Ce tome contient les épisodes 1 à 6 de la série Captain Marvel débutée en 2014, écrits par
Kelly Sue DeConnick, dessinés et encrés par
David Lopez, et mis en couleurs par
Lee Loughridge. Cette série fait suite à celle débutée en 2012 qui compte 3 tomes : (1) In pursuit of flight (épisodes 1 à 6), (2) Down (épisodes 7 à 12), et (3) The enemy within (The enemy within 1, Captain Marvel 13, 14, 17, Avengers Assemble 16 & 17). Il n'est pas indispensable d'avoir lu ces tomes avant celui-ci.
Le tome s'ouvre avec une scène de 5 pages au temps présent : Captain Marvel, Bee, Jackie, Gill et Tic arpentent un marché sur une lointaine planète et se heurtent aux forces de l'ordre locales. le récit revient 6 semaines en arrière pour expliquer d'où sort cette situation. Dans le premier épisode, Carol Danvers prend conscience qu'elle a envie d'aller se promener, loin. Elle dit donc au revoir à Kit (Katharine Ann Renner), Tony Stark, James Rhodes et les autres. Elle récupère un vaisseau spatial et la voilà partie dans l'espace avec Chewie (son chat). Elle croise les Gardiens de la Galaxie, sauve Tic, une réfugiée qui venait chercher l'aide d'une vraie Avenger (Spider Woman) et se retrouve à défendre un peuple déplacé suite aux destructions massives de Infinity, peuple (sous l'égide de la reine Eleanides) réfugié sur une planète qui semble toxique.
Captain Marvel est un personnage que le lecteur aimerait bien pouvoir aimer. Il s'agit d'une superhéroïne au caractère bien trempée, capable de représenter dignement la gente féminine dans le monde très masculin des superhéros. Captain Marvel, la série, est écrite par une scénariste, représentante d'une espèce rare, les femmes dans le monde des comics. Qui plus est,
Kelly Sue DeConnick bénéficie de l'adoubement de
Warren Ellis, comme constaté dans le dernier tome de la précédente série "Captain Marvel".
Premier point satisfaisant :
David Lopez a le bon goût de ne pas exagérer les attributs sexuels de Captain Marvel dans ses dessins. Il a également le bon goût de proscrire les cadrages qui mettraient ses fesses ou sa poitrine en premier plan. de son côté, Marvel a le bon goût de confier l'écritu
re de la série à une femme :
Kelly Sue DeConnick également auteur de Pretty deadly, une série indépendante publiée par Image Comics, et d'une minisérie originale sur Norman Osborn (Evil incarcerated).
Malgré ces atouts réels, le prologue ressemble à une variation sans âme autour d'une scène de Star Wars (avec une réplique du film "Ce ne sont pas les droïdes que vous recherchez") avec des personnages sans épaisseur, et un environnement squelettique sans particularité. Les adieux aux personnages de la série précédente parlent peut-être à un lecteur concerné, mais pas du tout pour un nouveau lecteur. La rencontre avec les Gardiens de la Galaxie ressemble à une connexion opportuniste pour profiter de leur notoriété acquise dans le film des studios Marvel Les Gardiens de la galaxie. Lopez donne une apparence inoffensive à Drax, Groot et Gamora, d'une fadeur difficile à croire. Enfin emmener son chat avec soi dans un périple spatial ressort comme un caprice d'une rare irresponsabilité.
Il faut donc attendre la moitié du troisième épisode pour que DeKonnick et Lopez réussissent une scène vraiment mémorable : Carol Danvers en train d'admonester Tic pour sa conduite irresponsable. Danvers en mode grande soeur, insistant au point de faire pleurer Tic : scène crédible, parfaitement réussie, personnelle et drôle.
À partir de là, les auteurs trouvent la voix du personnage, DeConnick tricote une intrigue qui dépasse les clichés, Lopez conçoit des extraterrestres avec un peu de personnalité graphique, et développe les décors au-delà de 3 traits qui se croisent en fond de case. Captain Marvel arrive comme la sauveuse d'une race souffrant d'empoisonnement sur une planète maudite. En 3 phrases, la reine Eleanides l'a ridiculisée en lui faisant comprendre que la survie de son peuple ne sera pas assurée par une terrienne capable de taper fort (il faut plutôt des médecins compétents et l'aide financière et logistique de l'Alliance Galactique, ce qui nécessite de la diplomatie, et pas de frapper comme une sourde).
Sans devenir un dessinateur exceptionnel,
David Lopez réussit régulièrement des expressions faciales justes et nuancées. Il s'amuse avec la morphologie des extraterrestres (dont un qui ressemble beaucoup à Marko dans Saga de
Brian K. Vaughan et
Fiona Staples). Il fait l'effort d'étoffer les décors, pour que le lecteur n'ait plus l'impression qu'il s'agit de simples toiles tendues avec 3 traits dessus.
Lee Loughridge accomplit un bon travail de mise en couleurs qui consolide les dessins, sans se reposer sur des myriades de teintes pour en mettre pleine la vue.
Étrangement ce tome peine à démarrer et à trouver sa vitesse de confort, bien que
Kelly Sue DeConnick fusse déjà la scénariste de la précédente série du personnage. Une fois passée la phase de chauffage (2,5 épisodes), le lecteur a le plaisir de découvrir un récit qui dépasse les clichés propres aux histoires de superhéros dans l'espace, avec une héroïne qui fait preuve de personnalité, avec une poitrine de taille normale, et qui sait se servir de son cerveau avant de frapper.