Le aïe aïe de la corne de brume

Florence Delay (née en 1941) n'est pas n'importe qui. Elle a été élue à l'Académie française en l'an 2000. Elle s'est fendue notamment de ce roman au titre énigmatique qui retient l'attention du lecteur potentiel, mais qui est passé assez inaperçu. Ce roman est pourtant curieux et original.
Un homme tente de conquérir sa belle. le chemin pour y parvenir sera long et compliqué, car le prétendant est jeune et pauvre, et la vertu de son aimée est soigneusement gardée. Comme le souligne à juste titre la présentation de ce livre par l'éditeur, ce parcours amoureux évoque les affres délicieuses évoquées par les anciens troubadours, dans toute leur vieille noblesse. Sauf que, en l'occurrence, le jeune homme est un simple vendeur dans un quartier populaire du Paris du XXème siècle; et la jeune fille (de confession juive) appartient au même milieu et à la même époque. La romancière suggère très clairement que l'amour courtois d'antan et l'amour le plus "basique" d'aujourd'hui sont de même nature et passent par les mêmes étape: l'amoureux découvre d'abord son sentiment et son désir; il emploie tous les moyens à sa disposition pour attirer l'attention sur lui; il déploie des trésors d'imagination pour séduire; il affronte les obstacles qui le séparent de son "objet". Finalement il parvient à ses fins: il fait l'amour avec sa bien-aimée enfin consentante.
Ce roman, qui d'abord l'air d'un exercice de style, est finalement beaucoup plus profond qu'on ne le croyait initialement. Il mérite d'être lu au premier comme au second degré.

Amour courtois, Charlie vendeur de prêt à porter