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EAN : 9782073003461
368 pages
Gallimard (01/06/2023)
3.59/5   643 notes
Résumé :
« Pour Clarisse, le bonheur n’existait pas dans la durée et la continuité (cela, c’était le mien), mais dans le fragment, sous forme de pépite qui brillait d’un éclat singulier, même si cet éclat précédait la chute. »

Deux femmes : Clarisse, ogre de vie, grande amoureuse et passionnée de l’Asie, porte en elle depuis l’origine une faille qui annonce le désastre ; Ève balance entre raison et déraison, tout en développant avec son mari une relation profo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (118) Voir plus Ajouter une critique
3,59

sur 643 notes
Réunion préparatoire de rentrée marketing euh... pardon, littéraire 2021 chez Gallimard.

(Dans l'ambiance feutrée d'un café bohème de la rive gauche, sur un boulevard bordé de façades haussmanniennes poivrées, un matin clair de février)

A est éditrice chez Gallimard
B est autrice chez Gallimard

A : Bon, écoute, j'ai eu une idée pour toi, pour ton prochain bouquin pour la rentrée littéraire. Je voudrais que tu me donnes carte blanche pour tenter un coup littéraire. Ce serait une sorte de livre-produit, qui résumerait tous les thèmes en vogue de ces dernières années, toutes les tendances quoi.
B : Oui pourquoi pas, il faudrait que tu m'en dises plus.
A : le concept est simple, on prend deux femmes qu'on retrouve à chaque décennie.
B : Je ne vois pas trop ce que ça a d'original pour le moment, mais je me doute que tu vas me préciser tout ça…
A : Attends de voir la suite. Donc, on commence à l'adolescence...
B : le dépucelage, c'est ça ?
A : Oui, sauf que là on rajoute un viol. Un viol totalement gratuit, mais qu'on rappellera à la fin du livre juste pour parler de prescription, comme ça, ça fait écho aux affaires PPDA et tous les autres. T'en penses quoi ?
B : Ouais, ouais, ça me semble intéressant et la vingtaine ?
A : Bon là on en tartine des caisses sur la liberté, le voyage, on la fait coucher avec des petits cons musclés. On envoie un peu de fantasme, du sexe dès le début du bouquin, ça aidera le lecteur à accrocher au texte.
B : Ouais top. Et la trentaine ?
A : Sans hésitation, les gosses... Un peu de post-partum, de la maternité, l'accouchement, enfin tu brodes sur ces thèmes-là, tu m'étales des couches de clichés, tu me fourres de la platitude à ne plus savoir quoi en faire !
B : Oui d'accord et la quarantaine ?
A : Bah la lassitude du mariage, de la vie de famille, alors forcément tu lui fais débuter une histoire extra-conjugale. On remet un peu de sexe. Et puis tu m'en fais des caisses à nouveau sur les hommes. Tu me fais des tromperies, du style son mari se barre avec sa meilleure amie, ou alors le type flemmard empâté qui regarde le foot vautré sur le canapé, ou les deux ?
B : Ou les deux ! Ah mais j'adore ces clichés, mais qu'est-ce que t'es drôle ! Et la cinquantaine alors ?
A : Hum un peu moins sexy, j'ai dû me creuser un peu plus... Peut-être un cancer ? le cancer du sein ? Comme ça, ça nous permet de taper en plein dans les angoisses de la ménagère de moins de cinquante ans, c'est ton lectorat, non ?
B : Oui, mais faudrait pas que ça dure trop longtemps non plus, pour ne pas trop plomber le livre. Elle pourrait vite être en rémission et devenir à nouveau une femme très séduisante, comme si elle se redécouvrait une deuxième jeunesse ?
A : Oui, oui, bien sûr je te laisse gérer ces détails, c'est toi la spécialiste de l'eau-de-rose ! En tous les cas pour la soixantaine qui n'intéresse clairement plus grand-monde, je propose le Covid, ça permet de raccrocher au contemporain, les gens s'identifieront et c'est toujours bon pour les ventes, donc si c'est bon pour les ventes tu grossis le trait, les confinements, les dérogations, le poids sur la psyché des français, enfin tu vois bien, tu me recraches du BFM. Et puis une petite critique sur « la gestion gouvernementale cacophonique » et une phrase du genre "elle a bravé la limitation kilométrique pour se rendre à l'enterrement mais portait le masque et gardait les distances." Enfin tu vois le genre ? Tu ne passes pas pour une méchante anarchiste, mais tu montres que quand même tout n'a pas été parfait.
B : Ouais c'est bien ça. C'est à la fois disruptif et citoyen. D'autres trucs ?
A : Bah ouais clairement le gros de ton livre sera de t'engouffrer dans la tendance actuelle qui est…
B : Les violences faites aux femmes !
A : Bingo, le mouvement #metoo, les viols, les balance ton porc, les hommes pervers narcissiques, enfin, je ne te fais pas un dessin.
B : Ok, j'ajoute tout ça, c'est bien ça en effet.
A : Ajoute ça, mais par pitié fais-en des caisses. C'est là-dessus que l'on va communiquer à mort. Genre, je sais pas moi, un gros méchant, mais vraiment gros gros méchant, un jaloux possessif, un Russe par exemple, qui la bat et la tue.
B : C'est exactement à ça que je pensais !
A : N'oublie pas l'inceste aussi, y a eu le bouquin de Camille Kouchner qui a fait le buzz... Elle m'est passée sous le nez celle-là. Faut faire un rappel.
B : Allez, adjugé vendu, j'ajoute un soupçon d'inceste. Et qu'est-ce que tu penses sinon de Black Lives Matter ou des manifs contre Trump ?
A : Ouais pourquoi pas, c'est pas mal, même si c'est un peu lointain pour ton lectorat français. Tu pourrais juste l'aborder en passant, pour montrer que t'es quand même à la page et que tu te tiens au courant des grands mouvements de société.
B : Ok, c'est noté, je préciserai quand même que mes narratrices n'étaient pas pour Donald Trump pour dissiper les doutes… Et les gilets jaunes ?
A : Un peu sensible, aborde les mais sans trop prendre parti.
B : Et les minorités sexuelles ?
A : Oh bah, crée un ami gay à la narratrice et puis s'il ne sert plus dans l'histoire, fais-le mourir du sida, ça règle le problème, hein, ça semblera logique, non, un homo qui meure du sida ?
B : Bon je crois qu'on a quasiment abordé tous les thèmes.
A : Je crois aussi. Ah si, quand même, n'oublie pas un petit passage avec référence aux différents attentats. Les lecteurs seront contents d'y trouver une allusion. On en a tellement parlé !
B : Je pensais que ma narratrice pourrait avoir des places pour le concert des Eagles of Death Metal mais ne puisse pas y aller ? Ou qu'elle soit malade le soir.
A : Hum, non pas sûr, ça ne cadre pas trop avec son image de bourgeoise parisienne... Il faudrait autre chose.
B : Je sèche là...
A : Ok, alors disons plutôt qu'elle se fait chiper une table sous le nez au Petit Cambodge le soir des attentats ?
B : Excellent ça ! Elle serait en colère et irait s'installer dans un autre bar plus loin. Et ça lui sauverait la vie ! Elle ferait un peu partie de ces milliers de Parisiens qui avaient un lien émotionnel avec l'un ou l'autre des lieux attaqués, sans avoir été touchée dans sa chair !
A : Banco ! Ah oui, ajoute-moi aussi une référence aux attentats du World Trade Center aussi, ça ne mange pas de pain. Genre "on se rappelle tous d'où on était et ce qu'on faisait lorsque les tours se sont effondrées."
B : Et l'écologie, t'en penses quoi de l'urgence climatique, on en parle beaucoup aussi ?
A : Ouais, on pourrait en parler aussi un peu, on pourrait glisser un truc sur la surproduction littéraire de la rentrée de septembre et les livres superflus qui envahissent les étagères des librairies, gaspillent du papier, seront bientôt pilonnés et alignent les platitudes comme des perles ?
B : Hein ! T'es sûre ? C'est pas un peu casse-gueule, non ?
A : Hahahaha ! Mais non, t'es conne, bien sûr que je rigole !!!
B : Ouf, tu m'as fait peur un instant !
A : Ah oui, et avant que j'oublie, tu me rajoutes quelques petites touches sur les Musulmans ? Genre j'aime pas leur religion parce qu'ils regardent mal les femmes et sont frustrés, mais tu m'atténues tout de suite tout ça pour ton audience Télérama/France Inter avec un Mohammed ? Genre la fille pense se faire violer mais en fait c'est le seul mec du livre qui lui veut du bien et qui est fondamentalement bon. Attends ! J'ai une idée ! Un clochard qui devient photographe ! Ça plaira à ton public, genre l'Islam c'est mal, mais tous les Musulmans ne sont pas à mettre dans le même sac tu vois ce que je veux dire ? Enfin l'esprit post-Charlie quoi !
B : Oui, oui, mais ça fait peut-être un peu too much là, non ?
A : Mais non t'inquiète ! Plus c'est gros plus ça passe.
B : T'es sûre que c'est pas un peu lourd ? Que ça ne fera pas trop catalogue de tous les thèmes des trente dernières années ?
A : Mais non ! On est en 2021, comment crois-tu que Trump a été élu !? Plus c'est énorme plus ça fonctionne !
B : Bon et ça parait être un détail mais pour les professions de mes personnages, t'as un conseil ? Désolée, mais ça m'aiderait..
A : Bon si tu regardes les tendances, les milieux bourgeois parisiens fonctionnent toujours bien, c'est indémodable. C'est ce qui se vend le mieux. Sauf qu'on est passé de la rive gauche à l'Est parisien, alors tu t'adaptes. Sinon, New York ça fait voyager aussi et puis on case une maison de vacances en Bretagne, c'est toujours bien la Bretagne. Ça fait à la fois chic et sobre. Très littéraire ça. C'est là que les écrivains ont des maisons secondaires et là où notre lectorat loue une semaine de vacances en avril. C'est la région où le rêve rencontre la réalité, si tu vois ce que je veux dire.
B : Attends mais t'as fini le champagne déjà ?
A : Et alors ? Recommande une bouteille, c'est pas Antoine Gallimard qui paye ? de toute façon avec les ventes de ce bouquin ma chérie, ce sera champagne tous les jours !
B : Hahaha, bon, ça me va. Et pour ce qui est des professions de mes personnages ?
A : À nouveau, les tendances n'ont pas changé, c'est toujours les galeristes, les écrivains et les artistes qui fonctionnent le mieux pour les ventes. Enfin, tu vois bien l' « univers bobo », ça ne devrait pas te poser de problèmes ?
B : Très bien, je mets les trois.
A : Et tu voudrais pas tenter un truc avec un chef ou quelqu'un dans la bouffe ? Avec toutes les émissions culinaires qu'il y a en ce moment, ça peut fonctionner. Mes données montrent que ça pourrait être un bon argument de vente.
B : Très bien, je peux essayer. On verra si le public y répond ou pas. Oh et j'allais oublier le plus important, le titre, tu as pu y réfléchir ?
A : Oui, oui, bien sûr. Bon en ces temps sombres, les lecteurs recherchent avant tout des trucs feel good, alors je te propose : "C'est quoi le bonheur ?"
B : Ouais c'est pas mal, mais la question me gêne un peu, parce que l'interrogation laisse persister trop de doutes dans l'esprit du lecteur.
A : "La définition du bonheur", alors ? Plus sobre, plus affirmé. Genre démonstration mathématique, on va vous montrer ce que c'est.
B : Ça me semble parfait, mais tu ne penses pas que ce soit un souci que le titre n'ait rien à voir avec le texte ?
A : Mais non on s'en fiche ! L'important c'est que les gens achètent le produit, après si on ne livre pas exactement ce qu'il y a marqué, ce n'est plus notre problème. Au pire tu auras des mauvaises critiques sur Babelio !
B : T'es vraiment une horrible cynique, j'adore !
A : Si avec ça tu ne fais pas un carton et rafle toutes les sélections de prix d'automne, alors je n'y comprends plus rien !
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Clarisse vit à Paris et a subi dans son adolescence un événement traumatisant. Eve, française aussi, vit à New York, mariée à un Américain. On suit leur existence, sans savoir ce qui les lie, des années quatre-vingt à aujourd'hui. ● le titre, peut-être quelque peu prétentieux, à la manière de L'Insoutenable Légèreté de l'être, est quand même magnifique. ● Quant au roman, il se lit facilement et de façon assez plaisante. le spectre temporel, qui s'étale sur les quarante dernières années, est suffisamment large pour faire renaître des souvenirs dans la mémoire de tout lecteur. ● Mais les deux personnages de femmes ne sont pas assez radicalement différents pour qu'on ne mélange pas au moins en partie leurs deux existences. Je me suis souvent surpris à ne plus savoir qui était le fils ou la fille, la mère, le père… de qui… Les personnages secondaires sont trop nombreux. Il y a trop de micro-événements, on perd le fil quand on fait une pause dans sa lecture. Et tout cela est un peu fade. ● Et surtout, on se demande bien ce que Catherine Cusset a voulu nous dire avec ces deux vies qui s'entrelacent avant une fin (un peu trop) pleine de pathos. Où veut-elle en venir ? Où veut-elle nous emmener ? le livre refermé, je ne le sais toujours pas. ● J'avais pourtant beaucoup aimé L'Autre qu'on adorait.
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«  de toute façon , c'est L'ÉCRITURE pas l'histoire qui fait la littérature , non ? » .
«  Toi aussi, tu vieilliras SEULE » .
«  C'est l'éducation qui compte, pas la nature » .

Trois courts extraits de cette fresque féminine où l'auteure conte et fait revivre à sa façon, la trajectoire de deux femmes d'aujourd'hui sur près de quatre décennies.
Un lien mystérieux les relie, le lecteur le découvrira à la fin du livre.
Clarisse croque la vie à pleines dents, accro aux voyages , passionnée de l'Asie, sensuelle, à fleur de peau, blessée , amoureuse , excessive , flamboyante ……
À seize ans , victime d'un grave traumatisme , elle partira sac à dos en Asie , rencontrera Hendrik, très bel homme européen, fantasque , pingre et un peu paresseux , «  C'est l'homme de ma vie » se dira — elle .

Plus tard , mariée à Sydney, installée avec lui elle aura trois enfants l'aîné Martin, bien dans sa peau , Lucas , très attaché à sa mère, fragile , souffre de troubles psychologiques, enfin Zack, beaucoup plus jeune .

Jamais conventionnelle, Clarisse aura de beaux amants , plus jeunes qu'elle ,elle cache une blessure intime .

Ève vit à New- York , originaire de France , elle épouse Paul , ils forment un couple soudé , elle accouche de son premier bébé Houston dans un taxi puis viendra Hannah ….
Elle aura une liaison avec le père d'un gamin allant à la même école que ses filles , montera une petite entreprise prospère de traiteur français …
En cheminant au fil des chapitres., le lecteur se coule avec aisance au coeur de leurs deux existences. …..

Il partage avec passion, intérêt leurs moments de vie , qui entrelacent leurs destinées——peut- être un peu longs ——-aux nombreux personnages, il ne faut pas perdre le fil…..



Cet ouvrage intense , très intéressant dresse la fresque d'une époque ——des années 90 à nos jours ——évoque des événements dramatiques : chute des tours à New- York, attentats du Bataclan et d'autres ….


Il interroge et capte les questions de sensualité , relations amoureuses, séduction, bouleversements liés à la maternité , amour filial ,rapport au corps et au désir , au temps , au vieillissement, à la maladie et au bonheur, surtout le bonheur.
.
Peut - on nommer , qualifier le bonheur , celui qui chemine dans la durée et la continuité , ou celui qui brille en fragments à l'éclat singulier , sous forme de pépite même si ceux - ci précèdent une chute? .

Deux conceptions du bonheur ? Deux trajectoires ?
J'ai beaucoup aimé l'histoire de ces vies, un ouvrage agréable même s'il faut prendre son temps pour le déguster , pour les raisons indiquées plus haut .

«  On pouvait le dire ainsi . Clarisse avait rempli de nombreux cahiers depuis ses quinze ans . Toujours abandonné avant la fin . Jamais rien soumis à publication » .
C'est mon quatrième livre de cette auteure .
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Difficile de surnager pendant la rentrée littéraire, en 2021 les livres forts y ont été nombreux. La définition du bonheur est un bon livre, mais banal et fade, sans aspérités auxquelles se raccrocher malgré tous les thèmes abordés.
Clarisse et Ève, deux femmes qui n'ont rien en commun (sauf un point : seule bonne surprise du livre) dont on suit la vie entre deux ellipses. Tous les sujets préoccupants du moment sont abordés : violence faite aux femmes, viols et j'en passe. Tellement de thèmes sont présents dans La définition du bonheur qu'il y a forcément un endroit où le lecteur se retrouve (oui, moi aussi, mais sur quelques paragraphes).
J'ai eu une impression de déjà-lu. Peu d'audace dans l'intrigue. Sur les mêmes sujets, il existe d'autres textes plus puissants.
Il manque un angle original à cet ouvrage, ou un style qui fait mouche. Pas un mauvais livre, non, juste bon, ce qui ne me suffit plus.

Lien : https://dequoilire.com/la-de..
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Deux femmes dans la vie d'aujourd'hui.

Clarisse vit à Paris. On la découvre à la fin de l'adolescence à Paris, peu intéressée par une vie normale et une carrière linéaire, partant sac à dos direction l'Asie. Il y rencontrera Hendrix, un Européen bel homme mais fantasque, qu'elle reverra de façon épisodique. C'est « l'homme de ma vie » se dit-elle, malgré son côté pingre et paresseux. Plus tard elle s'installera avec lui à Paris et ils auront trois enfants : Martin, l'aîné, qui va bien, Lucas, qui souffre de grosses difficultés psychologiques, puis un troisième enfant. Mais Hendrix partira avec sa meilleure amie Bérangère.
Clarisse restera une très belle femme jamais conventionnelle, avec de beaux amants plus jeunes qu'elle. Mais elle cache une faille qui se révèlera fatale à la fin du récit.

Eve, elle, vit à New York. Bien qu'originaire de France, elle vit avec Paul, son mari, plus sagement que Clarisse. Leur bébé Houston va naître dans un taxi – avec une très belle scène de l'arrivée de ce bébé plus vite que prévu, Eve n'ayant pas le temps d'aller jusqu'à la clinique qui l'attendait pour l'accouchement. Elle aura aussi une seconde fille, Hannah, qui arrivera normalement.
Eve aura une liaison avec le père d'un gamin qui va à la même école que ses filles, un Français prénommé Sébastien, épris de littérature. On retrouvera ce Sébastien plus tard dans le roman, dans des circonstances plutôt amusantes. Eve a aussi une passion pour la cuisine, elle montera une petite entreprise de traiteur français qui réussira très bien et qui la mettra à l'abri financièrement.

Deux femmes d'aujourd'hui donc, qu'un lien mystérieux relie – lien qu'on découvrira aux deux tiers du roman, je n'en dirai pas plus pour ne pas dénaturer le plaisir des futurs lecteurs.

Catherine Cusset capte les joies et les peines de ces deux femmes.
Avec parfois quelques pages de trop (elle remercie à la fin son ami Jean-Marie Laclavetine, le célèbre éditeur que j'apprécie beaucoup, qui lui a rappelé que « écrire, c'est couper » - et il a raison). C'est agréable à lire, mais je ne sais pas pourquoi j'ai eu un peu de mal à m'attacher vraiment à ses deux personnages clés.

Il y est pourtant question de relation amoureuse, de désir et de séduction, de maternité, de rapport au temps et à la vieillesse, et peut-être même, comme le titre l'indique, de la quête du bonheur.

Qu'est-ce que le bonheur ? Bonne question me direz-vous. Pas complètement convaincue par celle donnée par Catherine Cusset, même si l'explication que donne Eve prête à réfléchir : « Pour Clarisse, le bonheur n'existait pas dans la durée et la continuité (cela, c'était le mien), mais dans le fragment, sous forme de pépite qui brillait d'un éclat singulier, même si cet éclat précédait la chute. »

Une définition provisoire donc, pour un récit agréable mais dont le souvenir risque de s'effacer rapidement.
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critiques presse (5)
LePoint
19 janvier 2022
La trame de Satisfaction, que l’on peut prononcer à l’anglaise, comme dans la chanson des Rolling Stones, « I Can’t Get No », est presque celle d’un roman policier : à mesure que pulse le désir, on sent monter la catastrophe.
Lire la critique sur le site : LePoint
LaPresse
12 octobre 2021
La définition du bonheur, Catherine Cusset livre un roman magnifique qui représente, pour reprendre ses propres termes, ce qu’on peut « attendre de mieux de la littérature, ce sentiment d’une vraie compagnie ».
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaCroix
08 octobre 2021
Dans un très beau roman, Catherine Cusset évoque la vie de deux amies dans une fresque qui fait revivre quarante ans d’histoire.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
07 septembre 2021
Le nouveau roman de l’écrivaine retrace avec finesse les trajectoires de deux femmes sur quatre décennies.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
26 août 2021
Les deux femmes, dont on apprendra les liens aux trois quarts du récit, symbolisent chacune une conception du bonheur, par fragments pour l'une, dans la continuité pour l'autre. Ce lumineux roman aurait pu s'intituler "Leurs années", en clin d'oeil à Annie Ernaux, On lui souhaite la même destinée.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Avoir seize ans, foncer dans la nuit calme sur une route déserte et sentir la brise tiède caresser vos épaules tout en enlaçant la taille d’un garçon qui vous a embrassée hier pour la première fois, la joue appuyée contre son dos : ce devait être la définition du bonheur.
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«  Déjà alors, je craignais l’écriture. Au fond de moi je savais qu’elle était liée à une observation douloureuse , mais je n’imaginais pas qu’avec le temps elle serait un abri, un refuge , ou non seulement je me retrouverais, mais où je retrouverais aussi ceux que j’avais connu et dont les visages avaient été conservés en moi » ….


AHARON APPELFELD, Mon père et ma mère .( Traduit par Valérie Zenatti) .
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Il prononçait le « h » comme si c’était une consonne au son âpre. Tout en la photographiant, il lui posa des questions. Elle dit qu’elle avait dix-huit ans, était étudiante et avait trois petits frères, que sa mère était professeur d’histoire et son père ingénieur. Elle apprit qu’il était récemment arrivé d’orangeraie – en Algérie, précisa-t-il en remarquant l’incertitude dans les yeux d’Ève. L’éclairage ne le satisfaisait pas : il souhaitait la photographier à l’intérieur, dans l’espace plus vaste devant les ascenseurs. La politesse de cet homme inspirait confiance, et la confiance était plus noble que la peur. Elle le fit pénétrer dans l’immeuble. La lumière des néons était trop dure, trop crue. Au bout de cinq minutes il préféra aller dehors. Elle le suivit à nouveau. L’appareil crépitait. Il voulut savoir de qui elle tenait ses yeux bleus : de sa mère bretonne, dit-elle. Tandis qu’il tournait autour d’elle comme un tigre patient autour de sa proie, reculait, appuyait sur le déclencheur, elle pensa à la plage sauvage à l’extrémité du Finistère où la baignade était interdite à cause des courants. Chaque fois qu’elle sortait de cette mer violente après avoir laissé tournebouler dans les vagues, elle se sentait belle, débarrassée de sa peur de l’échec, « douée pour le bonheur », comme aurait dit sa mère, lectrice de Simone de Beauvoir. N’était-ce pas cette Ève intrépide qu’elle venait de retrouver en laissant un Arabe sans abri photographier devant chez elle à deux heures du matin ? Le froid humide rentrait par le col de son blouson. Une chape de fatigue lui tomba dessus. La nuit serait courte.
"Je suis fatiguée.
— J’ai fini."
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Pour Clarisse, le bonheur n’existait pas dans la durée et la continuité (cela, c’était le mien), mais dans le fragment, sous forme de pépite qui brillait d’un éclat singulier, même si cet éclat précédait la chute.
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 À l’instant où Clarisse avait vu les portes-fenêtres donnant sur le ciel, elle avait senti un apaisement. Ce lieu, c’était le contraire de la grotte où elle avait grandi. Elle était sûre qu’au septième étage, n’importe quel mur porteur pouvait être abattu, et qu’au noir, les travaux ne coûteraient pas si cher.
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Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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