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EAN : SIE98517_5375
(30/11/-1)
5/5   5 notes
Résumé :
Laquelle, d'Orietta ou de Faustina, est la fille de lord Cecil Falsdone, marquis de Shesbury ? Ce dernier, au cours d'un voyage en Italie, s'est fiancé à Béatrice Darielli, mais il se marie avec la cousine de celle-ci, Bianca, qu'il abandonne bientôt ainsi que leur enfant. Avant de mourir, Bianca confie sa fille à sa cousine qui donne à son mari, le comte Farnella, également une fille. Une épidémie enlève Béatrice et les deux enfants, orphelines de mère, sont confié... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
ISBN : ? Editions Tallandier - 1973

Deux pour le prix d'un ou plutôt un binôme comme Delly aimait à en faire de temps en temps. Citons, par exemple, les deux tomes du "Mystère de Ker-Even", "Le Roi de Kidji" et "Elfrida Norsten" qui forment, pour leur part, "Le Mystère de la Sarrasine", "Le Sphinx d'Emeraude" et "Bérangère, Fille de Roi", dont l'intrigue se situe sous Henri III. Sans oublier la trilogie bien connue dont l'héroïne s'appelle Ourida, tout simplement.

Ici, le titre générique ("Coeurs Ennemis") annonce dès le départ qu'il va y avoir de la bagarre entre les deux personnages-clefs, à savoir lord Walter Falsdone, futur marquis de Shesbury, et la jeune Orietta Farnella, une petite orpheline d'origine italienne, recueillie avec sa soeur, Faustina, par le père de lord Walter, lord Cecil, encore vivant au début de "Laquelle ?" L'initié sait aussi que tout se terminera bien mais que cela n'ira pas sans mal. Comme toujours, l'orgueil triomphera avant que ne puisse se révéler le profond amour qui unit nos deux héros . (C'est d'ailleurs pour cela que le lecteur a acheté ces deux livres.)

L'action se situe essentiellement dans un domaine somptueux, en Grande-Bretagne et, de temps à autre, en Italie, dans la demeure plus humble du comte Farnella, l'homme qui s'est déchargé sur lord Cecil Falsdone de ses deux enfants en sachant pertinemment que l'une d'elles - mais laquelle ? voyez-vous l'astuce du titre ? - était en fait la fille de sa femme bien-aimée et de lord Cecil lui-même. Nées le même jour, confondues par la nourrice, il n'y aurait plus aucun moyen, en cette fin du XIXème siècle qui ignore les miracles de l'ADN, de savoir qui est qui. Voilà qui aura gâché aussi bien la vie du malheureux Farnella, devenu veuf inconsolé et inconsolable entretemps, que fortement pesé sur la conscience chancelante, car elle sait qu'elle s'en va vers la tombe, de lord Cecil.

Et tout ça en attendant de créer toute une foule de problèmes à lord Walter, devenu adulte et éperdument amoureux, quoiqu'il se fasse un plaisir de ne pas l'avouer et même de laisser entendre le contraire, de la jeune et ravissante Orietta, dont le caractère, soit-dit en passant, vaut bien le sien question orgueil et sens de l'aristocratie. Si libre que soit le jeune marquis de Shesbury, dont on ne compte plus les liaisons à droite comme à gauche et aux quatre coins de l'Europe, il ne peut tout de même pas épouser sa soeur ! On imagine donc sa stupeur, puis sa colère quand, revenu chez lui à la mort de son père, il ouvre une lettre que celui-ci avait scellée à son intention et dans laquelle il lui raconte tout. Mais quelle idée non pas d'avoir eu une aventure avec la comtesse Farnella et avec une autre (sa cousine, je crois) mais d'avoir laissé mélanger les deux bébés au point qu'il est désormais impossible de savoir qui est, en réalité, la soeur de lord Walter !

Quand il était encore un tout jeune homme, Walter n'avait que faire de cette petite sauvageonne d'Orietta avec laquelle il a, au tout début du roman, deux prises de bec qu'on n'est pas prêt d'oublier. Seulement, bédame, la voilà jeune fille, et de plus en plus belle et intelligente, et lui, désormais plus mûr et en quête d'une femme vraiment digne de lui. Ce caractère qu'il jugeait jadis si détestable lui plaît maintenant d'une manière qui évoque, avec la discrétion dellyesque de rigueur, des rapports fortement teintés de sado-masochisme.

Comment trancher ? Comment résoudre ce dilemme digne de Corneille ?

Mises au courant - il le faut bien - les deux comtesses Farnella, puisque tel est leur titre officiel malgré leur manque de fortune et le fait qu'elles ont été élevées grâce à la charité du défunt, sont elles aussi pas mal déstabilisées. Faustina voit tout de suite les avantages qu'elle pourrait retirer de la situation de soeur légitime de lord Shesbury. Orietta, elle, supplie le Ciel et tous ses saints de ne pas tomber sous la coupe de cet orgueilleux, de ce libertin, de ce ...

Bref. ;o)

A la fin du premier tome, survient évidemment un incident qui prouve qu'Orietta est la seule comtesse Farnella possible et que Faustina est en fait une Falsdone. Curieusement, lord Walter et Orietta, bien que non unis par les liens du sang, sont, l'un comme l'autre, à la fois satisfaits et ennuyés de la chose. Mais enfin, c'est ainsi : il faut bien s'y faire.

Lord Shesbury, qui a toujours manifesté de manière excessive que, quand il voulait une chose, mieux valait ne pas contrarier ses désirs, ne voit plus pourquoi il n'épouserait pas Orietta. Nous sommes alors dans le second volume et - oh ! surprise ! - la jeune fille, en dépit des rancoeurs qu'elle a pu conserver envers le jeune lord Falsdone, ne dirait pas non, finalement, à l'idée d'une union avec ce personnage pourtant si peu recommandable, si l'on y réfléchit bien. Walter est donc pratiquement parvenu à la séduire lorsque s'interpose l'Infâme Humphrey Barford , amant plus ou moins officiel de la marquise douairière - la veuve de lord Cecil - lady Pamela, laquelle a eu une fille de son époux, la petite Rose, qui, de son côté, s'est prise de sympathie pour Orietta parce que, justement, celle-ci n'hésitait pas à tenir tête à un demi-frère dont elle-même aurait désespérément souhaité l'affection mais qui n'avait, pour elle et sa faiblesse physique (au début de l'intrigue, elle se déplace en fauteuil roulant), qu'un mépris absolu.

Si vous m'avez suivie jusqu'ici, sachez que la route n'est plus très longue, courage : simplement tout "Orietta" à lire et / ou à relire pour savoir :

1) comment Humphrey l'Infâme parviendra à circonvenir Orietta jusqu'à l'inviter à se réfugier chez lui pour fuir les attentions de son fiancé - qui, selon Barford, est un monstre et un assassin ;

2) comment ledit fiancé, plutôt furax mais encore maître de lui et qui, de surcroît, en a autant au service de Humphrey l'Horrible, découvre très vite le pot-aux-roses et s'en vient récupérer son bien ... pardon, je voulais dire Orietta dont (rappelons que nous sommes au XIXème siècle et que nous devons faire face à une situation périlleuse pour toute jeune fille honnête de l'époque), la réputation, après ce séjour chez Barford, est gravement compromise ;

3) comment encore, en homme d'honneur et en parfait gentleman, lord Shesbury épouse sa promise récalcitrante, faisant d'elle une "femme" honnête - à ceci près que ladite promise, plus remontée que jamais bien qu'elle ait reconnu la fausseté des allégations de Barford, se refuse obstinément à accomplir ses devoirs conjugaux ;

4) comment lord Walter, toujours furax mais inexplicablement toujours aussi fasciné, fait du mieux qu'il peut (et il peut beaucoup en ce domaine où il est passé maître ) pour provoquer la jalousie d'Orietta et la pousser à se jeter dans ses bras ;

5) et enfin comment, par un coup de théâtre très ... euh ... théâtral , la situation rentrera dans l'ordre à la fin du roman, avec un Barford en sang, une Orietta semi-évanouie d'émotion et un lord Walter qui laisse (enfin ! ) paraître tout l'Amour qu'elle lui inspire depuis une éternité.

Prêtes ? Prêts aussi, peut-être ? Alors, vous pouvez y aller de confiance. Ce couple de volumes est l'une des plus grandes réussites de ses auteurs, l'une de celles qui tirent encore à je ne sais trop combien d'exemplaires tant il est vrai que les contes de fées et l'érotisme discrètement sado-masochiste ont la vie dure, surtout quand Delly est aux commandes.

Tel est - et restera - le grand charme de cette recette magistralement mitonnée par le frère et la soeur même si aucun d'eux n'avait peut-être pas une conscience très nette du piment qui couvait sous le velouté de la sauce ...

Peut-être, hein ? ... Peut-être, seulement ... ;o)
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[...] ... A quelques pas de l'endroit où Orietta avait heurté la boule, se trouvait la voiture de la petite lady Rose. L'enfant avait voulu venir voir la partie et sa nurse l'avait arrêtée là, tandis qu'elle-même travaillait à un ouvrage d'aiguille. Nuttie obéit à l'ordre du jeune lord, avec une mine quelque peu inquiète, en dépit de son impassibilité habituelle. Herbert Nortley, si soumis d'ordinaire aux caprices de son compagnon, eut une hésitation et, tout en avançant, demanda craintivement :

- "Mais ... qu'allez-vous lui faire, my lord ?

- Ni la tuer, ni la blesser ... Allons, tenez-la !"

Orietta, à ce moment, essayait de faire un bond en arrière. Mais lord Walter la saisit à l'épaule, répéta impérativement : "Tenez-la, Nortley !" et, prenant à pleines mains les boucles soyeuses, il les coupa rapidement au ras de la nuque.

Des exclamations, des rires se firent entendre parmi les jeunes joueurs.

- "Ah ! je me demandais ce que vous alliez lui faire ! ... Voilà en effet une bonne punition pour cette méchante petite, lord Walter !" s'écria miss Violet Porroby.

C'était une jolie fillette de douze ans, parente de lady Shesbury. Ses brillants cheveux noirs flottaient autour d'un blanc petit visage aux yeux câlins et rieurs. Coquette déjà, ellle ne manquait pas une occasion de flatter lord Walter.

Orietta s'était débattue, sans un cri, sans une protestation, entre les mains de Nortley. Quand le jeune garçon la lâcha, elle se redressa, lança à lord Walter un regard de sauvage défi. Puis, se baissant, elle saisit à pleines mains les boucles dorées et les jeta au visage du jeune lord.

- "Elles repousseront ! Elles repousseront ! ..." dit sa voix, haletante de colère.

Une fine main nerveuse s'abattit sur sa joue. Elle recula, attachant sur Walter des yeux qui contenaient une véritable haine. Il lui tourna le dos, en faisant tomber d'un geste sec une petite boucle qui s'était attachée à son vêtement de flanelle blanche. ... [...]
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[...] ... - "J'ai, ce matin, aperçu une jeune fille qui m'a rappelé une de ces petites Italiennes recueillies par mon père : celle qui s'appelait Orietta et qui avait l'air d'un petit démon."

Une chaleur monta au visage de lady Shesbury. Lord Walter continuait, de sa voix aux intonations à la fois harmonieuses et impératives :

- "Elle doit avoir à peu près cet âge, il me semble ... Sa sœur et elle habitent-elles ici ?"

Une négation venait aux lèvres de lady Shesbury ... Mais non, c'était folie ! Il le saurait toujours ... Et elle répondit :

- "Oui, je les ai récemment retirées de la pension où je les faisais élever.

- Elles ont reçu une bonne éducation, je suppose ?

- Une éducation conforme à leur situation, mon cher Walter.

- Qu'entendez-vous par là ?"

Lady Shesbury se troubla un peu, sous le regard inquisiteur de son beau-fils.

- "Mais que nous ne savons au juste d'où sortent ces enfants ...

- Mon père nous les a présentées comme étant les filles d'un comte Farnella. Nous ne devons pas chercher de raisons pour ne pas le croire. Avant de mourir, il m'a recommandé de veiller sur ces enfants, quand j'aurai l'âge de le faire, en ajoutant : "Il faut qu'elles soient bien élevées ; elles sont de noble race, de par leur père et leur mère. Humphrey m'a dit que vous vous chargiez de pourvoir à cette éducation ...

- C'est ce que j'ai fait, Walter !

- Mais de quelle façon ?" ... [...]
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