Citations sur L'autre qu'on adorait (99)
"Toi, ton vrai toi, ton être poétique, celui qui rit avec un ami, regarde une femme, un ciel ou un tableau, est absent de ces pages. Si tu aimes tant Proust, c'est pour son intuition fondamentale: la vie véritable est dans les fragments de temps qui échappent au temps. La fameuse madeleine n'est rien d'autre que la rencontre du présent et du passé qui permet de sortir de l'angoisse de la mort en n'étant ni dans le passé ni dans le présent mais entre les deux. [...] Mon texte, c'est l'anti-Proust"
Au réveil à l'aube, sa présence est trop excitante, sa beauté trop affriolante, sa peau trop douce, et tu lui fais à nouveau l'amour.
Tu ne la comprends pas mais tu l'aimes. Tu ne pouvais aimer qu'une Russe, c'est l'évidence. Une femme qui te comble autant qu'elle te torture, une femme dont l'âme a des méandres où tu te perds et avec qui l'amour est un mystère sacré.
Peu importent la pression du marché du travail, la nécessité de terminer ta thèse et de trouver un poste. Simples formalités par lesquelles il faudra passer. La vie est ailleurs : dans cette amitié de garçons joyeuse et affectueuse ; dans ces instants de vie intérieure volés au temps que Joyce appelle des épiphanies. Tu t'installeras le moins possible. Tu aimes par-dessus tout la condition de touriste et d'ami. Tu seras le braconnier du temps, le voyageur de Baudelaire au coeur léger semblable à un ballon, celui dont le désir a la forme des nuées.
Proust et toi vous avez encore en commun l'extrême sensibilité artistique, la passion pour tous les arts, littérature, musique, peinture, la procrastination, le report indéfini du moment où vous allez vous mettre au travail, le tempérament inquiet en amour, la jalousie, la soif de possession, les fantômes qui s'emparent de votre imagination et ne vous laissent pas de repos. Et si Proust est le roi de l'analogie - de la mise en rapport des idées -, tu es, toi, le roi de l'allitération - de la mise en rapport des sons.
Peu importent la pression du marché du travail, la nécessité de terminer ta thèse et de trouver un poste. Simples formalités par lesquelles il faudra passer. La vie est ailleurs : dans cette amitié de garçons joyeuse et affectueuse ; dans ces instants de vie intérieure volés au temps que Joyce appelle des épiphanies. Tu t'installeras le moins possible. Tu aimes par-dessus tout la condition de touriste et d'ami. Tu seras le braconnier du temps, le voyageur de Baudelaire au coeur léger semblable à un ballon, celui dont le désir a la forme des nuées.
Tu passes la nuit à boire dans la chambre d'enfant où le plancher est occupé par des Lego et des Playmobil. Tu es allé prendre la bouteille de gin dans le placard du salon. Quand Christian entre te réveiller au matin, tu entends sa voix à travers un brouillard. Tu ne comprends pas ce qu'il dit. Tu n'es plus vraiment là. Comateux. La bouteille au pied du lit témoigne de ton activité nocturne. Ton ami alerte ta sœur, qui quitte son bureau en urgence.
Même si ces pages te font l'effet d'un coup de massue,tu sais que dès demain tu te redresseras. Ce qui compte,c'est que tu sens quand tu écoutes l'adagio du Quinzième Quator de Beethoven;c'est ton rendez-vous gare de Lyon apres-demain .C'est là qu'est ta vérité ;ta vie.Toi ,ton vrai toi,ton être poétique, celui qui rit avec un ami regarde une femme un ciel ou un tableau,est absent de ces pages.Si tu aimes tant Proust,c'est pour son intuition fondamentale:la vie véritable est dans les fragments de temps qui échappent au temps.La fameuse madeleine n'est rien d'autre que la rencontre du présent et du passé qui permet de sortir de l'angoisse de la mort en n'étant ni dans le passé ni dans le présent mais entre les deux.Cette phrase du "temps retrouvė "s'est imprimée en toi:" Une minute affranchie de l'ordre du temps à recréé en nous pour la sentir l'homme affranchi de l'ordre du temps."
... le luxe de l’université américaine correspond à ton désir de largesse. Et la nuit. Pour toi qui n’as jamais pu dormir, New York est un paradis.
Si tu aimes tant Proust, c'est pour son intuition fondamentale : la vie véritable est dans les fragments de temps qui échappent au temps. La fameuse madeleine n'est rien d'autre que la rencontre du présent et du passé qui permet de sortir de l'angoisse de la mort en étant ni dans le passé i dans le présent mais entre les deux.