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Telle une oeuvre musicale construite sur le mode concentrique, ce roman commence et finit presque de la même manière : le début d'une journée de travail et de vie à la maison chez les Bradshaw. Au début, c'est Thomas qui a choisi de quitter son travail et de rester à la maison pour se consacrer à sa fille Alexa et au piano, et Tonie qui a décidé de prendre plus de responsabilités à l'université ; à la fin c'est l'inverse. Et l'on pourrait presque dire que les choses semblent rentrées dans l'ordre, se sont apaisées. Entre-temps, la forme « Variations » aura joué à plein : car Thomas et Tonie ne sont pas les seuls à jouer cette partition de la vie conjugale, de l'amour, ses espoirs et ses désillusions. Il y a aussi les frères de Thomas, l'aîné Howard, qui sait faire des affaires, et sa femme Claudia, une artiste ratée, le benjamin Leo, qui n'a jamais su trouver sa place, et sa femme Susie, qui conjugue régime végétarien et alcool. Leurs enfants à tous trois interviennent dans la représentation ainsi que les parents de Thomas et Tonie. Il y a même une scène d'opéra entre Howard et Claudia, et des morceaux de musique symphonique, des scènes allant crescendo jusqu'à la crise ultime, « une symphonie sauvage et discordante« .

Mais tout se termine par le silence. Celui qui précède les applaudissements à la fin d'un concert ? Pour ma part, oui, car j'ai dévoré ce livre dont j'ai admiré la construction éblouissante, l'intelligence et la finesse du propos, l'étude psychologique fouillée et originale. C'est ma première rencontre avec Rachel Cusk et j'espère encore souvent croiser sa route à l'avenir !

J'ai aimé les décors, la maison étroite de Montague Street où vivent Thomas, Tonie et Alexa, la grande maison et les rapports complexes et farfelus d'Howard et Claudia, les bâtiments et bureaux gris de l'université de seconde zone où enseigne Tonie, le souci de conformisme qui noie la violence ordinaire des grands-parents. J'ai été sidérée par toutes ces fausses notes d'incompréhension, d'absences, de « mal-amour ». J'ai été frappée par l'opposition très marquée entre structure et vide, qui relève aussi du vocabulaire musical, et qui révèle surtout ces velléités des personnages à vouloir maîtriser leur vie et leurs proches, qui débouchent souvent sur du vide et de la déception.

C'est souvent cruel, féroce sous les dehors tranquilles de la vie de tous les jours. Il ne se passe pas grand chose (et cela pourrait freiner certains lecteurs) mais cette peinture de caractères, cette observation de la vie ordinaire est jubilatoire à mon goût ! Même si les personnages n'en ressortent pas du tout grandis, surtout les hommes peut-être… tout le livre traduit une grande finesse et un sens des autres aigu. le tout dans une langue (et une traduction, je pense) très belle. du travail de virtuose !
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Comment combattre la médiocrité de la vie, comment déplacer les habitudes, le tout en 32 mouvements comme chez Bach? Mais alors que le dernier mouvement est identique au premier, est-il obligatoire pour ce couple de revenir aussi au même point ?
Un roman qui suscite beaucoup de réflexions, mais je ne me suis pas attachée aux personnages, et le style distancié et trop décortiqué m'a gênée.
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Le clan Bradshaw se décompose ainsi : les grands-parents toujours à se chamailler. Les 3 fils : Howard, l'aîné, entrepreneur qui achète des gadgets inconnus et les revend à prix d'or et sa femme Claudie peintre ratée qui reporte la faute sur son mari et ses enfants, sans oublier le chien. Thomas et Antonia, les héros de ce livre. Lui a pris une année sabbatique pour élever leur fille Alexa et Tonie est retournée enseigner puis prendre un poste à responsabilités au sein de l'université. le « petit dernier » Léo, effacé, doux rêveur et sa femme Susie qui a une grande propension à picoler. Tout ce petit monde habite la banlieue de Londres avec leurs enfants.
Nous suivons pendant un an, le couple Tomas-Tonie. Ils ont échangé leurs rôles. Thomas ne travaille plus « le matin il écoute du Bach ou du Schumann. Il se tient dans la cuisine en robe de chambre. Il attend que sa femme et sa fille descendent le rejoindre, il a 41 ans... » Et se pose beaucoup de questions sur l'Art : « Qu'est-ce que l'art ? le contraire du gâchis, du redondant... » « L'art lui a donc échappé pendant qu'il s'escrimait à réussir sa vie. Il présume qu'un artiste meurt à la vie. Il meurt en combattant puis il renaît ». Tout en prenant des leçons de piano. Quant à Tonie, elle paraît froide et lointaine, absente de sa vie : « Voilà le sermon, la leçon à retenir : le faits survivent aux émotions, et le savoir est plus puissant que l'amour. le nombre de choses à apprendre est infini, mais l'amour n'est qu'un espace à capacité limitée » Alexa survit, écoute et regarde ses parents vivre : « Ses parents ne se parlent plus de la même façon. Autrefois leurs conversations cheminaient vers un accord commun…. Mais à présent, Alexa relève surtout des différences. Les conversations semblent s'arrêter avant terme…. Ses parents se séparent en laissant les choses en suspens comme s'ils n'étaient plus assortis. »
Les seuls « vivants » sont Howard et Claudie qui sont plus charnels et n'évitent pas les scènes de ménage avec réconciliations à la fin du spectacle, tel le chapitre 28.
Par contre, j'ai remarqué que chaque maison est vraiment le « coeur » de ces familles et y tient une place importante. La peur de quitter le nid pour Tonie, le symbole d'une réussite sociale pour Howard. Je n'avais qu'une envie, ouvrir ces maisons pour en faire sortir l'ennui
L'ennui suinte de partout. L'on sent des rancoeurs, des rêves inaboutis et revus à la baisse, des démissions…. L'écriture s'incruste dans les plaies de ces couples, dissèque chaque acte et chaque comportement.
Pour dire vrai, je me suis un peu ennuyée à partager un an de la vie quotidienne de cette famille…. Ces variations ne m'ont pas faite vibrer à l'inverse des variations Goldberg.
Je suis quelque peu déçue. Néanmoins, je remercie et les Editions de l'Olivier de m'avoir fait découvrir cet auteur. C'est une belle écriture et je pense que je lirai un autre livre de Rachel Cusk

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Un roman vibrant qui rend hommage aux variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach, jouant pour nous la mélodie de la grande littérature anglo-saxonne contemporaine.

Les variations Goldberg de Bach sont trente-deux mouvements composant une oeuvre connue pour deux choses : son contenu riche en formes et en rythmes, ainsi que par le fait qu'elle finisse comme elle a commencé. Rachel Cusk a appliqué ces principes à la famille Bradshaw, elle scinde une année majeure dans leur vie en trente-deux chapitres, consacrés à ses différents membres, et la fait se terminer tout comme elle a commencé. Celui va vivre ce cycle se nomme Thomas Bradshaw, quadragénaire britannique qui a pris avec sa femme une décision qui va donner à leurs vies un tournant qu'ils n'auraient jamais pu imaginer. Il s'agit pourtant d'une décision simple : échanger les rôles. L'homme, Thomas, reste à la maison pour s'occuper de leur fille, tandis que sa femme Tonie accepte une promotion qui la tiendra plus souvent éloignée de chez elle. Thomas va en profiter pour faire un point sur sa vie, apprendre le piano, tandis que Tonie va se dégager du train-train de femme au foyer. Ceux qui composent le reste des chapitres sont tous ceux qui gravitent autour de cette cellule centrale : les autres membres de la famille Bradshaw, la mère de Tonie et leur locataire Olga. Jeune immigrée polonaise qui dira d'eux « les gens avec qui je vis ont l'air parfaitement normaux, mais c'est faux(…) Ce n'est pas une famille normale. Peut-être que ce n'est pas si facile d'être normal. » Cette phrase résume le roman, ce combat pour être normal mené par les membres de cette famille. Se développe alors tout le talent de Rachel Cusk qui avec sa capacité à entrer dans le quotidien de tout un chacun en faisant acte de littérature. On pense souvent à Virginia Woolf, l'auteur y fait aussi écho en nous faisant croiser une poupée nommée Clarissa. Son talent à décrire le quotidien avec un cynisme mordant, que l'on avait déjà aperçu dans: Arlington Park (grand succès de la rentrée littéraire française 2007), nous fait vivre au coeur de cette famille si proche de nous de par ses préoccupations intrinsèquement humaines.
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Une fois encore, Rachel Cusk explore les relations hommes/femmes, le couple, les ambiguïtés de la maternité et la paternité, la médiocre vie des gens de la banlieue londonienne - et aussi, chose nouvelle, la condition des immigrés polonais, à travers une fille au père vivant chez le couple et son petit ami rencontré à l'hôpital où elle travaille. le ton est malgré tout plus grave que dans les deux autres romans, il y a moins d'humour mais le style reste de très haute tenue. Dommage que l'éditeur ne suive pas de plus près sa production : ce livre est son septième mais seulement le troisième traduit en français. Une excellente romancière anglaise à suivre de près dans les années à venir...
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On suit plusieurs personnages sur un temps donné, plus précisément 1 année. Tranches de vie serait l'expression consacrée. On est loin de la narration classique, l'auteure ne raconte pas, elle dissèque. Avec une précision d'entomologiste, un vocabulaire riche de métaphores et un sens aigu de l'observation, elle effeuille strate après strate les mobiles de ses personnages dont le leitmotiv pourrait être la difficulté de trouver sa place. le style est d'une finesse et d'une intelligence remarquable quand bien même il faut souligner que certains passages nécessitent parfois une relecture pour en absorber toute la substantifique moelle.
Un roman donc plutôt intello avec une fin traditionaliste surprenante, réservé aux lecteurs exigeants.
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Rachel Cusk avec les Variations Bradshaw évoque les relations familiales et les relations de couple de notre époque. A travers l'histoire de trois frères bien différents et de leurs épouses, des grand-parents querelleurs. L'auteur s'intéresse plus particulièrement à un couple, un des frère Nathan et son épouse Tonie, tous deux la quarantaine qui viennent de changer de mode de vie. Nathan, a fait le choix de démissionner et de rester à la maison, de s'occuper de leur fille tout en apprenant le piano, Tonie, elle, a eu une promotion et se retrouve à la tête du département d'anglais de la fac où elle enseignait précédemment à mi temps. Tour à tour, dans la tête de chacun des personnages, nous prenons conscience des questions et des doutes de chacun comme par exemple leur place dans la famille mais aussi leur place en dehors du foyer.
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De même que dans Arlington Park (coup de coeur de lecture en 2010 !), Rachel Cusk excelle ici à disséquer les failles du quotidien et du milieu domestique. Ces petites vérités bien que souvent cyniques sont des régals de lecture. J'ai préféré cependant ma lecture précédente (Arlington Park donc), la forme brève des chapitres me semblant plus percutante. Pourtant, tout est ici assez justement saisi. Mon intérêt et mes sourires ont été particulièrement concentré vers le couple secondaire du roman, Howard et Claudie, terribles dans leur manière de fonctionner et pourtant humains à l'excès avec leurs défauts et leur affection débordante parfois mal dirigée.


Lien : http://antigonehc.canalblog...
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Je retrouve la plume de Rachel Cusk que j'aime tant. Après Arlington Park que j'avais adoré, Egypt Farm que j'avais plutôt aimé et Contrecoup qui, par contre, ne m'avait pas convaincue, je referme Les variations Bradshaw. Si je ne ressens pas le coup de coeur que j'avais éprouvé pour Arlington Park, ça s'en approche !
Après avoir lu un livre de cette auteure, que j'ai aimé ou pas, mon avis sur son écriture, lui, est immuable. Rachel Cusk fait partie de ces romanciers qui, quoi qu'ils me racontent, m'emportent. Je ne parviens pas toujours à comprendre où ils veulent m'emmener ( je pense notamment à Contrecoup ) et pourtant, les pages défilent sous mes doigts et le temps défile agréablement. Rachel Cusk me raconte une histoire, alors je l'écoute. Docilement. Ce qu'elle me narre n'est jamais très joyeux, cette dame qui décortique le couple avec une minutie chirurgicale. Les non-dits, la rancoeur, l'ennui, la lassitude, la tromperie…Nombreuses sont les facettes de la domesticité qu'elle étudie au microscope. Et si on en croit ses dires, il semblerait qu'il n'y ait pas de couples heureux…Vous l'aurez aisément compris, ce qui intéresse l'auteure, ce n'est pas la félicité conjugale ni maternelle mais bien plus, les (nombreux!) problèmes rencontrés au sein d'une famille. La complexité du  » vivre ensemble » en harmonie.
On peut dire qu'elle n'est pas tendre avec ses personnages, que ce soit Thomas qui apparaît totalement en marge de la réalité, ou pourrait-on dire de la normalité, cet homme au foyer qui a décidé de quitter son travail pour se consacrer à l'apprentissage du piano ; avec Tonie, son épouse, bien plus intéressée par son métier que par sa famille ; ou avec Claudia et Howard, qui sont présentés comme des personnages  parfois dépourvus d'émotions. D'ailleurs, de l'émotion, il y en a peu dans ce roman où les gens agissent mécaniquement.
J'aime la façon dont l'auteure entre dans l'intimité de chacun des personnages à divers moments de leur quotidien. Rien d'extraordinaire. Que des vies ordinaires analysées avec finesse et tranchant à la fois, des situations banales, des constats et des réflexions qui nous font nous dire  » Eh bien oui, c'est vrai.  » Une vérité très bien énoncée. C'est peut-être juste ça. C'est déjà beaucoup.
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Quand j'ai vu ce livre, j'ai directement été attirée par le titre et par la quatrième de couverture et je peux vous dire que je n'ai pas été déçue.
J'ai passé un très bon moment en compagnie de cette oeuvre qui se lit vite.
Je ne connaissais pas du tout l'auteure avant de découvrir « Les variations Bradshaw» et j'aime beaucoup son style simple et facile à lire.
Dans cet ouvrage, Rachel Cusk nous raconte la vie des Bradshaw. Mais la famille Bradshaw, ce n'est pas seulement Tonie, Thomas et Alexa, c'est aussi les parents de Thomas, son frère (Howard) et sa belle-soeur (Claudie) ainsi que la locataire qui vit chez Thomas, Olga.
Je me suis beaucoup attachée à ces différents personnages, leur vie quotidienne est touchante et prenante. On ressent aussi beaucoup d'ennui dans leur quotidien.
Mes trois personnages préférés sont Tonie, Thomas et leur fille Alexa.
Tonie se voit confier plus de responsabilités dans son travail et Thomas décide de rester à la maison pour s'occuper de leur fille. J'aime beaucoup cet échange de rôles et le tournant que leur vie va prendre. le fait de découvrir Thomas à travers la musique est aussi très agréable.
Je me suis sentie bercée par sa passion.
Les parents Bradshaw, qui sont toujours occupés de se disputer, m'ont bien fait rire.
Claudie et Howard m'ont un peu moins intéressée et m'ont aussi choquée quand ils se rendent compte que leur chien était de trop. J'ai eu un peu de mal à accepter ce passage.
Un des personnages que j'ai aussi énormément appréciés est Olga. A partir du moment où elle rencontre Stefan, j'ai eu l'impression de voir sa vie changer en bien et j'en étais très heureuse pour elle.
Ce livre a donc été pour moi une belle découverte qui m'a donné envie de découvrir d'autres oeuvres de Rachel Cusk.
Lien : http://lestribulationsdunele..
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