Cet essai aux éditions le Passager Clandestin est publié dans la collection « précurseur.ses de la décroissance » que je ne connaissais pas. Ce fut une excellente découverte : découverte de
John Stuart Mill dont je n'avais jamais exploré la pensée, découverte de cette collection dont plusieurs titres me font à présent de l'oeil.
Je suppose que les livres de cette collection s'articulent de la même manière. J'ai trouvé la structure parfaite pour une approche de la pensée d'un penseur (ici philosophe-économiste mais on y trouve aussi des auteurs comme
Giono, Ballard, Orwell, Tolstoï…). Celui-ci est écrit par
Camille Dejardin, docteur en sciences politiques et agrégée de philosophie, qui présente
John Stuart Mill et sa pensée sur 65 pages avant de nous proposer, dans une deuxième partie, des textes choisis sur une cinquantaine de pages (chacun ayant une petite préface explicative). Cette découverte est donc très guidée ce qui la rend très accessible. La première partie nous donne toutes les clés pour comprendre les extraits. de plus, j'ai aimé l'approche globale de
Camille Dejardin qui m'a semblée complète puisqu'elle aborde aussi l'homme qu'était
John Stuart Mill (sa formation, ce qu'il aimait…). Ici, on ne sépare pas l'homme du penseur. C'est très intéressant de voir ce qui a pu forger sa pensée, notamment sur le féminisme.
J'ai trouvé l'homme et sa pensée d'une modernité folle pour un penseur du XIXème siècle. C'est à la fois réconfortant et désespérant, car la décroissance est pensée depuis longtemps mais la volonté politique n'est toujours pas là. J'ai aimé sa pensée radicale (à la « racine ») et nuancée en ce qu'il est pour l'évolution humaine par des plaisirs immatériels (versus la consommation de biens matériels) sans tomber dans le piège de la méritocratie, ou encore lorsqu'il aborde la démographie sans nier les problèmes de surpopulation, mais sans tomber dans les travers classistes selon moi (tout bêtement, il fait confiance en la
nature humaine dans une société libre, éduquée et égalitaire). le progrès industriel de son époque n'est pas une fin en soi selon lui, créant une compétition qui ne peut être l'idéal humain. Comme je l'ai dit, même en ayant conscience qu'il écrit ses textes lors de la révolution industrielle, sa pensée n'a pas pris une ride. Pour lui, le but légitime du progrès industriel ne doit pas être l'enrichissement de quelques-uns mais la réduction du temps de travail. J'ai aussi aimé les réflexions sur
l'utilitarisme et sur l'état stationnaire.
C'est également un auteur proche de la
nature, qui pense à l'humain dans cet environnement qu'il espère préserver. Il y a un passage où sa philosophie se fait quasiment spiritualité, mais une spiritualité libre de dogme, « une religion sans sur
naturel » où il est question d'idéaliser la vie terrestre, de respecter la
nature et l'humanité entière, hommes et femmes.
Une excellente découverte, dont je relirai certainement des passages.