revenons à
HP Lovecraft, écrivain américain, respirant la joie de vivre, souriant les jours de fêtes, heu attendez, je vérifie mes notes... Nan en fait : ne souriant jamais. Donc
Lovecraft a écrit des récits fantastiques où de pov' mortels sont confrontés à des monstres incompréhensibles qui finissent par broyer cette fragile humanité à coup de démences subites et suicides spontanés.
Lovecraft a créé un bestiaire fantasmagorique bien dégueulasse où d'abominables créatures venues du fond des âges [temps antédiluviens où elles régnaient en maître sur notre monde] dorment. Attendant le réveil, réveil hâté par des nécromanciens. J'ai peu lu
Lovecraft. L'AFFAIRE DEXTER WARD, LE MYTHE DE CTHLHU, et c'est à peu près tout. En fait, je ne suis pas un si grand fan de
Lovecraft, l'écrivain hein. Parce que l'homme, misogyne, xénophobe, antisémite était un sale con médiocre.
Par tronche,
Lovecraft a un côté fascinant dans ses écrits, c'est sa radicalité. L'homme n'a aucunes chances. Non. Vraiment aucunes. Comment vous dire, l'humanité face à Cthulhu et ses potes a encore moins de chance qu'un terroriste face à Steven Seagal... de plus si le mec qui aperçoit une lueur verdâtre dans sa cave, qui entend des psalmodies à glacer le sang, se dit "tin si on allait voir..." Il y met un peu du sien...
Et puis,
Lovecraft a eu l'idée du Nécronomicon. Supposément écrit par un Arabe a moitié fou, sur de la peau humaine qui rend complètement cintré à sa lecture. La plus belle création de
Lovecraft. Enfoncé Sherlock Holmes, si vous voulez mon avis, quant au mythe plus vrai que réel. le nombre d'occurrences sur google est phénoménal.
Lovecraft,
lui même, fut dépassé par sa création. David, le héros du PIÈGE DE
LOVECRAFT, va chercher ce livre, éperdument même s'il sent qu'il perd pied et qu'il se rue à sa perte.
Ce qui est pratique avec les livres composés "à la manière de" est que l'on peut attribuer les fautes de l'ouvrage au modèle inspirant. Ainsi si l'on peut légitiment penser qu'
Arnaud Delalande a sorti son dictionnaire de synonyme pour nous assommer de toutes les déclinaisons possibles de peur, angoisse, terreur etc. La faute n'en revient-elle pas à
LOVECRAFT qui n'a jamais donné dans la sobriété ? Ouaip. Lovecraf a un gimmick, placer le plus possible d'adjectifs dans un paragraphe :
"Le hurlant abîme crépusculaire étincela devant
lui, il se sentit impuissant dans l'étreinte informe du conglomérat de bulles irisées. En avant, le petit polyèdre kaléidoscopique filait à vive allure, et dans le vide bouillonnant, un développement et une accélération du vague système tonal semblèrent annoncer un paroxysme indescriptible et insoutenable. Il pressentait ce qui allait arriver – l'explosion monstrueuse des chants walpurgiens, qui concentraient dans leur sonorité cosmique toute l'effervescence primitive, fondamentale, de l'espace-temps qui couve derrière les sphères de matière amoncelées, et jaillit toutefois en réverbérations rythmiques qui pénètrent atténuées tous les niveaux d'être et confèrent partout dans les mondes une terrible signification à certaines époques redoutées.
Mais tout cela disparut en un instant."
LA MAISON DE LA SORCIÈRE
Donc si l'on trouve le style d'
Arnaud Delalande un poil chargé, il reste d'une simplicité bienvenu face au foisonnement étouffant
Lovecraftien.
Les protagonistes du PIÈGE DE LOVECRAT ont une psychologie sommaire ? Itou mon potou.
Lovecraft ne s'embarrasse pas de psychologie. Ses personnages sont falots, tous du même moule. Ses personnages sont là pour ressentir. Ce qui compte c'est leur réaction face aux odeurs, aux bruits et enfin à la vue proprement insoutenable des monstruosités des abysses.
Bref le héros du PIÈGE DE
LOVECRAFT vous semble un brin transparent, et bien c'est un héros typiquement
Lovecraftien. Son caractère est peu flamboyant mais son destin est tragique et hors du commun.
Cela étant dit, le plus fort dans
Lovecraft est la construction de ses livres, et LE PIÈGE DE
LOVECRAFT est admirablement charpenté. Les chapitres se répondent et le dénouement...
Le dénouement est surprenant. Et comme je ne veux pas spoiler, je dirais qu'il est fortement inspiré d'un autre livre totalement étranger à l'univers de Lovecrat, un livre magistral que Delalande ne cite pas mais je veux bien
lui accorder le bénéfice d'une coïncidence logique. En effet
Arnaud Delalande est un écrivain et ce dénouement doit travailler en profondeur tout ho(fe)mme de plume qui se respecte.
King ainsi en son temps...
Transition subtile pour vous dire que Delalande imagine une confrontation particulièrement réussie et réjouissante de David son héros tragique et
Stephen King que l'on voit comme l'héritier putatif de
Lovecraft.
[A tort. La psychologie des personnages de King est poussée et fouillée jusqu'à l'os.
Lovecraft ignore les personnages féminins, rien de cela est chez King. Pas de sexe chez
Lovecraft, hygiéniste obsessionnel, il est même nié. le sexe est parfois l'un des ressorts Kingien, jamais évacué en tous cas]
Ce passage est excellent et Delalande réussit le tour de force d'un hommage ambigu mais réel à l'une de ses idoles sans tomber dans le panégyrique.
Pour conclure un livre bien foutu qui procure un vrai plaisir de lecture qui t'oblige à tourner les pages (je l'ai claqué en 4-5 jours) je conseille ce bouquin. Encore plus aux fans de
Lovecraft
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