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EAN : 9782754824682
120 pages
Futuropolis (05/06/2019)
4/5   108 notes
Résumé :
Jeune ingénieur, Carlos Pérez se fait embaucher en 1988 par une grande marque automobile. Son rêve d’enfant se réalise. Il monte peu à peu les échelons, se marie, attend un premier enfant…
Sa vie se complique dès lors que la société emménage dans un nouveau lieu, à l’opposé de la banlieue où il vient d’emménager. Une nouvelle génération de cadres arrive avec la nouvelle direction et la machine à broyer se met en marche. On l’envoie suivre le travail d’une usi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Lorsque Carlos Perez passe un entretien dans une grande entreprise automobile, après de brillantes études à Centrale, il est quelque peu stressé. Un rêve pour lui d'intégrer une boîte comme celle-ci, lui, le fils d'immigrés espagnols et simples ouvriers. Au bout de cinq ans, le voilà promu chef d'atelier et de belles perspectives s'offrent à lui. Il travaille alors à la conception des modèles. Un travail qui lui plait énormément. Il rencontre alors Françoise avec qui il se marie et fait un enfant. Malheureusement, l'entreprise déménage en banlieue et cela n'arrange pas le jeune homme qui va devoir supporter au moins une heure de voiture matin et soir. Qui plus est, l'organisation des bureaux en open-space l'empêche de se concentrer. La direction change également l'organisation des tâches de chacun, la concurrence s'imposant et ébranlant la stabilité de l'entreprise. Les objectifs individualisés deviennent de plus en plus exigeants. Carlos, lui, veut réussir à tout prix et se donne coeur et âme à son boulot, négligeant sa petite famille...

Le travail m'a tué... Un titre on ne peut plus explicite qui traite avec justesse et émotions le suicide au travail. Inspiré de faits réels, quelque peu romancés, ce roman graphique s'inspire librement du livre "Travailler à en mourir" de Hubert Prolongeau pour lequel ce dernier a enquêté chez Renault et France Télécom (pour ne citer qu'eux). Ici, l'on suit le parcours de Carlos Perez, de ses débuts prometteurs dans l'entreprise automobile à son suicide. Les scénaristes, tout au long du récit, dépeignent avec subtilité les raisons qui ont poussé cet homme à ce geste fatal. Des objectifs démesurés, un management inadapté, un travail de plus en plus individualisé, des déplacements de longue durée, des trajets fatigants, des heures sup', un manque d'écoute (des RH ou de la hiérarchie)... Autant d'éléments qui, bout à bout, broient petit à petit Carlos Perez. Ce récit fait froid dans le dos, évidemment. Il nous entraîne dans une spirale infernale et une ambiance oppressante. le dessin de Grégory Mardon s'avère simple mais d'une grande efficacité. En noir et blanc, ponctué ici et là d'une seule couleur (bleu, mauve, ocre...).
Un récit social touchant...
N'oublions pas que les médias estiment la part des suicides au travail en France entre 300 et 400 cas par an.
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Quand on demande à un enfant ce qu'il voudra faire plus tard, il répond souvent qu'il sera pompier, maitresse d'école, astronaute, infirmière…mais jamais aucun enfant ne dit qu'il voudra faire un travail abrutissant, un travail auquel il ne comprend rien, un travail qui l'use, un travail qui lui pompe toute son énergie, un travail qui le rend malade et parfois même le tue.

Inspiré d'une histoire vraie, celle d'un des nombreux suicides au sein d'une très grande entreprise, cette bande dessinée raconte avec une efficacité redoutable l'engrenage dans lequel le héros se trouve piégé.

Parce que les décisions sont prises par des gens qui ne connaissent rien au domaine dans lequel ils travaillent, parce que les communications sont réduites à des échanges de mails informels, parce que la charge de travail est toujours plus importante, parce que les employés ne sont plus que des pions amovibles et jetables, parce que l'humain n'a plus sa place dans une société capitaliste qui vise le toujours plus, toujours mieux, toujours plus vite, bon nombre de personne se perdent littéralement dans ce nouveau monde du travail qui n'a plus de sens, sacrifiant leur vie personnelle, leur santé et parfois leur vie.

Malheureusement, bien que le sujet soit davantage connu aujourd'hui, le suicide au travail est loin d'être un sujet obsolète car le management actuel ne prend toujours pas en compte l'individu, on ne valorise pas le travail et les compétences mais on glorifie le profit, la rentabilité, l'obéissance, la vitesse d'exécution et tant pis si ça laisse des hommes et des femmes sur le carreau.
Une bande dessinée qui fait peur, qui fait voir rouge, qui nous ronge les tripes et qui nous laisse exsangue car de telles conditions de travail ne sont pas seulement l'apanage des grandes entreprises mais concerne de très nombreux milieux professionnels.

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Une BD à offrir à Didier Lombard et sa triste évocation de "mode du suicide" chez France Télécom.

Le Travail m'a Tué. Tout est dans le titre.
Mais derrière ce dur labeur, il y a des personnes, carriéristes, opportunistes, dénuées de tout cortex empathique, suffisamment courtisanes pour pressurer, harceler, menacer un salarié qui finira par lâcher la rampe.
Bienvenue dans le monde du travail.

Le trait est simple, la colorisation pas follement enthousiasmante.
Mais peu n'importe. L'intérêt est ailleurs.
Il s'appelait Carlos Perez et j'aime autant vous dire que la papayou, papayou lélé, c'était pas au menu.

Élément prometteur intégrant l'entreprise dont il rêvait, il allait lentement mais sûrement sombrer.
Non pas de manière frontale mais de façon insidieuse, lente et sournoise.
Quand on peut faire durer le plaisir, pourquoi se priver.

Ce récit décortique magistralement les mécanismes usités pour pousser un salarié dans ses derniers et ultimes retranchements.
Une pieuvre qui ne dit pas son nom mais qui étouffe sur la durée.

Tout y est à sa juste place, sans pathos ni misérabilisme.
De l'évolution de Carlos -et de son humeur par ricochet- au sein de la boîte à ses rapports familiaux de plus en plus conflictuels, la roue de l'infortune est lancée et tourne sans discontinuer. Il n'y aura qu'un seul "gagnant", la boîte, vorace, omnipotente, jamais bien loin de vos futures emmerdes qui ne tarderont pas à déferler en cascade, soyez-en sûrs.

Fascinant et dérangeant, ce petit guide de survie en entreprise pourrait bien vous sauver la mise, à moins qu'il ne soit déjà trop tard...
En vous souhaitant une belle journée.
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Carlos Perez s'est suicidé dans son entreprise.
Le lieu choisi en dit long sur l'origine de son désespoir.
Quelques mois plus tard, sa veuve, assistée d'une avocate, est au Tribunal afin d'intenter un procès à l'employeur pour 'harcèlement moral, institutionnel, organisé'.
L'entourage est sceptique :
« Tu crois qu'elles ont leur chance ?
- Pourquoi pas ? On en a beaucoup parlé, les juges auront peut-être envie de faire un exemple...
- Moi je n'y crois pas. Ça fait plutôt baroud de la dernière chance pour elles.
- Et puis les juges... Ils y connaissent quoi, à l'entreprise ? »

Retour sur le CV de Carlos.
Ses parents ont quitté l'Espagne en 1974, sa mère n'a jamais bien parlé le français, son père est ouvrier. C'est merveilleux pour lui d'avoir réussi le concours de 'Centrale'.
Le diplôme en poche, il est enthousiaste à l'idée d'intégrer l'industrie automobile - son père lui a transmis sa passion pour les voitures.
Mais une fois en poste, les difficultés et désillusions s'enchaînent, le monde de l'entreprise est une machine qui broie les plus faibles ; la boîte doit être compétitive - le collectif doit suivre, voire précéder, donc anticiper, changer de cap au gré du vent.

Inspiré de l'essai 'Travailler à en mourir' (Hubert Prolongeau et Paul Moreira), ce témoignage est d'autant plus intéressant qu'il montre subtilement que le suicide 'au travail' s'inscrit dans un noeud - de plus en plus serré - de difficultés imbriquées.
La personnalité de Carlos est déterminante, différente de celles de collègues moins sensibles, qui résistent mieux aux mêmes obstacles, déceptions, affronts. Sa vulnérabilité est liée à son parcours personnel, à ses ambitions, à sa rigueur et son sérieux de 'bon élève' qui l'empêchent de prendre du recul, de passer outre certains comportements hiérarchiques dictés par une logique globale, de lâcher prise une fois rentré chez lui.
Pour ne pas y laisser des plumes, il faut s'impliquer, mais pas trop, savoir dire non, comme lui conseillent des collègues qui le voient dégringoler :
« Je crois que tu aurais la vie plus cool si de temps en temps tu t'en foutais un peu. T'es pas responsable du monde entier. Il y a des décisions qui te dépassent. (...) Faut dire Amen pour ne pas se faire écraser, vieux. »
« Parce que tu crois encore à leur reconnaissance? Alors là, mon gars, tu te fourres le finger in the eye... bien profond. »

Facile à dire...

Le roman noir d'Elisa Vix, 'Elle le gibier', le montre très bien aussi.

En fait, en relisant le début de la BD avant de rapporter l'album à la bibli (j'ai hésité à faire un billet, même), je perçois le cynisme de certains cadres, comme le DRH, à l'issue de l'entretien de recrutement de Carlos :
« Je crois qu'on peut miser sur celui-là. Il vient de très bas et il a envie de bien faire pour montrer qu'il reste un bon élève. A mon avis, ce sera un bon cheval. »
Alors je pourrais tout aussi bien recommencer ce billet et exprimer un avis beaucoup plus sévère sur la hiérarchie, que j'ai souvent envie de dédouaner, car les encadrants aussi sont sous pression, entre le marteau et l'enclume...
Pas le courage, sujet trop douloureux.
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Voici une excellente bande dessinée, pas forcément très gaie mais de salubrité publique, qui renvoie aux suicides des salariés de Renault ou de France Télécom.

Cet album reprend des éléments du livre Travailler à en mourir : Quand le monde de l'entreprise mène au suicide de Paul Moreira et d'Hubert Prolongeau, ce dernier étant coscénariste de la BD.

Inspiré de faits réels, « le travail m'a tué » décrit avec minutie et finesse l'engrenage qui va conduire un cadre modèle au suicide et dresser un constat dur mais lucide de l'évolution du monde du travail. Cette douloureuse immersion dans ce que le management moderne a fait au monde de l'entreprise est assez terrifiante,

L'histoire raconte la destinée d'un jeune fils d'ouvriers immigrés espagnols, qui va rentrer dans la boite de ses rêves, grande pape de l'industrie automobole .

Trente ans plus tard, la boite de ses rêves l'a compressé, et usé jusqu'à la corde. Les méthodes de management sans logique les objectifs individuels toujours en hausse, mais aussi l'envie de toujours prouver de quoi il est capable, vont conduire Carlos à la plus dramatique des décisions ( c'est le tout début de l'album on spoile pas) , à savoir sauter dans le vide dans le lieu de travail et se tuer .Basée sur les faits réels qui se sont déroulés chez Renault, la BD illustre magnifiquement cette spirale infernale qui broie ceux qui sont victimes d'une entité qui n'éprouve aucune espèce de considération pour ceux qui la fait vivre, , qu'elle tort et retort sans se soucier des conséquences.

Ce récit dur prend une autre résonance à l'heure ou se déroule le procès pour harcèlement moral des anciens dirigeants de France Télécom. Il faut vraiment lire ce récit fascinant bien que très dur, dans lequel beaucoup de salariés pourront se retrouver.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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critiques presse (1)
Sceneario
22 juillet 2019
Un album qui perturbe, mais qui nous ouvre les yeux ! Donc évidemment très conseillé !
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Un harcèlement moral mais...
Institutionnel en même temps...
Organisé.

Et personne de responsable.
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- Les voitures se vendent moins. Je suis sûr que la crise est aussi là parce qu'on s'amuse moins au travail.
- En même temps, c'est du boulot, t'y vas pas pour t'amuser non plus.
- Non bien sûr, mais l'ambiance n'est plus la même. Avec cette connerie d'internet aussi...
- Connerie ? Mais tu déconnes, Carlos. C'est génial.
- Si on veut. On se "maile" à dix mètres d'intervalle, on ne se parle plus.
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- Ça veut dire quoi, individualiser [les objectifs] ?
- Chacun sera responsable de ce qu'il fait. Mais on sait bien que ça ne marche pas comme ça. Qu'il faut qu'on travaille tous ensemble. Un joueur de foot, ça joue en équipe, t'as pas onze gus avec des oeillères.
(p. 28)
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Mais il faut faire mieux encore. Le monde s'ouvre. La stabilité d'une boîte comme la nôtre n'existe plus. Il va falloir encore plus prouver que nous sommes les meilleurs. Nous devons changer nos méthodes de travail et nous adapter aux défis de demain. Pour cela, l'organisation de vos tâches va être modifiée, ceci pour le bien de tous. Nous savons que vous êtes impliqués dans votre travail. Pour l'être encore davantage, il faut que chacun d'entre vous sache encore plus précisément ce qu'il doit faire. Ça, c'est notre responsabilité. Vous allez avoir désormais des objectifs individualisés. Nous définirons à chacun d'entre vous la tâche qu'il devra accompli en accord avec ce que nous demanderons à chacun de vos collègues.
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- C'est l'entreprise, son fonctionnement qui ont tué Carlos ! Pas un criminel désigné, pas une personne... Mais justement ! Tous s'abritent derrière et s'en lavent les mains. Même s'ils savent que c'est un système ultra violent. Une violence réelle, pas symbolique du tout... Parfaitement intégrée. Vous savez ce que je me suis dit ? Autrefois il y avait la chair à canon, maintenant il y a...

(p. 5)
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