Etienne Davodeau est auteur de bande dessinée, il ne sait pas grand chose du monde du vin.
Richard Leroy est vigneron, il n'a quasiment jamais lu de bande dessinée."
Ces deux là vont quand même vivre une année ensemble, soit dans les vignes (la terre est basse, et Leroy est adepte de la méthode PTB "prends ta binette" et vade retro produits chimiques - sans parler de biodynamie)(connaissais pas ça!), soit en visite chez des auteurs de BD ou au siège parisien de Futuropolis. Au cours de cette lecture, on découvrira que pas mal de bouteilles seront ouvertes et des BD lues (liste gouleyante en fin de volume).
Wahou ça c'est de la bonne BD! Qu'en dire de plus après tous les billets louangeurs? Fille, petite-fille (et sans doute encore avant) de vignerons, fan de Davodeau depuis des années, je savais que cette BD, il me la fallait! Je n'ai pas été déçue, d'abord par l'objet, près de 300 pages, c'est du copieux, puis par l'histoire. Grâce à ces deux ignorants notre éducation se fait, sur le travail de la vigne et du dessinateur.
Naïvetés, gaffes, maladresses, mais aussi passerelles entre deux mondes plus semblables qu'on ne le pense, moments d'émotion, de rires, de sérieux aussi.
Parfois on a l'impression d'une BD en train de naître, Davodeau dessine en bout de rang, il doit gérer le changement de faciès de Richard, dont la barbe disparaît aux beaux jours. Dessin en noir et blanc, comme pour Rural! (nota : à relire!)
Pour les dialogues, pas de souci, j'ai beaucoup aimé, l'humour n'est pas absent, et au détour d'une page se découvre une remarque qui fait mouche. Au lecteur de réfléchir s'il le désire.
"A mon avis la qualité d'un vigneron, c'est de comprendre et d'accepter l'individualité de son terroir. J'ai une terre dure, ça fait sa valeur. Je pourrais peut-être produire plus, et il faut bien que je gagne ma vie. Mais la qualité de mes vins passe avant tout."
"Mais tout est subjectif dans le vin!"
"Les modes et le pouvoir de la presse... vous aussi, vous affrontez ça en bande dessinée?"
"J'ai peu de vin à vendre.(...)
Je me fais avoir presque tous les ans: avant récolte, je dis oui à tout le monde. Et puis, en un mois, j'ai plus rien à vendre.
- Nous dans ces cas-là, on a un mot magique.
-Hein?
- Réimpression."
"La dégustation d'un livre est peut-être plus solitaire que celle d'un vin. Mais ils ont ceci de commun que leur goût se déploie et s'affine à la discussion."
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