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EAN : 9782844147486
112 pages
L'Association (11/09/2019)
4.12/5   13 notes
Résumé :
C’est la fête au squelette à L’Association.
Démarré en 2003 dans l’éphémère revue Black (Coconino), Le Mort Détective est un feuilleton composé uniquement des têtes de ses chapitres.
Chaque page contient un titre, une (sublime) illustration, et une phrase « extraite » d’un texte auquel nous n’aurons pas accès. C’est tout.
Guidés par les indices que David B. nous fournit, c’est à nous, lecteurs, de deviner, d’imaginer ce qu’il se passe entre les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« le mort détective » est une oeuvre très singulière. Cette B.D en format paysage a une narration très particulière. Chaque page n'est composée que d'une unique illustration comportant une sorte de titre écrit dans une banderole ainsi qu'une phrase ou un dialogue sous l'image. le récit a donc beaucoup recours à l'ellipse, c'est même sa raison d'être. C'est au lecteur d'imaginer ce qui se passe entre chaque dessin, de remplir les blancs et les non-dits lui-même. Il n'y a pas que son côté elliptique à l'extrême qui fait du « Mort détective » un récit très cryptique. Chaque illustration est très mystérieuse et fait la part belle au symbolisme. L'ensemble est assez intriguant et le parti-pris narratif audacieux est intéressant. le dessin de David B. est superbe. Il maîtrise parfaitement les jeux d'ombres et de lumières propres au noir et blanc. Son trait fort et assuré dégage beaucoup d'impact et sied très bien à l'univers mystique déployé. Ceci dit, malgré ses qualités, « le mort détective » ne m'a pas totalement séduite. J'ai été charmée par la forme, absolument remarquable, je suis admirative de l'audace de l'auteur mais j'avoue que je n'ai pas compris où il voulait en venir. Je n'ai pas compris grand-chose à ce que je lisais.
Cet exercice de style offre un voyage visuel envoûtant mais reste trop hermétique à mon goût.

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Magnifique album illustré de David B.
Une oeuvre forte et mystérieuse. le graphisme en noir et blanc est appuyé, musclé, fascinant.

L'oeuvre est difficile, aussi je laisse la parole à Marius Chapuis du journal LIBERATION, qui en donne quelques clés de lecture.

LES ELLIPSES SOLAIRES DE DAVID B.
Par Marius Chapuis Journal Libération
— 3 octobre 2019 à 09:31

Le cofondateur de l'Asso revient avec «le Mort détective», une enquête policière oubapienne composée uniquement de têtes de chapitre. Un livre passionnant qui teste les limites d'une narration par le fragment et questionne ainsi le geste de lecture.

La quatrième planche, et donc le quatrième chapitre, du «Mort détective» de David B.
La quatrième planche, et donc le quatrième chapitre, du «Mort détective» de David B.David B·L'Association
L'ellipse, c'est le nerf de la guerre en bande dessinée. Matérialisée par un espace laissé vacant, par ce blanc qui sépare deux cases, elle sert à faire rire, à représenter le temps qui passe, à insuffler du mouvement à une image fixe, à caractériser un personnage, à rythmer des séquences ou simplement à s'épargner de longues et laborieuses descriptions.

A chaque fois, l'auteur part du présupposé que le lecteur parviendra à reconnecter les deux cases pour formuler un récit. David B., lui, s'amuse au contraire à rudoyer le lecteur à coups d'ellipses, son nouveau livre se positionnant au bord du point de rupture où l'on ne parviendra plus à combler les blancs. «Dans le Mort détective, je voulais étirer le chewing-gum le plus possible, jusqu'à ce qu'il casse. Tester les limites de l'ellipse», dit le cofondateur de L'Association. Sur le papier, ça donne une enquête policière dans un format à l'italienne où chaque illustration occupe une pleine page et se voit attacher un titre calligraphié et une phrase d'accroche nébuleuse. Une histoire dont on n'aurait que les têtes de chapitres, en somme.

A la première page, un squelette détective en robe de chambre sirote un verre lorsqu'il se voit notifier une nouvelle affaire : «Les écorcheurs sont de retour.» En page 2, l'enquête est déjà bien lancée et le mort éclaire la première victime, un nain pendu et pelé. Une ellipse plus tard, on retrouve le mort saoul et flanqué d'une fille aux cheveux tentaculaires dont les mèches tiennent mille poignards. Au-delà du côté toujours réjouissant de l'écriture sous contrainte, le livre fascine par la façon qu'il a d'interroger quelque chose qu'on tient pour ­ installé : le geste de lecture. Devant ces pages-ruptures, l'esprit turbine pour tenter de rétablir une narration traditionnelle, pour combler les blancs laissés par l'auteur et sauver la sacro-sainte continuité. Une difficulté qui va croissant puisque, progresser dans le livre, c'est accumuler les situations d'incompréhension et reconsidérer en permanence ses analyses précédentes. Une tâche absurde qui succombe au lâcher-prise.

Plutôt que chercher à tout rationaliser et tirer des fils trop longs et fragiles entre les pages, l'esprit se fait aussi vagabond que l'oeil et se «contente» de recréer un environnement autour de chaque scène, ses immédiats avant et après. le surgissement d'un indice venant rallumer la mécanique logique pour tenter de percer le mystère.

On s'abandonne d'autant plus volontiers dans le dédale du Mort détective qu'esthétiquement, on y retrouve notre David B. préféré, celui très noir et dense des Incidents de la nuit, sous influence Edward Gorey et Odilon Redon. «Jules Verne plutôt, corrige l'auteur. Ce livre, il vient des moments où, enfant, je feuilletais Verne sans le lire, parcourant le récit au travers des gravures des éditions Hetzel. Je me contentais de lire la petite légende de chaque gravure et je me faisais une histoire dans ma tête. Rien qu'à la récurrence des personnages, on distingue qui est le héros, qui sont les méchants. D'où ces personnages complètement fous du Grand Vieillard qu'on ne voit toujours que par morceaux, de sâdhu sadique… En progressant dans l'écriture, je me suis rendu compte qu'il fallait des rappels de personnages, qu'ils reviennent de façon régulière pour qu'on ne perde pas trop le fil d'un livre qui vient d'abord du dessin, d'idées graphiques. de l'envie de représenter une jungle, une pieuvre ou de mettre en image une expression populaire. "Sans queue ni tête", par exemple, ça suscite tout de suite des images chez moi.»

Grand livre sur la rupture, le Mort détective a une histoire éditoriale aussi hachée que son récit, puisque les dix premières pages remontent à près de quinze ans, servant pour le lancement de l'éphémère revue Black. Malgré son caractère expérimental, le livre s'inscrit très naturellement dans l'oeuvre de David B., par sa façon d'interroger une nouvelle fois la façon de raconter les histoires. L'Ascension du Haut Mal creusait la forme autobiographique ; Hasib, les récits gigognes des Mille et Une Nuits ; tandis que les Meilleurs Ennemis, réalisé avec l'universitaire Jean-Pierre Filiu, travaillait le récit à partir d'un matériau historique et factuel.

On peut aussi regarder l'écriture du Mort détective comme une déclinaison radicale des fragments de rêves que l'auteur livrait, il y a près de trente ans, dans l'important le Cheval blême. A la différence que, cette fois, c'est au lecteur d'aller creuser son propre imaginaire pour nourrir le livre. «C'est vrai que d'habitude, j'occupe beaucoup l'espace dans mes livres, en les remplissant de mon imaginaire et mes références. Cette fois, je laisse la porte ouverte.»

Marius Chapuis
LE MORT DÉTECTIVE de DAVID B.
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Beau riche, avec des illustrations très fortes. Des figures monstrueuses comme la Mort, le grand Sadhou, le Vieillard, le livre de fer des cauchemards mais pas seulement.
De la classe et du mystère.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
7 Le combat avec l'ange

"Apprends-moi ton nom !" hurla le mort détective au visage de l'Ange Mort.
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Videos de David B. (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  David B.
Chaque mois, un grand nom de la littérature française contemporaine est invité par la BnF, le Centre national du livre et France Culture à parler de sa pratique de l'écriture. L'auteur Jean-Claude Mourlevat est à l'honneur de cette nouvelle séance.
Cette vidéo ne sera accessible que durant la durée de la conférence.
Né en 1964, Emmanuel Guibert fréquente les Arts Déco de Paris. En 1994, il fait deux rencontres importantes ; celle d'Alan Ingram Cope, un ancien soldat de la Seconde Guerre mondiale, retraité sur l'île de Ré, et celle de David B, qui l'introduit dans un cercle de jeunes auteurs cherchant à renouveler les pratiques de la bande dessinée. Il rejoint un atelier collectif que fréquentent Joann Sfar, Christophe Blain, Emile Bravo, Marjane Satrapi et bien d'autres, où il travaille pendant cinq ans. Sa collaboration avec la maison d'édition l'Association marque une évolution vers un style épuré au service des récits vécus de son ami Alan Cope. Dans cette série biographique, toujours en cours, on trouve La guerre d'Alan (3 volumes), L'enfance d'Alan et Martha & Alan. Il poursuit dans cette veine avec le Photographe (chez Dupuis), d'après des entretiens avec Didier Lefèvre, reporter-photographe en Afghanistan dans les années 1980. Cette trilogie, traduite en 20 langues, vaut à ses auteurs (Guibert-Lefèvre-Lemercier) des récompenses dans le monde entier. Puis il crée plusieurs séries ou albums uniques, notamment Sardine de l'espace (14 volumes) et Les Olives noires (3 volumes). Avec Marc Boutavant, autre camarade rencontré à l'atelier, il lance la série Ariol, chez Bayard, qui totalise à ce jour 20 volumes traduits en de nombreuses langues. Il crée également des chansons en partenariat avec le guitariste Dominique Cravic. Son intérêt pour la musique de jazz lui fait élaborer, avec le graphiste et producteur Philippe Ghielmetti, toutes les pochettes du label Vision Fugitive. En 2007, il est lauréat de la Villa Kujoyama. de cette récompense naîtra l'album Japonais en 2008, recueils de peintures, dessins et nouvelles. Avec un collectif d'amis auteurs, il visite des grottes préhistoriques ornées en France. de cette expérience naissent le volume collectif Rupestres chez Futuropolis et la réalisation de fresques pariétales dans une grotte du Parc Régional des Causses du Quercy. En 2017, il est lauréat du prix René Goscinny pour l'ensemble de son oeuvre de scénariste au festival d'Angoulême. Il mène depuis quinze ans une activité discontinue mais fidèle de visiteur hospitalier et a rejoint Christine Géricot à l'association Sur un lit de couleurs, qu'il vice-préside. Cette association installe et supervise des ateliers d'arts plastiques animés par des enseignants dans les hôpitaux en France. Emmanuel Guibert a reçu le Grand Prix de la ville d'Angoulême lors du Festival international de la bande dessinée en 2020.
Animés par des producteurs et productrices de France Culture, les entretiens du cycle « En lisant, en écrivant » sont réalisés en public à la BnF, puis diffusés dans la grille d'été de France Culture et disponibles en podcast. Genèse des oeuvres, sources d'inspiration, aléas de la vie quotidienne d'un auteur ou d'une autrice, édition et réception des textes – autant de sujets que ces rencontres permettent d'aborder, au plus près de la création littéraire.
Rencontre animée par Arnaud Laporte, producteur chez France Culture
En savoir plus sur les Master classes : https://www.bnf.fr/fr/agenda/masterclasses-en-lisant-en-ecrivant
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