"La première gorgée de bière..." restera pour moi une "première fois", quelque chose d'irremplaçable, d'inoubliable, d'ineffaçable. Je n'ai jamais plus retrouvé cette sensation de découvrir ce que j'aurais pu, moi aussi, écrire si j'en avais eu le talent. Je n'ai plus réussi à vibrer aussi fort. Je n'ai plus dégusté ces "petits bonbons" aussi sucrés fussent-ils avec autant de bonheur.
Alors, forcément ses autres recueils ont toujours eu moins de saveur, "
la sieste assassinée" et, aujourd'hui, "
Le trottoir au soleil".
Philippe DELERM a pourtant toujours ce talent pour trouver le mot, l'expression, le rythme de phrase et décrire à merveille des petits moments de la vie, des instants volés. Il croque magnifiquement les couleurs du temps, les odeurs, les plaisirs.
Dans celui-ci ressort la nostalgie liée à l'âge. " A soixante ans, on a franchi depuis longtemps le solstice d'été. Il y aura de jolis soirs, des amis, de enfances, des choses à espérer. Mais c'est ainsi : on est sûr d'avoir franchi le solstice "…Oui, le solstice d'été est passé et la mélancolie s'installe. C'est tendre, parfois triste, parfois drôle aussi. Certes c'est beau, bien écrit, mais…ce n'est pas une première fois.