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EAN : 9782012796751
150 pages
Hachette Livre BNF (01/05/2013)
4/5   1 notes
Résumé :
I - introduction en style biblique
II - Définition
III - La fashion et la véritable aristocratie
IV - Le lion terrible
V - Le lion politique
VI - Le lion littéraire
VII - Le lion furieux
VIII - Les anglais
IX - Les Maîtresses
X - Le carnaval
XI - Chevaux et chiens
XII - Chasses
XIII - Jockey’s-Club
XIV - Loge infernale
XV - Comment l’auteur fit connaissance avec un ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Roi des dandys parisiens, le lion est une caricature de son siècle :

« C'est de notre mépris pour toute croyance, de nos passions inquiètes, de nos façons cavalières, dévergondées, que le lion du 19ème a su se faire la vivante expression »

En plus d'être une pâle imitation de l'aristocratie anglaise qui vénère George Brummell en maître du dandysme :
« Le retour des Bourbons caressa l'anglomanie renaissante des promesses les plus flatteuses » (…) « Je reprocherais à ce dieu qui créa le lion français d'avoir manqué d'originalité dans sa création ; d'avoir dérobé au génie britannique le feu dont il anima cette puissante royauté »

Il est constitué majoritairement de nonchalance et de prétention : « Combinez les fantaisies maladives de Lord Byron et le cynisme fardé des premières armes de Richelieu, et vous aurez au moral ces "Gentlemen" mahométans qui fument en France le chibouque et s'étendent de travers sur les coussins de leurs divans. »

On le reconnaît immédiatement à sa démarche et à l'attitude : « il prend d'assaut la vertu des femmes ; au club, il pousse sa martingale avec rage ; au bois il crève les chevaux, éclabousse les piétons, fait jurer les cochers de fiacre, enfile les avenues et descend les côtes en véritable casse-cou, c'est la providence de ces spéculateurs aventureux qui vivent de contusions et de fractures, et placent en rente viagère leur omoplate ou leur tibia. Il pariera 100 louis de s'être tué de débauche avant deux ans, sans penser qu'il ne pourra recueillir les enjeux s'il gagne. »

En fait de séductions, il ne se distingue pas par son originalité, convaincu qu'il n'a qu'a montrer l'élégance de sa tenue et l'audace de son irrévérence : « Toute la phraséologie sentimentale du lion consiste à dire à la femme qu'il poursuit, penché sur la jambe droite et le bras arrondis vers la poitrine : « Parole d'honneur, vous êtes charmante ! »
Mais il n'est ni courageux, ni patient : « Le lion aime à attaquer les places dont on peut tenter immédiatement l'assaut : procéder à un siège régulier n'entre pas dans ses habitudes »

Parmi ces dandys trônent une poignée de maîtres dominant les "lions nouveaux nés" : le lion expérimenté propage son inaltérable enthousiasme pour le haut dandysme, initie le nouveau à la vie "fashionable", lui choisit une maîtresse, le présente dans les grands cafés, le promène au bois… Il lui prête même facilement de l'argent, sans intérêts d'abord, puis avec des taux vertigineux, l'accablant de dettes : « le vautour arrive à tire d'aile, déploie sur lui son immense envergure, l'amoindrit par le prêt, le macère au moyen de la lettre de change, se précipite sur lui, et l'emporte palpitant vers les hauteurs de Clichy. »

C'est qu'il en faut de l'argent pour entretenir le dispendieux et indispensable cheval de course, les loges d'avant-scène à l'Opéra, et plus encore pour avoir la folle prétention d'enter au fameux Jockey's Club.
C'est d'ailleurs au sein de ce club que se trouve réunie le sommet de la hiérarchie des lions et dandys parisiens. Il y a des lions politiques, littéraires (Eugène Sue), ou des lions simplement rentiers : « Soyez juste-milieu, légitimiste, peu importe : on vous accepte, pourvu que vous ayez de bonnes manières, de la fortune, et que deux amis, membres de cette société éclectique, veuillent bien vous présenter ».
Club éclectique bien que fermé car : « La règle défend d'agiter les questions de dogme et de politique » il suffit d'être riche, élégant, adopter quelques codes et apprécier les discussions artificielles sans grande fantaisie :
« Qu'est-ce que, en effet, qu'une réunion dont tous les plaisirs consistent à jouer, à dîner, à parler chiens, chevaux et femmes, pendant les 365 jours de l'année ? Sans que jamais une discussion, viennent ranimer, varier, colorer un peu ces tristes habitudes, cette conversation qui languit »

Il va de soi que le moindre détail, même le plus futile, peut vous discréditer à tout moment aux yeux d'un lion.
L'auteur ayant échangé avec l'un d'entre eux, se fait interrompre au détour d'une conversation :
« Comment, mon Cher, vous n'avez pas de lorgnon ? »
« Non, répondis-je, j'ai bonne vue, Dieu merci »
« A ces mots, il partit d'un grand éclat de rire. Quand son diaphragme se fut apaisé, il reprit :
D'où sortez-vous ? Quel pôle austral vous a vu naitre ? Mais jeune homme (remarquez ce mot : je commençais à déchoir dans son estime)  (…) »
Lui expliquant d'un ton professoral et dédaigneux l'utilité toute évidente du lorgnon :
« Vous voulez témoigner à une femme que vous la trouvez jolie ; le mouvement que vous faites pour saisir votre lorgnon avertit la dame de l'impression favorable que ses charmes ont produite. Son attention se concentre sur votre individu. Alors vous clignez des paupières. Rien qui donne un air aussi provocateur. On dirait que vous appréciez chaque détail, et que vous suivez attentivement la ligne sous le vêtement »
« Supposons maintenant qu'un homme passe près de vous, dont l'extérieur paraisse peu recommandable.
« Comment lui exprimerez-vous sans l'irriter votre opinion sur son compte ? En le lorgnant… Vous paraissez avoir peine à le distinguer, à bien saisir les proportions de cet être microscopique »

Le plus ahurissant et désolant sont les faux lions fauchés, sans un sou, mais imitant d'une façon admirable les sujets de conversations du haut dandysme fortuné : « Quel supplice pourtant qu'une pareille existence ! Voir tourbillonner le monde autour de soi, ivre de joie, couronné de fleurs, palpitant de désirs et d'orgies, vouloir se mêler à cette ronde infernale qui l'emporte, et sentir toujours, toujours la main de la misère qui vous repousse ; ne parler que chasses, débauches, toilettes, équipages, quand on a faim, quand on a froid, quand on souffre, quand on n'a pas même dans sa mansarde le jour si doux à voir, l'air si bon à respirer ! Sottes passions de l'homme ! »

Qu'il soit riche ou pauvre, le lion passe tout de même la moitié de sa vie à s'habiller, et l'autre moitié à se montrer à lui-même et aux autres ; ne l'accablons pas, plaignons-le !... Ce produit malsain de son siècle.

Physiologie assez caustique et acerbe contre le lion, toujours avec humour bien sûr mais avec aussi une irrésistible envie de ridiculiser ce dandy des boulevards parisiens.
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