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EAN : SIE318402_551
(30/11/-1)
3.58/5   6 notes
Résumé :
Deux sœurs, orphelines et pauvres, entrent comme professeurs de jeunes enfants dans un château situé aux environs de Nice.
Le manoir et ses habitants leur apparaissent bientôt dans toute leur mystérieuse singularité.
Un terrible secret menace leur vie…
Tel est l’argument de cette œuvre qui pose, dans une atmosphère d’étrangeté, une passionnante énigme.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
ISBN [= International Standard Book Number] : Inconnu à l'époque

"Jetez ... Jetez la belle rose qui tue ! ..." Ce n'est pas cité au mot près mais c'est - et cela demeure - la phrase qui m'a le plus frappée dans "La Rose Qui Tue" de Delly. C'est Zorah, une naine dont Mme de Camparène s'est entichée lors de l'un de ses nombreux tours du monde, qui donne ce conseil, brutal mais en fait bienveillant, à Gemma de Fonteillan, devenue depuis les tranquilles débuts du roman la belle-soeur de Lionel de Camparène, le petit-fils de Mme de Camparène, laquelle à l'origine, l'avait justement choisie comme dame de compagnie et gouvernante de ses arrière-petites-fillles, Joyce si sûre d'elle et Auberte, la timide à la santé chancelante.

Il n'y a jamais eu beaucoup d'attirance entre Gemma et Lionel mais celui-ci, petit, blond, sinueux dirai-je et presque serpentin (les amateurs reconnaîtront les indices ), chimiste doué au demeurant, victime d'un accident grave qui l'a poussé à se replier sur lui-même et à s'établir au château de ses grands-parents,à Brussols, a très vite séduite Mahaut, la soeur de Gemma, une jolie fille assez tête de linotte, qui éprouve une véritable fascination pour le luxe, les toilettes qui vont en conséquence, la vie mondaine, l'argent, les voyages ... bref tout ce que lui promet Lionel si elle l'épouse. En outre - on se demande comment et pourquoi - l'homme lui plaît . Même quand j'étais enfant, je l'aurais pourtant qualifié d'être du genre "collant" et "hypocrite" et Delly fait tout son possible pour qu'on comprenne que c'est bien là le portrait qu'elle veut brosser ...

D'abord quasi-idyllique, l'union commence vite à prendre l'eau. C'est que Lionel, qui a tant promis de bijoux, de toilettes, de sorties, à sa jolie épouse (c'est la troisième, et les deux précédentes sont mortes toutes d'eux d'anémie), qui lui a, en fait, juré qu'elle deviendrait en somme la Reine de la Vie Mondaine sur la Côte d'Azur, Lionel tient bien toutes ses promesses (on ne peut pas lui reprocher d'être avare, par exemple) sauf une, l'essentielle : il ne veut pas que Mahault sorte sans lui. Or, Lionel déteste sortir de ce Brussols qui est un peu son refuge ... Et quand il le fait, "pour faire plaisir à Mahault", il trouve bien sûr moyen de gâcher la fête ...

Peu à peu, le climat change, les inquiétudes (celles de Gemma, de M. de Camparène, pourtant un parfait innocent, et surtout celles de Salvatore de Camparène, un cousin d'origine corse qui, parfait contraire de Lionel, s'intéresse beaucoup à Gemma, et même celles de l'inquiétante Zorah, personnage volontairement flamboyant, qui crée malaise ne serait-ce qu'en raison de son handicap et de sa façon, très excentrique, de se comporter - sans parler qu'elle écoute aux portes) croissent. En parallèle, la santé de Mahault se fait plus languissante. Tous les jours, pour lui faire plaisir car elle adore les fleurs, son mari lui fait porter une corbeille que cet adepte de l'art floral japonais dispose à sa seule intention avec, toujours, ainsi qu'il lui avait promis dès avant leur mariage, tout au milieu, étincelante et arrogante, une rose superbe à la fragrance normalement vanillée, baptisée la "Cynthia" du nom de la première épouse de Lionel de Camparène.

Même la froide comtesse Camparini, cousine germaine des Camparène du côté italien et par ailleurs chimiste renommée qui travaille à Brussols mais voyage souvent pour donner des conférences, a un soir un geste d'humeur en apercevant la rose que respire alors à Mahaut. Et comme la comtesse Camparini ne fait pas dans la dentelle, elle jette celle-ci par la fenêtre, à la grande suffocation de Mahault et ne se doutant guère qu'elle réveille ainsi les soupçons de Gemma qui, ayant senti la rose directement dans la serre, puis dans la corbeille destinée à sa soeur, avait cru lui trouver une odeur bien différente.

Voilà, vous savez tout - ou presque . Ne reste qu'à vous plonger dans cet excellent petit roman sentimentalo-policier dont on peut seulement déplorer que les Delly, répondant à un a priori de leur époque qui n'était pourtant guère chrétien (on en retrouve un peu l'équivalent dans la Miss Mowcher de "David Copperfield" chez Dickens avec cette différence que le grand écrivain, ayant compris son erreur, retourna le personnage en deux temps trois mouvements pour en faire l'un de ses plus émouvants et de ses plus authentiques, en dépit de la pointe de mélo indispensable), ait fait de la pauvre petite Zorah un personnage peu sympathique. (Touchée cependant par la bonté de Gemma à son égard, c'est elle qui lui fournira un indice capital sur la fleur meurtrière.)

Comment ? Vous ne savez pas que Delly s'intéressait aussi au genre policier ? Excellente raison alors de découvrir la si évocatrice "Rose qui Tue."' Bonne lecture ! Pour ce qu'il vous reste de vos vacances - ou pour vous rappeler celles-ci avec nostalgie. ;o)
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Grâce à une petite annonce parue dans un journal, Gemma va pouvoir enfin entrer dans la vie active. Elle est bardée de diplômes mais n'a rien trouvé pour subvenir à ses besoins d'argent qui se font pressant. Elle va bientôt entrer dans sa majorité tandis que sa soeur Mahault, un peu plus âgée qu'elle, donne des cours de musique dans une institution de jeunes filles.

Leur père vient de décéder et leur mère a quitté le foyer conjugal depuis longtemps, même si elles sont toujours en relation épisodiques avec elle. de nombreux revers de fortune ont accablé leur père, et depuis elles résidaient chez une vieille tante à Vallauris. Mais celle-ci vient de décéder elle aussi et elles doivent vendre la villa pour régler les frais de succession.

Heureusement Gemma va pouvoir être embauchée comme institutrice afin d'assurer l'instruction de deux petites filles. Elle doit prendre contact avec la comtesse de Camparène, qui est actuellement au Grand Hôtel à Cannes. L'entretien se déroule sous les meilleurs auspices et la vieille dame propose d'embaucher également Mahault comme professeur de musique. le travail de Gemma ne se concentrera pas uniquement comme préceptrice car le vieux comte de Camparère aura également besoin de ses services.

Il a bien connu autrefois le père de Gemma et Mahault, celui-ci ayant écrit d'intéressant ouvrages historiques. Or le comte s'est donné comme mission d'écrire l'histoire des vieilles familles provençales. Il a bien un secrétaire mais l'homme déjà vieux ne vaut rien pour les recherches. Naturellement Gemma accepte ce supplément de travail, qui lui aussi sera rémunéré, et bientôt c'est le départ pour le château de Brussols, dans l'arrière-pays.

Gemma et sa soeur font bientôt la connaissance des résidents du castel de Brussols. Outre le comte de Camparère et sa femme, qui porte la culotte, sont présents Lionel, le petit-fils, deux fois veuf, père des petites Joyce, issue du premier mariage, et Auberte, née du second mariage. Elles ne sont guère âgées et se distingue par leur caractère. Autant Joyce est pétulante, vive, souriante, autant Auberte est timide, maladive, quelque peu renfrognée. Pourtant c'est Auberte que Gemma apprécie, Joyce lui paraissant hypocrite. D'autres membres de la famille séjournent régulièrement, comme Laetitia, comtesse de Camparini, Salvatore, petit-fils du comte, ou encore Brigida Tchernine.

Lionel, qui est à moitié paralysé des membres inférieurs et ne se déplace qu'à l'aide de béquilles, passe la plupart de son temps dans la Tour Hardie, une construction ancienne attenante au castel, s'occupant de ses fleurs rares et d'expériences chimiques. Il est aidé dans ses recherches par Laetitia. le comte est plongé dans ses recherches et l'écriture de son ouvrage. Salvatore, qui vit dans un pavillon situé à quelques centaines de mètres du château, est un sculpteur amateur mais dont les statues sont particulièrement ravissantes. Il partage son temps entre ses séjours à Brussols et en Corse où il possède quelques propriétés.

Les employés eux aussi possèdent leurs particularités. L'un des deux chauffeurs est noir, la jeune femme de chambre est métisse, et d'autres sont chinois, italien. Un heureux mélange qui vit en bonne harmonie de surface. Et surtout il y a Zorah, la naine, la protégée de la comtesse, qui fait de brèves apparitions, et qui joue un peu le rôle de la sorcière.

Mahault est enchantée de ce séjour et se comporte comme elle l'a toujours fait, se montrant une jeune fille naïve, futile, superficielle, tandis que Gemma, la cadette est nettement plus réservée dans ses jugements. Elle se méfie de Lionel qu'elle juge hypocrite sous des dehors avenants, sournois, et surtout ce sont les décès prématurés de ses épouses qui l'intriguent.

Gemma n'est pas attirée par le charme de Lionel, qu'elle juge vénéneux, et se sent plus proche de Salvatore. Laetitia se montre distante, et la comtesse est très directive. Mahault pratique la musique, souvent en compagnie de Lionel, et bientôt elle va faire partie de la famille. En effet Lionel lui a proposé de se fiancer et devenir sa troisième femme. Gemma n'est pas vraiment satisfaite de cet engouement. Mais elle ronge son frein tout en s'occupant de Joyce, toujours aussi pétulante, tandis qu'Auberte est de plus en plus maladive. Un voyage au bord de la mer, à Dinard est envisagé afin de permettre à Auberte de se requinquer. Mais le drame couve.



Le titre de ce roman est trop explicite pour que l'intrigue, qui est pourtant dévoilée peu à peu, ne laisse guère de doute sur les occupations de Lionel et le décès de ses précédentes épouses.

C'est la tension entre ces différents personnages, et l'appréhension de Gemma envers un avenir qu'elle suppute anxiogène, qui imprègnent ce roman représentatif de l'oeuvre de Delly.

Des hobereaux de province aisés, des jeunes filles en difficulté financière, des artistes qui sacrifient à une passion, et deux régions qui servent de décors.

Jeanne-Marie Petitjean de la Rosière et son frère Frédéric Petitjean de la Rosière forment ce couple littéraire connu sous le nom de Delly. Jeanne-Marie est née en Avignon et Frédéric à Vannes, ce qui explique en grande partie l'implantation provençale et bretonne dans les décors qui servent de support.

Si Delly est de nos jours quelque peu oublié, cet auteur bicéphale fut un véritable phénomène littéraire, traduit abondamment en Italie, et leur succès populaire attisa l'ire des critiques, probablement par jalousie. Des romans faciles, certes, mais qui ne manquent pas de psychologie, et les personnages offraient un dérivatif à des lecteurs issus souvent de la société ouvrière. Des rêves par procuration devant des personnages aisés financièrement qui se montraient parfois plus venimeux, plus hypocrites, plus sournois que ceux qui étaient décrits dans la culture populaire mettant en scène des miséreux, des cabossés de la vie, mis en scène sous la plume de Marcel Priollet, Pierre Decourcelles ou Xavier de Montépin et autres.

Un bain littéraire rafraîchissant démontrant que les riches sont souvent plus pervers dans leurs actions que les représentants du petit peuple.


Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
[...] ...

Lætitia, absente depuis une quinzaine de jours, revint le lendemain. Elle apparut à l'heure du déjeuner, et Lionel l'accueillit avec de grandes démonstrations d'amitié.

- "Moi aussi, je suis contente d'être revenue," dit-elle. "Mon laboratoire me manquait.

- J'ai bien travaillé pendant que tu n'étais pas là," dit Lionel, "et j'ai mis au point un nouveau parfum. J'en ai donné un échantillon à grand-mère, qui le trouve parfait.

- Exquis !" déclara Mme de Camparène.

- Si tu avais besoin de gagner ta vie, tu ferais fortune en montant une fabrique," dit Lætitia. "Mais le travail d'amateur te suffit ... Mahault est-elle plus souffrante, que je ne la vois pas ?

- Mahault ne va pas du tout !" répondit Lionel d'un air chagrin.

Les sourcils de Lætitia se rapprochèrent et ses yeux parurent s'assombrir.

- "Ah ! qu'a-t-elle donc ?

- Une grande faiblesse, des maux de tête ... Nous sommes tous très inquiets.

- Très inquiets !" répéta Gemma, "d'autant plus que les médecins ne savent quoi en penser.

- Ah !" dit encore Lætitia.

Après un court silence, elle ajouta :

- "J'irai la voir cet après-midi."

Gemma se trouvait près de sa sœur quand la comtesse Camparini fut introduite dans le petit salon de Mahault. Elle s'assit près de la jeune femme, s'informa de sa santé, de ce qu'elle ressentait. Tout en parlant, elle regardait la corbeille de fleurs posée près de Mahault. A un moment, elle étendit la main, prit la grande rose couleur de feu, l'approcha de ses narines. Gemma crut la voir pâlir. D'un brusque mouvement, elle se leva, alla à la fenêtre, l'ouvrit et lança la rose au-dehors. ... [...]
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[...] ... Au seuil d'une pièce voisine paraissait Mahault, souriante, radieuse plutôt, les mains tendues vers sa soeur.

- " ... J'avais hâte de te voir ! Viens vite, que je te raconte ..."

Elle l'emmenait vers leur chambre, et, la porte fermée, lui jetait ses bras autour du cou.

- " ... Oh ! ma chérie, quelle joie !

- Quoi donc ?"

Gemma se sentait tout à coup comme oppressée.

- "Je suis fiancée à Lionel !'

Gemma eut un raidissement de tout son corps.

- "Fiancée à ... ?"

Mahault se recula un peu, en fronçant les sourcils.

- "Pourquoi fais-tu cette tête-là ? Cela ne te plaît pas ?"

Gemma fit un effort pour surmonter l'impression pénible qui venait de la saisir.

- "A vrai dire, non, ma chère Mahault. Je ne t'ai pas caché qu'il ne m'est pas sympathique, que j'ai cru sentir de la fausseté ...

- Oui, oui, tu m'as dit ces sottises ! Un homme si charmant ! d'une telle délicatesse ! Tant pis s'il ne te plaît pas ! Mais moi, j'en suis amoureuse, et je suis ûre d'être follement heureuse avec lui !"

La joie, le triomphe, brillaient dans ses yeux, semblaient s'exhaler de toute sa personne.

Gemma s'avança vers elle et l'embrassa.

- "Eh bien, si tu crois trouver là le bonheur, je ne souhaite que cela, Mahault, tu le sais bien. J'aurais voulu cependant que tu aies plus de temps pour le connaître mieuxm, pour réfélléchir ...

- Réfléchir à quoi ? Ce mariage représente tout ce que je désire : un beau nom, une grande fortune, un mari séduisant et très épris ... Que voudrais-tu que plus ?" ... [...]
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Prisonnière ! Quel mot ! Est-on prisonnière près d’un mari qu’on aime et qui vous adore ? Mais, chère petite Mahault, si je vous ai épousée, c’est pour que vous soyez toute à moi. Rien ne vous manque ici. Vous êtes entourée à la fois de luxe et d’affection. Que pouvez-vous désirer de plus ?
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Dans les papiers de famille que je possède, il est dit, en effet, que Cesare s’occupait d’alchimie, mais cela n’implique pas qu’il s’intéressait à la toxicologie, comme nous disons aujourd’hui. C’est une manie d’accuser les gens de cette époque d’être à peu près tous des empoisonneurs. Il y en eut, certes, mais beaucoup moins qu’on ne le pense généralement.
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Cette longue et mince jeune femme n’avait pas de beauté, mais une certaine séduction dans le regard des yeux gris-bleu, tour à tour vifs ou langoureux, une grâce captivante dans les mouvements, dans la démarche. La brillante soie verte de sa robe atténuait la fadeur du blond trop pâle des cheveux, du teint presque trop blanc que rehaussait pourtant le rose du maquillage.
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