé :
"La guerre a une odeur et des bruits bien à elle, tout et tout le monde en sont imprégnés, les petits cheveux sur ta nuque se hérissent, l'air se raréfie et le peu qui en reste a des relents de sang et de sueur mortelle". 28 juin 1914. Tandis que l'archiduc François-Ferdinand arrive à Sarajevo en grande pompe, Rafael Pinto, Juif séfarade et apothicaire, concocte des remèdes aux herbes dans sa boutique.

Pinto est loin d'imaginer qu'un conflit d'une va... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Cette épopée romanesque se déroule durant le XXème siècle et débute peu de temps après l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand et de son épouse lors d'un voyage à Sarajevo. Cet événement marquera le début de la Première Guerre Mondiale. On y suit, Rafael Pinto, Juif séfarade et apothicaire à Sarajevo, qui va s'engager dans l'armée austro-hongroise et rencontrer, Osman, Bosniaque Musulman dans les tranchées d'Ukraine. S'ensuivra une odyssée vers l'Est, jusqu'aux confins de l'Asie, parsemée de nombreuses embûches, d'horreurs et de souffrances.

Ce qui pourrait s'apparenter à un énième roman sur la guerre et ses conséquences est en fait un travail de très longue haleine entrepris par l'écrivain, Aleksandar Hemon, auteur du « Projet Lazarus ». Originaire lui-même de Sarajevo, il était aux Etats-Unis pour apprendre l'anglais, lorsque la guerre a éclaté dans son pays en 1992. Dans l'impossibilité de rentrer chez lui, il s'installe alors en Amérique.

Cette fresque grave sur l'exil est donc librement inspirée de l'histoire de ses ancêtres, de ses racines. Évoquant tout un pan de la Yougoslavie, de l'Europe et d'une partie de l'Asie courant du vingtième siècle, c'est aussi une sorte d'hommage aux réfugiés devant fuir les combats, les guerres.

Les pages égrènent de nombreux termes et passages en langues étrangères (spanjol, allemand, tadjik, bosnien,…) qui n'ont pas été traduits. Cela est dû au desiderata de l'éditeur francophone de poursuivre ce qui avait été fait par son homologue américain. Même si je comprends très bien cette intention, cela casse bien souvent le rythme de l'histoire et engendre le risque de perdre plus d'un lecteur. Il en est de même pour les multiples digressions.

Malgré la beauté du récit, ce livre n'est pas à la portée de tout lecteur. Nécessitant une lecture attentive, ce roman exigeant est malgré tout intéressant et fascinant. Découvrant ainsi tout un pan de cette Première Guerre Mondiale à l'Est, j'ai apprécié particulièrement l'union entre Pinto et Osman.

C'est ainsi que malgré les quelques difficultés qui peuvent entourer cet ouvrage, je vous le conseille malgré tout. Raisonnant de vérités, il est encore plus d'actualités en cette fin d'année 2023.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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C'est bien parce que je me suis engagée à lire ce livre en avant-première de la rentrée littéraire 2023 en tant que jury du 22ème Prix du roman Fnac que je suis allée jusqu'au bout de cette lecture qui a été plutôt douloureuse même si j'ai fini par comprendre l'intention de l'auteur.

Dans "Un monde de ciel et de terre" l'écrivain bosniaque Aleksandar Hemon raconte l'histoire de Rafael Pinto, apothicaire à Sarajevo, qui va traverser le vingtième siècle entre guerre, horreur et déchéance.
En 1914, il assiste à l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand. Cela va déclencher la première guerre mondiale dont on a l'impression que Pinto ne voit jamais la fin. Il se retrouve au front dans l'armée austro-hongroise où il tombe amoureux d'Osman qui est musulman alors que lui est juif. Pourtant, rien ne va les séparer, pas même la mort.

À partir de là tout va mal tourner (ou plutôt rien ne va s'arranger) puisqu'ils se retrouvent dans une prison russe glaciale du Turkestan où ils vivent l'horreur, ensemble. Alors que leur seul désir est de retourner à Sarajevo leur chemin se poursuit à l'opposé, vers Shanghai.
Pinto ira seul, ou plutôt avec Rahela sur son dos, le bébé d'une jeune russe morte en couche et d'Osman disparu, probablement mort aussi. Leur traversée des montagnes du Turkestan et des déserts de Chine durera des années. Tout ça pour atterrir à Shanghai où Rafael deviendra opiomane.
Bref, leur vie d'errance et de misère est ponctuée de douleurs. Ils traversent les guerres et les conflits dans d'atroces conditions dont les descriptions sont assez écoeurantes.

Je n'ai pas du tout aimé la façon dont l'auteur écrit cette histoire que j'ai trouvé fatigante à lire. Il utilise en permanence des mots et des phrases en langues étrangères non traduites (en bosnien, spanjol, allemand, tadjik, kirghize, ouïghour et dialectes inconnus). Même Pinto et Rahela échangent dans une langue que personne dans le monde ne pratique à part eux deux, parce que "personne n'avait affronté les épreuves qu'ils avaient affrontées". Cela signifie que le lecteur est dans l'obligation d'accepter un vocabulaire inconnu pour comprendre que les réfugiés parlent toutes les langues. Et bien non, je n'apprécie pas cette façon de décrire cette épopée errante d'autant plus qu'il y a beaucoup de répétitions et de trop longues digressions notamment pour interpeller le Seigneur à tous moments.
Le seul point positif est la passion de Pinto pour Osman qui l'accompagne en rêve après sa mort, un amour absolu qui pourrait être le moteur de l'histoire parce qu'il donne la force de vivre à celui qui reste.
Comme je l'ai lu, Aleksandar Hemon est probablement un expert en écriture sur la guerre et la souffrance mais sa façon de le faire n'est pas à mon goût.


Challenge Pavés 2023
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Des Balkans à Israël, en passant par l'Extrême-Orient

Lire la biographie d'Aleksandar Hemon éclaire en partie la trame d'Un monde de ciel et de terre. D'origine ukrainienne et serbe, il a vécu à Sarajevo puis aux États-Unis. Alors éclatent les guerres de Yougoslavie, et il décide de poursuive sa carrière dans le pays de l'oncle Sam. Ses premières nouvelles évoquent de façon fictionnelle ce parcours multiculturel, dont un des personnages revient dans L'espoir est une chose ridicule. Avec le projet Lazarus, l'auteur utilise le voyage d'un personnage au travers de pays de l'Europe de l'Est ravagés par la guerre pour élaborer un roman salué par la critique. Plus de dix ans plus tard, il fait revenir dans Un monde de ciel et de terre ses protagonistes dans son pays natal avant de les faire voyager à travers plusieurs pays, durant la première moitié du XXe siècle. Figurant dans la première sélection des romans étrangers du prix Femina, l'ouvrage nous fait parcourir plusieurs continents, en suivant la figure d'un homosexuel au destin singulier.

Le début

Dans son échoppe, l'apothicaire Rafael Pinto se prépare à la visite à Sarajevo de celui qu'il nomme l'archiduc Franz Ferdinand von Österreich-Este, héritier présomptif de l'Empire des Habsbourg et inspecteur général des armées impériales et royales. À ses heures perdues, Pinto écrit des poèmes en allemand et en bosnien, voire en spanjol, la langue que parlait son Nono. Kaspar, un officier de l'armée entre dans la pharmacie avec son costume d'apparat, ce qui provoque chez Rafael des tressaillements de désir. Il vient acheter une poudre pour calmer ses maux de tête, et Pinto fantasme sur une potentielle aventure et se remémore ses passades à Vienne avec des inconnus. Il se décide à embrasser l'officier avant qu'il ne parte, et ce baiser furtif est brièvement partagé avant que Kaspar ne se recule et ne s'en aille. Après un court moment, Rafael le suit et se trouve au milieu de la foule venue accueillir l'empereur. Soudain, il voit une automobile dans laquelle sont assis l'archiduc et son épouse.

Analyse

Dès la deuxième page d'Un monde de ciel et de terre, la traductrice nous prévient que des phrases et des mots issus de diverses langues étrangères vont parsemer le roman. Ainsi, régulièrement apparaîtront des expressions en spanjol, dérivé de l'hébreu et du castillan que l'on nomme aussi ladino, en allemand ou en bosniaque, jamais traduites. Si la signification propre de ces termes n'est pas essentiel à la narration, libre au lecteur de se laisser emporter par cette musicalité des mots, ou pas. Ils traduisent bien sûr la perte d'un chez-soi que le protagoniste, Pinto, n'aura de cesse de chercher, et le sentiment d'inquiétante étrangeté qu'il va vivre au quotidien, où qu'il soit. C'est d'ailleurs dans un langage propre à eux deux qu'il va s'exprimer avec sa fille Rahela, elle-même enfant de l'exil. On comprend assez aisément la volonté d'Aleksandar Hemon, que de nous emporter dans une épopée qui traverse le XXe siècle, ses guerres et ses chamboulements.

Ainsi Pinto va-t-il rencontrer son grand amour Osman dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale. C'est d'ailleurs le personnage le plus charismatique et le plus intéressant d'Un monde de ciel et de terre. Osman est un médecin beau et intelligent, qui séduit hommes et femmes, de la diaphane Klara Isakovna, avec qui il aura une fille, Rafaela, qui sera élevée par Pinto, au fougueux Moser-Ethering, espion secret britannique inspiré, entre autres par le colonel Frederick Bailey. Et leur amour va durer à la fois peu de temps et longtemps, puisqu'ils ne se connaîtrons physiquement que durant moins d'une petite dizaine d'années, et éternellement, puisque Pinto n'aura de cesse de voir le visage de son bien-aimé et d'entendre sa voix, au-delà du temps et de l'espace. C'est un des aspects assez déstabilisant du roman, que de nous figurer de façon régulière la présence d'un spectre, non seulement auprès de son amant éploré, mais de plusieurs autres personnages qui ne l'ont même pas connu.

De façon toute aussi régulière, Un monde de ciel et de terre est parsemé de référence hébraïques, et Pinto n'aura-t-il de cesse d'invoquer le Seigneur et ses desseins. C'est assez lourd, et à cela s'ajoute de nombreuses digressions, comme par exemple les histoires que raconte Osman, métaphores des situations qui nous sont présentées. On se perd assez régulièrement, et on a souvent l'envie de passer plusieurs passages, tout en sachant qu'ils ne sont pas essentiels à la narration. Sans doute une relecture plus minutieuse aurait permis de couper plusieurs parties de cette histoire au long fleuve, rendant plus digeste la lecture. Pourtant les intentions d'Aleksandar Hemon sont-elles bonnes, et son roman est-il truffé de belles idées qu'il n'exploite pas toujours. L'atout principal du livre réside dans ces personnages aventureux et mystérieux, en particulier les seconds-rôles tels que Moser-Ethering et Osman, mais ils ne sont pas assez approfondis, et c'est bien dommage.
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Odeurs d'arrière boutique, décors chamarrés, une simplicité d'esprit sous-tendant une sincérité curieuse de naïveté osée et nous voici pris au jeu d'une aventure goûtue.
Et puis voilà qu'on peine à lire dans la durée, qu'on peine à croire à ce que remue ce texte traduit de l'anglais et si imbriqué dans des langues en palais si différents.
Et pourtant, malgré la fatigue de longueurs de malheurs vient la question de cet invraisemblable qui n'est pas si incohérent.
Il y a quelque chose à gagner de tenir jusqu'au bout de ce récit si typé et si atypique, à l'empathie ni conquérante ni convaincante.
Comme pour le livre de Sorj Chalendon, le quatrième mur, le fait d'avoir trempé ses pieds dans les territoires peut aider à vibrer. Avoir voyagé et laissé nos oreilles ouvertes aux mélanges des idiomes peut aussi orienter nos déboussolements. Mais se laisser simplement aller à la véracité de ces mondes en guerre peut suffire à ne pas être défaits.
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C'est le roman bosnien de la rentrée, l'unique qui soit, autant que je sache. le roman, publié aux Éditions Calmann-Levy, a certes été écrit en anglais, mais il ne respire que par Sarajevo, la ville de naissance de l'auteur Aleksandar Hemon. Il a émigré aux Etats-Unis à l'heure de la Guerre de Yougoslavie en 1992, il y est resté, et depuis il écrit en anglais. Son oeuvre témoigne de son attachement à ce qui reste de son pays d'origine, la Bosnie-Herzégovine depuis l'éclatement yougoslave. Dans ce roman fresque, il a choisi de retracer la vie de Rafael Pinto, juif séfarade, issu d'une lignée de pharmaciens propriétaires d'une Apotheke à Sarajevo : depuis 1914, soit quelques jours avant l'assassinat à quelques pas de chez lui de l'Archiduc et de son épouse, jusqu'à une certaine rencontre qu'il a faite en 2001, à l'origine de ce texte.


L'histoire de Rafael Pinto nous fera traverser quasiment un siècle d'histoire, depuis 1914 jusqu'aux tout premiers mois du nouveau millénaire, et la moitié du territoire euroasiatique, depuis la centrale Sarajevo jusqu'à la Chine. Fervent admirateur de l'archiduc Franz-Ferdinand d'Autriche, héritier présomptif de l'empire Austro-Hongrois, et son épouse Sophie, c'est avec beaucoup d'impatience qu'il imagine sa venue dans son échoppe. La suite de l'histoire est archi-connue, le couple impérial est assassiné par un anarchiste serbe, le Première Guerre mondial est inévitable. Rafael est mobilisé : son départ pour le front est le début de son autre vie, un long chemin vers l'orient. Il aime les hommes et son amant Osman Karišik avec lequel il partage quelques moments volés juste au bord des champs de mines. La guerre s'éternise, Sarajevo est devenue un souvenir réconfortant de plus en plus lointain dans le cerveau saturé par la destruction de Rafael, même son amant devient un fantôme. Adoptant sa fille, Rahela, il débute un long périple de survie, faim, pauvreté, instabilité, dont il n'y a ni arrivée, ni fin, si ce n'est la séparation entre ce père adoptif et sa fille.

Il n'y a justement ni début ni fin à cette histoire, qu'est celui d'un jeune Bosnien, juif séfarade, auquel la première guerre mondiale éclate au nez, qui se laisse mener par les aléas de la vie, d'une vie qu'il rêve au début, mais qu'il ne fait que subir jusqu'à la fin. La Bosnie laisse place à la Serbie, l'Ouzbékistan, puis enfin la Chine. À Shangaï. Malgré tous les pays traversés, les peuples rencontrés, Rafael reste bosnien et juif, la langue des séfarades profondément ancrée en lui et qui ne manque pas de ressurgir à chaque coin du récit, telle quelle, en kaléidoscope de phrases non traduites en spanjol – ce que je suppose être du judéo-espagnol, tout comme le yiddish l'est pour les juifs ashkénazes – en allemand, mais qui ramènent tout droit dans l'intériorité de l'homme. Cette Sarajevo qu'il considère comme une « ville du bout du monde » au début, sa droguerie, Apotheke, drogerija, les derniers bons moments de ce XXe siècle, et de relents du siècle précédent, une lumière vite écrasée par les nuages sombres du conflit mondial, une odeur de lavande et laudanum, un goût sucré de rahat-loukoum et amer du café bosniaque : le passage est rude et sans transition.

Osman, comme son ultime refuge, son dernier foyer avant un long errement qui débute en Serbie, une langue, qui une fois déliée, celle de la narration, qui semble ne jamais vouloir s'arrêter. Laudanum, morphine, héroïne, opium, depuis Sarajevo, Rafo supporte sa vie qu'avec ces excipients, l'oubli rassurant des limbes artificiels, la réalité n'a pas autre chose à offrir. La guerre a tout étouffé, les velléités de Rafo à composer de la poésie, à travers, et surtout avec, toutes les langues qui sont les siennes. Car le récit de la vie de Rafo, c'est la cohabitation de toutes ces langues, renouer un peu ce que la guerre a détruit, trouver une harmonie entre elles pour annihiler cette dernière. On assiste au périple d'un homme qui s'est éteint peu à peu, une bonne partie pendant la guerre et ses dégâts, dont la survie est uniquement mue par la volonté de sauver Rahela sa fille adoptive et de l'espoir de revoir un jour Osman. Rafo s'est perdu, en perdant d'abord sa famille et sa ville, ses aspirations poétiques, son archiduc et cet empire qui a fait de lui un homme polyglotte et savant, prête à reprendre l'Apotheke familiale et à la faire fructifier. C'est un autre homme qui file à Tachkent dans le capital Ouzbek, son passé, ses rêves, sa douceur de vivre réduits en cendres, dans ce qu'il ne sait pas encore être un temps d'entre-deux-guerres.

La vie de Rafo, dans son périple depuis Sarajevo, la Serbie et Tachkent, le Turkestan c'est un vrai bouillon de cultures, d'une galerie de personnages invraisemblables qui se disent albanais mais qui parlent français, d'espions britanniques, Arzu la femme ouïghoure qui les accompagne un bout de chemin, on traverse les territoires, on entend les langues, les cultures, les traditions, on assiste à quelques moments d'histoire. Je le précisais plus haut, ceci est une histoire sans but, si ce n'est la fin de la vie de Rafo : toujours avancer, quoi qu'il arrive, sans savoir où l'on va. Ce texte pose la question du but de la vie, quand l'amour n'est plus là, quand la famille, sa ville, son pays, sa langue, l'échoppe familiale non plus, là où même son époque a été brusquement engloutie à la guerre en Galicie, et par la guerre, avec ses doux rêves d'avenir et d'une vie tranquille et paisible au milieu des siens. Si ce n'est de reconstituer un semblant de passé, la Petite Vienne de Shangaï, qui n'est autre qu'un ghetto.

Je ne vous dévoilerai pas l'épilogue, qui donne une tout autre lumière à cette histoire de vie peu commune. L'auteur aurait pu placer ce texte avant son récit, mais dans la position qu'il occupe ici justement, il donne une force supplémentaire à la genèse du texte, ses personnages d'un autre temps, qui nous ramènent droit à l'empire austro-hongrois, cette première guerre. Dans ses remerciements, on retrouve son ami Semezdin Mehmedinović, l'auteur de le matin où j'aurais dû mourir (Le bruit du monde, 2022). Il explique également que ce livre lui a pris douze ans pour qu'on l'ait aujourd'hui devant les yeux, pas une année de moins pour que ses lecteurs puissent se souvenir des Pinto de Sarajevo.


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critiques presse (2)
LeMonde
09 octobre 2023
Il faut parvenir à cet épilogue pour saisir pleinement le projet de ce roman gigogne – entreprise foisonnante, échevelée, chaotique et passionnée : une réflexion universelle sur le temps, le déplacement des populations, les langues [...].
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
15 septembre 2023
Le destin d’un juif et d’un musulman bosniaques dans les tumultes du XXe siècle.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
À Vienne, avant la guerre, il y a une éternité, Pinto allait écouter des lectures de poésie dans des cafés et des gasthauses marginaux ou des étudiants charmants mais négligés vociféraient contre d’obscurs vieux poètes et les dégâts inadmissibles que ces charlatans avaient infligés à l’esprit de la langue allemande. Peut-être que cette Vienne, comme Sodome, comme son âme, était aujourd’hui oblitérée, de même que tous ces poètes aux joues rouges avec leurs boucles, leurs longs cils et leurs corps pétris de désir. La plupart d’entre eux, à l’exception peut-être des tuberculeux, avaient fini dans les tranchées ou toute poésie finissait inévitablement. Où sont-ils aujourd’hui ?
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À l'image de tous les réfugiés, ils continuaient d'avancer parce qu'ils n'avaient pas le choix ; aller de l'avant, c'était être vivant.
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Le Seigneur n'avait cessé de créer et de détruire des mondes, de les créer et de les détruire, jusqu'au jour où Il avait créé le nôtre, mais voilà qu'Il avait à présent la ferme intention de le détruire aussi. Les mondes ayant précédé le nôtre et désormais détruits ressemblaient aux étincelles qui voltigent et s'éteignent lorsque le forgeron abat son marteau sur le fer. On en est donc là, nous les étincelles, à notre place, à nous éteindre une à une pendant que les ténèbres abandonnent la lumière et retournent à leur commencement. (p.58, Calmann-Lévy)
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Depuis que la guerre avait éclaté, Pinto s'était vu radicalement guéri de son désir d'écrire de la poésie. Quand tu dois briquer tes mains poisseuses de matière cérébrale, quand tu vois un homme se chier dessus au point d'en mourir, quand tu plonges ton doigt jusqu'à la deuxième phalange dans le cou d'un malheureux pour l'empêcher de se vider de son sang, ta passion pour la poésie s'évapore comme une larme au soleil. (p.56, Calmann-Lévy)
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De leur lune de miel à Tachkent, ce qui demeurait le plus présent à l'esprit de Pinto, c'était le naturel joyeux avec lequel Osman avait pris soin de lui. Buenu komu il pan, Osman. Il lui préparait un thé le matin, mais lui interdisait de le boire trop vite afin qu'il ne se brûle pas la langue, parce que, disait-il en soufflant pour le refroidir, il avait des plans avec sa langue pour plus tard.
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Videos de Aleksandar Hemon (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aleksandar Hemon
Rentrée littéraire des édition Calmann-Lévy 2023 - roman étranger. De Sarajevo à Shanghai, Aleksandar Hemon inscrit le destin de deux réfugiés dans la grande marche de l'histoire au fil de cette épopée romanesque de la première moitié du XXe siècle. L'auteur nous présente son roman en quelques mots.
Pour en savoir plus ou commander le livre : https://bit.ly/45nRobH
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