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3,72

sur 357 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
On ne pourra pas reprocher à Jean-Baptiste del Amo son manque d'ambition, car une éducation libertine n'en manque aucunement.
Et pourtant c'est avec un sentiment mitigé que j'ai refermé son roman.1760. le jeune Gaspard quitte sa Bretagne natale pour débarquer à Paris bien décidé à y réussir. le jeune homme est ambitieux, mais plutôt rustre, sans moralité et surtout guère attachant. Il fréquente les quartiers mals famés et les lieux de débauches pour assouvir son appétit sexuel, tout en gardant à l'esprit l'avantage qu'il peut obtenir de ces aventures. La description du Paris du XVIII ème siècle est l'un des points forts du roman, ville tentaculaire, avec sa zone portiaire ou la vie sur la Seine est remarquablement décrite.
Alors que les principaux personnages sont plutôt réussis, mon problème vient du fameux Gaspard terriblement antipathique, de plus del Amo semble prendre plaisir à mettre son lecteur mal à l'aise, notamment dans la présentation des corps souvent laids ou dans les actes sexuels plutôt sordides.
Le roman souffre aussi d'une baisse de rythme qui m'a empêché de l'apprécier pleinement.
Mais, j'avoue que ce premier opus de del Amo malgré ces quelques réticences, ne vous laisse au final pas indifférent. Et je m'attelerai certainement à son second roman "Le sel".

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Une éducation libertine rappelle bon nombre de classiques des XVIIIe et XIXe siècles, mettant en scène un jeune homme prêt à tout pour conquérir sa place dans la haute société. Parti de rien, Gaspard a quitté Quimper et la ferme familiale pour Paris : de la Seine à l'atelier d'un perruquier, des bordels aux meilleurs salons parisiens, il gravit rapidement les échelons de la société.

Il rencontre tout au long de son parcours plusieurs personnages qui joueront un rôle clef, influençant sa réussite ou déterminant les changements qui s'opèrent en lui. Parmi eux: Lucas, qui lui trouve un premier métier ; Billod, maître perruquier émoustillé par le jeune provincial ; le comte de V., amoral et qui, sans avoir la prestance d'un Valmont, est le personnage qui m'a le plus séduite ; Emma, la prostituée au grand coeur ; les d'Annovres, sans autre intérêt que leur fortune et leur cercle d'habitués ; Adeline, leur fille, qui devine l'imposture de Gaspard ; enfin le baron de Raynaud, décati mais plein d'ardeur.

D'abord un peu trop simple, trop grossier pour le raffinement de la vie qu'il ambitionne, Gaspard apprend l'art et la manière de s'exprimer et de se comporter en société. Il découvre à ses dépens que les hommes ne sont pas toujours fiables et, avant d'atteindre son but, passe à plusieurs reprises de l'espoir à la déchéance avant de décider de prendre son destin en main.

Personnage ambitieux, Gaspard évoque Rastignac, dans un roman aux influences littéraires multiples – et lorsqu'il n'y a peut-être pas de rapport direct, on peut malgré tout faire quelques rapprochements : Balzac, mais aussi Maupassant et son Bel-Ami ; Zola avec l'expression récurrente « ventre de Paris » et des scènes évoquant les parvenus des Rougon-Macquart ; le Parfum de Süskind, notamment avec l'introduction de Paris, personnage à part entière, ville monstrueuse, bassement humaine, éructant, exhalant un remugle immonde ; évidemment Laclos et Sade, dont les Infortunes sont vendues sous le manteau, tandis que le comte Etienne de V. semble issu d'un accouplement sulfureux entre Valmont et Dolmancé. J'ai aussi pensé à Ambre, l'héroïne du roman éponyme de Katrin Winsor qui évoque la détermination d'une jeune campagnarde prête à tout pour conquérir titre et fortune dans l'Angleterre de Charles II. Peut-être y a-t-il également dans ce roman une influence de Jean Teulé, d'après ce que j'ai pu lire de son récit sur François Villon.

J'ai beaucoup apprécié l'aspect ambitieux de ce texte à l'écriture soignée, au langage savamment travaillé, au vocabulaire assez riche (malgré un champ lexical du corps et de ses sécrétions peut-être trop récurrent), aux métaphores nombreuses. C'est un roman fleuve comme on en trouve finalement assez peu aujourd'hui dans la littérature française – du moins c'est mon impression. Moins de poésie, d'introspection. Plus de narration, dans la tradition des grands classiques. J'ai vraiment savouré ce choix qui confère un caractère assez inédit à ce roman. A noter que quelques personnages évoluent en marge du récit, le temps de quelques pages. Ce focus sur d'autres habitants de la capitale tentaculaire suscite la curiosité du lecteur et relance parfois l'action en observant la scène sous un angle inattendu.

Pourtant je ne suis pas totalement convaincue : Une éducation libertine rappelle énormément le Parfum par son introduction (voire même en général, par le caractère vampirique et autodestructeur de Gaspard). Il peine à s'affranchir de ses nombreuses influences. Les personnages sont à mon avis un peu stéréotypés et ont pour beaucoup un petit air de déjà vu. Antipathique au possible, Gaspard m'a fait mourir d'ennui avant de jouer les arrivistes. Et c'est au final cette première partie (environ 200 p) que j'ai trouvée très longue, en particulier lors de l'apprentissage de Gaspard et de sa relation avec Etienne, avec des descriptions qui me semblaient redondantes et un héros qui ramait, brassait de l'air mais n'avançait certainement pas. Plus séduite par d'autres personnages que l'on ne connaît que superficiellement, j'ai mis trop de temps à m'intéresser au destin de Gaspard, malgré une deuxième partie lue d'une traite et vraiment appréciée (à part les descriptions de la chair mutilée du héros, qui m'ont finalement donné la nausée – mais cela ne m'était jamais arrivé lors d'une lecture et doit très certainement compter parmi les réussites du roman).

J'attendais peut-être un peu trop de ce roman mais Jean-Baptiste del Amo est sans aucun doute un écrivain prometteur que je serais curieuse de relire un jour. Et, malgré mes réserves, Une éducation libertine est un bon roman, voire plus encore.

Merci beaucoup à Gallimard et à Guillaume Teisseire, chef d'orchestre organisé et toujours très sympathique !
Lien : http://www.myloubook.com/arc..
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Une lecture qui laisse des réminiscences de romans marquants, et du fait un sentiment certain de "déjà vu". Tout d'abord dès les premières pages, transpirent les odeurs âcres et repoussantes du "parfum" de Suskind". Les relents putrides émanant du dédale des rues de la capitale sont décrits avec une forme d'exhaustivité qui rappelle les tournures de l'écrivain allemand. Sauf que del Amo se confond en descriptions répétitives qui alourdissent le récit. Cela est peut être à l'origine de la lecture pénible du début du roman qui maintient le lecteur à distance et l'empêche de pénétrer pleinement l'histoire du personnage. Puis, un autre roman s'insinue en filigrane entre les lignes du récit de del Amo. Celui de "Bel Ami" qui, évidemment, se rappelle à nous avant même la première page tournée. le résumé évoquant déjà cette ascension fulgurante d'un homme ambitieux et dénué de principes dans la société mondaine d'un Paris lointain. L'oeuvre de Maupassant nous poursuit durant la lecture du livre, même si elle se fait moins prégnante dès le milieu du récit qui gagne ainsi en singularité. Et les descriptions étant alors moins appuyées, la lecture se fait davantage plaisante et nous rencontrons enfin Gaspard. Nous approchons ses tares, son dégoût irrépressible pour la chair et de surcroit pour la sienne. Nous visualisons cet être perdu, passager de sa propre existence, interdit face aux compromissions de la bourgeoisie et -finalement- étranger à toute émotion. Nous le suivons avec intérêt jusqu'au dénouement, prévisible dès les premières lignes alors qu'il désire âprement abandonner sa chair aux eaux saumâtres du Fleuve...
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Ce premier roman de Jean-Baptiste del Amo s'inscrit clairement dans la lignée des romans d'apprentissage. Rédigé dans un style qui fait hommage aux écrivains de l'époque, del Amo, nous confirme une écriture maîtrisée. Les descriptions sont précises et plus d'une fois, on est surpris par le réalisme des scènes : l'estomac souvent au bord des lèvres, le lecteur évolue dans un Paris ignoble dont les miasmes et les relents ne sont pas sans évoquer le Parfum de Süskind. Les cinq sens du lecteur sont continuellement mis à contribution et l'on doit avouer que ce roman tire sa puissance de ces effets de style. L'auteur a construit l'identité de ses personnages autour des décors parisiens sans pour autant occulter leur essence et tous les sentiments y passent : compassion, pitié, dédain, dégoût, tristesse, admiration. le scénario est pourtant simple et le thème maintes fois traité. Mais L'éducation libertine se démarque par sa noirceur et les personnages semblent si réels qu'il est impossible de rester indifférent.
Lien : http://livresacentalheure-al..
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Gaspard, fils de porchers, débarque dans le Paris de Louis XV. le jeune homme est ambitieux mais ne connait rien au monde et à la vie. Il est pris en charge par Lucas qui l'initie au métier de flotteur, ce qui lui évite de mourir de faim mais ne le sort pas de la misère. Puis il se fait embaucher par le perruquier Billod, qui le fera rencontrer Etienne de V., un comte qui l'initiera à la vie et à la sexualité. Retour à la rue, rencontre de la prostituée Emma et passage dans un hôtel de passe où il accueille de nombreux clients avant de retourner dans le monde aristocratique pour devenir le gigolo de certains messieurs. Rôle qui lui permettra enfin d'aboutir à ses ambitions.
Mais à quel prix ? Méprisé par Etienne de V., traité comme de la chair à plaisirs par ses clients, puis ses amants, le jeune homme apprend à oublier tout sentiment pour réussir à renverser le rapport de force dans les liens qui l'unissent aux autres. Une attitude qui va vite l'emmener vers une attitude autodestructrice.
Et puis surtout, dans ce roman, il y a l'odeur. Et l'auteur semble se complaire dans les pires odeurs qui soient (heureusement que le livre n'est pas fournir avec une carte à gratter en odorama).
Certes, le XVIIIe n'était sûrement pas le siècle de l'hygiène, mais ici tout est crasse, pourriture, corps qui se putréfient, les gens pataugent dans leur déjection, les rues sont des décharges à ciel ouvert, la Seine un égout en plein air. Une puanteur qui semble avoir gangrené les cerveaux : tout y est rapport de force, humiliation, cupidité, avidité et obscénité. le personnage principal est loin d'être sympathique. Gaspard est traité pire qu'une bête de somme avant de faire subir le même sort aux autres. Quant à ceux, modestes, qui lui tendront la main, il n'aura de cesse de les fuir et de les maudire.
Un roman qui met mal à l'aise, entre nihilisme et misanthropie, une vision sombre voire malsaine de l'humanité.
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J'ai comme l'impression que je vais avoir du mal à vous parler de ce roman, mais ma foi, il faut bien se lancer... Après avoir passé pas loin de deux semaines sur ces 430 pages, après avoir noté sur mon bloc 66 mots qui m'étaient inconnus ou dont je ne maîtrisais qu'imparfaitement le sens (pour rappel, ça a donné naissance à la rubrique "La pêche aux mots" de ce blog), il va falloir que je vous parle de ce roman qui ne m'a pas franchement emballée, malgré des qualités indéniables.

Essayer de vous résumer l'histoire me paraît un point de départ tout indiqué. le roman s'ouvre sur l'arrivée de Gaspard, un Quimpérois de 19 ans à peine, à Paris quelques années avant la Révolution française. de son passé dans une ferme de la campagne bretonne, on n'apprendra que des bribes à travers des souvenirs ponctuels et très précis qui lui viendront au cours du récit, annoncés par un "Quimper, rouge" (ou tout autre couleur ou nuance allant du rouge au noir). On retiendra essentiellement une crainte démesurée du père du fait d'épisodes traumatisants. Hormis cela, même Gaspard ne se rappelle pas grand-chose de son passé. Son voyage pour venir à la capitale a effacé les premières pages de sa vie, et c'est en homme neuf qu'il arrive dans la ville sale et tentaculaire. A partir de là, le lecteur va suivre son parcours dans la ville, repris par le nom des parties de l'ouvrage : le fleuve, rive gauche, rive droite puis le fleuve de nouveau (le même et ... un autre à la fois!). A ce propos, le rôle du fleuve dans le roman, carrément pesant au départ, puis toujours présent (même discrètement), est primordial et a son explication (ce dont j'avoue avoir douté au départ).

Au départ, on a plutôt tendance à s'attacher à Gaspard, à espérer que tout se passera bien pour lui, le jeune provincial qui découvre la rude vie parisienne et qui doit apprendre à s'y faire sa place. On se ravit de sa première progression qui l'extirpe du fleuve, où il récupérait les troncs charriés par la Seine pour chauffer les parisiens, pour en faire un apprenti-perruquier... Puis son arrivisme commence à s'affirmer, et avec lui son infidélité en amitié, son mépris affiché pour ce qu'il a été, son ingratitude envers les gens qui lui ont tendu la main... Et là tout de suite, Gaspard devient beaucoup moins aimable! En somme, c'est un personnage assez détestable, à la fois écervelé et calculateur, du genre maniaco-dépressif qui croit un jour que tout lui est dû et qui est à ramasser à la petite cuillère le lendemain... Avec une avidité toujours plus intense, il passera par les plus sombres avilissements (en clair, la prostitution) pour parvenir à ses fins et se faire une place jusque dans la noblesse afin de ressembler au comte Etienne de V., qui l'a séduit avant de l'abandonner de façon méprisable ("Arriver, et vite", comme le dit Gaspard lui-même p. 334). Tout cela ne se fera évidemment pas sans heurts, et au final c'est un roman d'apprentissage plutôt original que nous livre ici Jean-Baptiste del Amo, avec en bonus des révélations finales quant aux mécanismes en oeuvre dans l'intrigue.

Mais je dois avouer que je ne m'y suis guère plu : j'ai souvent trouvé ma lecture longue, la progression psychologique du héros trop expliquée, trop manichéenne quelque part (alors que d'autres éléments de la psychologie des personnages sont au contraire fort bien amenées par ailleurs). Je doute qu'on pose les équations de sa vie aussi clairement que Gaspard ne le fait quand il n'est pas dans une de ses phases de passivité chroniques.

Comme je l'ai déjà souligné, le vocabulaire est extrêmement riche et recherché. Il est très travaillé, parfois même un peu trop : des situations ou des ressentis qui se voudraient amenés subtilement en deviennent grotesques (je me rappelle avoir pesté contre le verbe "violer" qui revenait à tout bout de champ sur un ou deux chapitres du livre : même volontaire, j'ai trouvé le procédé vraiment trop lourd). Cela dit, il faut reconnaître à l'auteur un grand talent pour les descriptions plus vraies que nature des ambiances, essentiellement glauques ou peu ragoûtantes, de ce Paris de la fin du XVIIIe siècle : encore une fois, le vocabulaire employé est très méticuleusement choisi et atteint généralement son but. On sent la moiteur des corps, l'étouffement de Paris en août, l'odeur nauséabonde de la rivière... C'en est effrayant de précision parfois (combien de fois ai-je pensé : "Mon Dieu! C'était vraiment comme ça?! Beurk!"). En même temps c'est pour cette qualité, que j'avais trouvé à l'extrait qu'un magazine donnait à lire, que je souhaitais vivement lire ce roman : on peut dire que j'ai été servie!

Au bilan, pas évident de conclure : disons que même consciente des qualités de ce roman, j'ai du mal à m'enthousiasmer...

Merci à Babelio pour m'avoir permis de découvrir ce roman que j'avais très envie de lire par ailleurs!
Lien : http://lameralire.blogspot.c..
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{Une éducation libertine, de Jean-Baptiste del Amo a été lu
et chroniqué dans le cadre de l'opération "Masse critique" de Babelio
Merci aux organisateurs et aux éditions Gallimard ! }


Une éducation libertine, roman de la rentrée littéraire, raconte l'ascension et la chute d'une jeune provincial "asservi par la chair" en plein siècle des Lumières. le lecteur accompagne le personnage de Gaspard dans la découverte d'un Paris double, où l'air est vicié par les émanations humaines et la saleté du fleuve. L'auteur construit pour cela une atmosphère particulière, essentiellement sensorielle, olfactive : entre les remugles des bâtisses insalubres, les émanations méphitiques du fleuve et l'odeur de crasse et de mort posée sur les habitants, on est parfois tenté de froncer le nez. Il n'y a pas à dire : les descriptions sont bien menées, et le lecteur plonge, patauge dans cet amas de civilisation puante ; non sans un certain plaisir. Pendant ce temps-là, le lecteur assiste, impuissant, à la destruction progressive de notre héros, au fur et à mesure qu'il tente une ascension sociale. Gaspard est finalement brisé et corrompu par le monde qui l'entoure, présenté comme pourri et décadent. La ville, personnifiée, représente une entité malveillante et dangereuse, attirant les êtres dans ses rues sales et tortueuses, baignant de vice quiconque en respire les effluves. le fleuve même, motif omniprésent dans le récit, n'apparaît que souillé par les présences humaines et les dégorgements de la ville, apparenté à un Styx, charriant cadavres et pulsions inconscientes. Une éducation libertine, sous couvert de représenter un autre XVIIIème que celui que nous connaissons, se pose comme un roman destructeur et nihiliste, miroir de la corruption du monde. Et c'est sous ces augures, par l'intermédiaire de Rousseau, que ce récit déchirant se clôt :

"Dans l'état où sont désormais les choses, un homme abandonné dès sa naissance à lui-même parmi les autres serait le plus défiguré de tous. Les préjugés, l'autorité, la nécessité, l'exemple, toutes les institutions sociales, dans lesquelles nous nous trouvons submergés, étoufferaient en lui la nature, et ne mettraient rien à la place. Elle y serait comme un arbrisseau que le hasard fait naître au milieu d'un chemin, et que les passants font bientôt périr, en le heurtant de toutes parts et le pliant de toutes parts."

Au final, j'en garde un bon souvenir de lecture. Je crois même pouvoir dire, moi qui n'ai jamais achevé quoi que ce soit, que pour un premier roman, ce livre porte avec lui de nombreuses promesses : on ne peut que saluer le travail du style, la capacité qu'a eu l'auteur à entraîner le lecteur dans les lieux les moins engageants ou encore la richesse de la psychologie du personnage. Mais l'habileté de la narration ne parvient pas à faire oublier quelques défauts ...

~*~

Il est assez étonnant qu'en lisant Une éducation libertine, j'aie pensé à autant d'auteurs : telles lignes m'ont rappelé les écrivains fin-de-siècle que je connais, un autre passage faisait explicitement allusion à Süskind, tandis que le destin d'Emma me rappelait malgré moi celui de Nana, l'héroïne de Zola ... Entre les clins d'oeil aux romans d'apprentissage, l'application à décrire horreur et pourriture qui rappellent certains aspects de la littérature fin de siècle et les références plus ou moins assumées aux écrivains libertins du XVIIIème, le propos ne se désagrège-t-il pas un peu trop ? J'ai également regretté, au fil de ma lecture, certaines maladresses, certains détails gênants qui m'empêchaient d'adhérer totalement au Paris-XVIIIème que l'auteur veut recréer sous nos yeux. Quelques anachronismes, quelques invraisemblances apparaissaient au détour d'une page, et à chaque fois j'interrompais ma lecture en regrettant la phrase, le mot, la déclaration qui avait interrompu une agréable immersion. Comment un pauvre bougre pataugeant chaque jour dans le fleuve peut-il manifester des connaissances mythologiques, déclarant à propos de la Seine : "c'est un Styx" ? Comment un homme qui se réclame des milieux philosophiques et libertins, à la mi XVIIIème siècle, peut-il déclarer que les philosophes de son temps ne s'intéressent qu'à l'âme alors qu'existent, à l'époque, des salons où se développe une pensée matérialiste ?

Enfin, j'ai eu l'impression au fil de ma lecture que lorsqu'on souhaitait gratter un peu la surface du texte pour voir ce qui se dissimule derrière, on était confronté à une sorte de malaise. Je ne veux pas croire qu'il n'y ait que du vide, du creux derrière les mots d'Une éducation libertine, mais le propos se saisit mal, très mal, derrière les soubresauts de l'intrigue. On croit souvent entendre un murmure, un simple murmure, étouffé de partout par le récit en lui-même. le roman soulève finalement beaucoup de questions auxquelles il n'apporte pas de véritable réponse, et j'ai terminé la lecture sur une impression mitigée. J'aurais aimé trouver derrière une narration adroite et une écriture intéressante quelque chose de fort, à la hauteur de la violence du récit et de la force des descriptions. Ce ne fut pas le cas. Par conséquent, j'ai le sentiment qu'il manque quelque chose à Une éducation libertine pour en faire un roman accompli.
A mon sens, l'ouvrage représente bien plutôt un divertissement de qualité. Pour qui a le coeur bien accroché et ne s'embarrasse pas de quelques résistances et maladresses.
Lien : http://carnets-plume.blogspo..
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Premières pages d'anthologie, où la description superbe et écoeurante de Paris fait écho à celle du Ventre de Paris de Zola.
Très beau style.
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En 1761, le jeune Gaspard quitte la porcherie de son père à Quimper (après un drame que l'on découvrira en fin de roman) pour monter à la capitale. Il ne sait pas très bien ce qu'il vient y faire et se fonde au début dans le monde des paumés. L'auteur décrit avec une insistance quasi obsessionnelle toute la crasse de Paris, de ses rues, de ses maisons, de ses habitants, toutes les odeurs nauséabondes que l'on ne peut éviter.
Inconsciemment, Gaspard a décidé de sortir de ce milieu. Il envie les nobles et veut devenir comme eux. Il effectuera cette ascension sans le moindre scrupule, en usant de son corps –il est beau garçon- pour attirer des hommes. Ce n'est pas la répulsion qu'il éprouve quand il couche avec des vieux qui l'arrêtera. Gaspard sera accepté dans cette société qu'il méprise au fond de lui. Il héritera même une fortune d'un de ses « amants » . Mais arrivé au faîte de cette gloire tant souhaitée, l'image de la porcherie familiale ne cessera de le hanter jusqu'à l'issue fatale.
Le roman rebute, surtout au début, par l'accumulation de détails « crado » Mais la puissance d'évocation de del Amo est remarquable –on pense à Zola- et ce style très personnel et remarquable fait oublier le reste.
Cette oeuvre obtint le prix Goncourt du premier roman.
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L'anti héros libertin dans toute ses coutures,un régal.
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