Si l'on veut se former une idée exacte du talent particulier d'un artiste, il convient, en premier lieu, de se remémorer les conditions générales de son art antérieurement à ses débuts, ensuite de se rendre compte de ses origines personnelles. Les critiques ont constamment noté la tendance de M. René Ménard à restituer, dans ses paysages, quelque chose de l'idéal de l'ancien « paysage historique ». Il est certain que ses évocations des solitudes aux lignes amples, aux horizons simples, aux valeurs dorées, baignées de je ne sais quelle atmosphère de légende, rompent au principe des « vues de pays » étroitement localisées. Que si, cependant, on examine d'un peu près ses oeuvres, on s'aperçoit qu'elles ne répondent nullement à une volonté,de retour en arrière et que, même, elles s'accompagnent de beaucoup de recherches proprement « modernes », au sens actuel du mot.
LES Salons de 1909, comme les précédents, comme ceux de 1910, semblent prouver que les architectes, dont il ne faut pas nier le talent, la science et l'habileté professionnelle, ne savent pas éviter deux dangers : d'une part, et il ne s'agit pas exclusivement des jeunes, la manie de se faire remarquer, de se créer une originalité tranchée. D'autre part, c'est l'excès contraire, l'archéologie, j'entends par là l'impuissance à dégager des formules anciennes une adaptation aux besoins de la vie moderne, à faire autre chose qu'une copie.