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3,89

sur 915 notes
« C'était tout une histoire, cette histoire.
Je suis payé pour qu'on m'en raconte, avait dit le juge »…

Des poèmes, un revolver, un cahier… « Mon maître et mon vainqueur ».
Un roman charnel qui conjugue secrets et intrigues, poésie et originalité.

Une histoire d'amour entre deux personnages, Tina et Vasco, que l'on découvre contée par leur ami commun.
Une voix, celle du narrateur interrogé par un juge d'instruction. Car on devine qu'un drame s'est joué.
Et un cahier rempli de poésie, sonnets et autres haïkus…révélateur, peut-être…comment l'interpréter ?
Des indices disséminés … Un trio amoureux revisité.

Une relation passionnelle qui trouve son écho avec la passion qui unît Rimbaud et Verlaine.

J'ai trouvé l'écriture parfois crue aux détails « hot », mais aussi poétique et ponctuée d'humour.

J'ai apprécié cette lecture, l'histoire tragico-passionnelle racontée, d'une relation amoureuse fulgurante, la passion incandescente et dévorante avec ses désirs foudroyants, ses excès, ses dérives.

(…) Sont-ils noirs ou bleus,
Tes yeux ?
Je n'en sais rien mais j'aime leur clarté profonde,
(…). Es-tu douce ou dure ?
Est-il sensible ou moqueur,
Ton coeur ?
Je n'en sais rien mais je rends grâce à la nature
D'avoir fait de ton coeur mon maître et mon vainqueur. (…) Paul VERLAINE.
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«Evariste »,premier roman de l'auteur, a été pour moi un des grands coups de coeur de ces dernières années. En voici un autre. Une nouvelle fois, j'ai été sous le charme de son incomparable style. Que ce soit pour décrire une action ou relater une pensée, Désérable utilise de longues phrases qu'il découpe en petits bouts, dans lesquels il ajoute un détail, une comparaison, dans un crescendo qui donne envie de relire la phrase la plus banale, qui se termine souvent par un trait d'humour.
Mais il n'y a pas que le style. Désérable raconte avec un talent bien personnel. Il nous présente ici une histoire à priori peu originale, celle du triangle amoureux.Tina, belle actrice, aime bien Edgar, son compagnon (j'insiste sur le mot « bien ») et futur mari, homme sage et tranquille, père parfait pour les jumeaux. Mais voilà, Tina a un amant, Vasco, qu'elle aime moins, c'est sûr, mais qui la rend folle de passion ! Et Tina de vivre une double vie jusqu'à ce que…
L'auteur a eu la bonne idée de raconter tout çà (ou presque) dans le bureau d'un juge qui a convoqué comme témoin un ami de Vasco. On se doute donc dès le début qu'il y aura un pépin, mais lequel ? le tout est emballé avec des allusions nombreuses à Verlaine, à Rimbaud, avec des poèmes maladroits de Vasco.
Pour preuve qu'il m'est impossible de rester objectif quand il s'agit de Désérable : j'ai même apprécié le côté burlesque de la cérémonie du mariage presque raté de Tina et Edgar !
Non, il ne faut pas nécessairement de grands thèmes philosophiques ou autres pour faire un grand roman !
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Comment écrire le roman d'une passion amoureuse après Anna Karénine ou après Belle du Seigneur _ que notre auteur admire et qui reçut en son temps (1968) comme Mon maître et mon vainqueur cette année le Grand Prix du roman de l'Académie française ? L'amour et la passion ne sont-ils pas des chimères d'un temps révolu à l'époque de Tinder ou de YouPorn ? Désérable relève le défi et c'est une réussite magistrale.

Enfin, j'ai retrouvé ce que j'attends d'un roman : une histoire sublime, une belle écriture qui conjugue poésie et fantaisie, des personnages bien campés, drôles comme le juge ou le greffier, émouvants comme Tina et comme Vasco, captivant et drôle comme le narrateur, du suspense aussi même la tragédie et son fatum sont annoncés bien avant l'issue... Cette tragédie d'ailleurs se mue en comédie.

Le narrateur est au tribunal face à un juge, il est présent comme témoin et ami de Vasco et de Tina. Or tout le débat tourne autour d'un banal cahier Clairefontaine, sur la couverture duquel est écrit au feutre noir, « Mon maître et mon vainqueur ». Dans ce cahier, Vincent Ascot dit Vasco a consigné son histoire mais sous forme de poèmes qu'il convient de lire et d'interpréter. C'est que Tina est une grande admiratrice de Verlaine et que Vasco est poète jusque dans ses actes :

"Ni Colt ni Luger

Ni Beretta ni Browning

Bois ta soupe Edgar"

est par exemple un haïku dont le sens s'éclaire par le récit.

Étrange ballotage finalement du lecteur tantôt amusé par les jeux d'esprit, les références littéraires, tantôt ému par le lyrisme ou par la tragédie. Comment rester indifférent ? Je peine à choisir un extrait à citer tant j'ai envie de tout retenir, car c'est un roman vraiment exceptionnel.
Lien : http://www.lirelire.net/2021..
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Il fallait la plume inspirée de François-Henri Désérable pour sortir des sentiers battus une histoire de triangle amoureux, perpétuel noeud gordien des passions humaines.
Edgar & Tina, parents de jumeaux, sont sur le point de convoler en juste noces après quelques années de cohabitation. Sous la pression de la belle-mère snobinarde, Tina se résout à organiser une grande cérémonie. Mais entre-temps, lors d'une soirée entre amis sous l'égide du narrateur, elle fait la connaissance de Vincent Ascot (Vasco pour les intimes). À partir de là, le socle sur lequel son couple était solidement établi, oscille sous les assauts répétés d'une cour galante et charnelle menée par Vasco.
Il n'y a pas de banalité dans ce récit où s'entremêlent dans un joyeux chaos envolées poétiques et articles de loi, sous l'oeil et l'oreille attentifs d'un juge et de son greffier. Et que dire de la fin qu'on n'aurait pu mieux imaginer! Un roman qui confirme une fois de plus la virtuosité et la polyvalence de l'écriture de François-Henri Désérable.

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Il y a des auteurs dont on a hâte de retrouver l'écriture. François-Henri Désérable en fait partie. Je l'ai découvert avec "Un certain Mr Pikielny" et j'ai ri en lisant "Evariste". Ce dernier roman est à la fois touchant et cocasse. Et là est tout son art...
On suit l'aventure de Vasco et Tina. Un amour passionné, contraint, impossible, fou jusqu'au dénouement. On souffre avec les personnages, car l'auteur a l'art de nous emmener au plus profond de leurs sentiments.
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Il faut dire les choses clairement : j'ai souvent du mal avec les lauréats de prix littéraires français. La majorité lue ne m'a pas marquée outre mesure, voire ne m'a pas plu du tout. Alors pourquoi le choix de ce roman, me direz-vous ? D'abord pour valider une consigne d'un challenge, ensuite parce que j'ai l'esprit de contradiction - sur un malentendu, on peut être très heureusement surpris.

C'est donc dans cet état d'esprit que j'ai ouvert Mon maître et mon vainqueur, en espérant que ces quelques mots de Paul Verlaine en guise de titre me soient justement heureux... Raté !

Je me suis largement ennuyée à la découverte de l'histoire de Vasco, de ses poèmes qui racontent son histoire d'avec Tina, femme mariée et mère, et qui servent d'arguments à son procès, du moins à l'explicitation de son histoire, de ce qui l'a mené à faire face à un procès.

Et cette explicitation nous est fournie par le narrateur, un de leurs amis écrivains, à la double posture, celle du confident qui comble tous les blancs pour le lecteur, mais celle du témoin qui a la mémoire beaucoup plus courte pour le juge du procès, étant lui-même partie prenante de certaines mésaventures de Vasco.

Cette posture, somme toute intéressante, aurait pu donner lieu à un exceptionnel roman, sans une plume qui se regarde trop écrire, qui retombe souvent comme un soufflé, entre utilisation de clichés et caricatures soit-disant ironiques, qui passent largement à côté de l'ironie voulue, et citations gratuites de grands auteurs pour donner plus de cachet intellectuel à l'ensemble, à mon sens.

Pour conclure : je crois qu'il est vraiment temps que je laisse enfin de côté les prix littéraires français - et mon esprit de contradiction aussi, parfois.
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AMOUR & DÉRAISON. Coup de coeur 💖

"Mon maître et mon vainqueur". C'est le titre d'un carnet rempli d'alexandrins, d'haikus et de rimes. Un carnet rédigé par Vasco et qui se trouve aujourd'hui entre les mains d'un juge d'instruction accompagné d'un revolver. le narrateur, convoqué suite à l'inculpation de son ami raconte. Vasco, les actes, les lieux, les anecdotes. Jusqu'au moment où...

Qu'on se le dise, il va être difficile de mettre les mots sur ce coup de coeur. de la première à la dernière page j'ai été charmée par la plume de François-Henri Déserable qui nous raconte l'histoire d'une passion débordante avec tant d'humour, de subtilité et de poésie.

Que j'ai aimé la fougue de l'intrépide Vasco, prêt à se changer en poète pour charmer l'élue de son coeur. L'audace qu'il a fallu pour l'arracher à sa vie familiale, elle, Tina, l'admiratrice de Verlaine.
Que j'ai aimé l'étonnante narration, cette façon de faire relater les faits par un tiers, devant un juge d'instruction.

Mon maître et mon vainqueur c'est une histoire d'amour avec un grand A. Celui qui est fusionnel et déraisonné, dont la passion fait des ravages et pousse à prendre les armes.

De Vasco à Tina, de Beaudelaire à Rimbaud, de l'amour à la tragédie. J'ai vécu cette lecture comme moment intense de beauté suspendue, complètement hors du temps.
A la fois riche & léger, enivrant & sublime, je recommande absolument ! ✨️

Ceux qui l'ont lu, faites-moi part de votre ressenti ! D'autres recommandations de cet auteur de talent? Tenté.e.s?

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Pourquoi lire absolument « mon maître et mon vainqueur » ?

1/ Pour l'histoire d'abord. Pour ce triangle amoureux un peu classique (le mari trompé, la femme adultère et l'amant transi) raconté par un ami proche, à un juge d'instruction.
Avouez que ça ne manque pas de saveur.

2/ Pour la plume ensuite. FH Deserable est agréable à lire. Les phrases sonnent justes, certaines sont extrêmement longues et traduisent bien l'état émotionnel des personnages, qui sont tour à tour euphoriques, joyeux, fous fous fous d'amour puis nostalgiques, tourmentés, désespérés.

3/ Pour l'humour, évidemment. Certains passages sont vraiment drôle, certaines situations totalement ubuesques.

4/ Pour la poésie, enfin. L'auteur rend hommage aux poètes, et notamment Verlaine et Rimbaud. On retrouve également Apollinaire et Aragon. Et enfin, on découvre Vasco qui, à travers ses alexandrins, ses quatrains et ses haikus, racontera la plus grande de ses histoires d'amour.

Dernière chose : 187 pages (pour l'édition Gallimard) et à ce jour 147 citations sur babelio …
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Désérable François-Henri – "Mon maître et mon vainqueur" – Gallimard-NRF, 2021 (ISBN 978-2-07-290094-5) – format 21x14cm, 190p. – quelques illustrations.

Ce roman peut se lire sous deux angles fort différents.
Le premier consisterait à recenser ses indéniables atouts littéraires : l'auteur est un malin aguerri, détenteur d'un certain savoir, tous avantages qu'il sait mettre en avant. Ainsi, il mêle habilement quelques poèmes, quelques illustrations, des connaissances (très) académiques sur Verlaine et Rimbaud (sans dépasser les sempiternelles rengaines), une technique d'écriture consistant à imbriquer plusieurs strates de récits (le narrateur raconte au juge et au greffier, mais en conservant certains apartés pour le lecteur, il raconte ce que l'un des protagonistes lui a raconté etc etc), des descriptions quasi documentaires (comme celles de la BnF, dont il ignore qu'il s'agit incontestablement d'un gigantesque raté architectural, urbanistique et bibliothéconomique). le final est amené comme une apothéose, qu'il n'est pas interdit de trouver fort drôle. Tout ceci relève du "métier", de la technique.

Malheureusement, l'autre angle de lecture consiste à s'intéresser à l'intrigue elle-même, à ce qu'elle reflète de l'air du temps, qui demeure l'une des caractéristiques fondamentales du genre romanesque.

Et là, patatras, l'édifice s'effondre car il ne s'agit que d'un tissu de lieux communs chers à certains auteurs mâles, qui inventent l'héroïne de leurs rêves.
Soit une Tina, qui
"était avec son amant dans une chambre d'hôtel, où elle se faisait baiser comme la petite putain qu'elle était" (p. 116),
qui profite de son bain pour – bien évidemment – user de son "canard vibrant... acheté dans un sex-shop à Pigalle" (p. 150). Non moins évidemment, elle boit et se saoule le plus souvent possible tout au long des pages, chante divinement faux (p. 31), se fait sauter dans la salle de la réserve de la BnF (p. 52-55), fréquente "youporn" (p.57).
C'est une "baiseuse" d'élite (pp. 101-103) telle qu'un pôvre écrivain mâle peut la rêver et se complaire à la décrire à grands renforts de lieux communs (probablement puisés sur youporn).

Ingénument, l'auteur révèle ainsi au passage comment les bobos cultureux surtout de "gauche" mais pas que, fervents partisans de la "libération de la femme" à la mode mini-jupe et string, se retrouvent aujourd'hui cloués au pilori par des accusatrices "féministes" ayant mis plusieurs décennies à comprendre qu'elles s'étaient fait violer par ceux-là mêmes qu'elles adoraient et dont elles prennent dorénavant la place.
Il fallut l'assassinat de Marie Trintignant et le traitement judiciaire extra-ordinaire réservé au Cantat... Il fut un temps où cette caste vivait en se contemplant le nombril, aujourd'hui elles et ils ne survivent qu'en expertisant continuellement leur entre-cuisses. Comment ne pas frémir d'indignation, d'horreur, à l'évocation d'un minable zozo comme Hulot, ministré par un Macron, se permettant d'effleurer le précieux fondement d'une "petite fille de François Mitterrand" – incontestable crime de lèse-majesté ?

Mais attention, comme il convient d'installer une tension dans le récit, la Tina est déchirée (séquelles de "Jules et Jim" ?), car elle aime aussi un autre homme, le "père de ses deux enfants" (comme ça se dit aujourd'hui, une véritable horreur), fort gentil, mais bien incapable de satisfaire aux immenses besoins de luxure innés chez sa compagne : il dort et ronfle (p. 57), se laisse berner, s'occupe bien des enfants.
Il va même jusqu'à organiser un mariage "à l'ancienne" et "en province" (zone peuplée d'arriérés, bien évidemment, tout le reste du roman se situe à Paris) où il faudra même aller à l'église, bref, l'auteur campe l'archétype du mari benêt.

Ce ne sont là que les principaux lieux communs, tout le reste est à l'avenant – l'auteur nous inflige même la tirade sur les amours multiples
"quand le désir s'émousse au sein du couple, il faudrait pouvoir sous-traiter" (p.109).

Lamentable. Consternant. D'autant plus consternant que j'ai lu ce torchon juste après la lecture de "L'eau rouge" de l'écrivain croate Jurica Pavičić. Il est presque cruel de faire ainsi l'expérience de ce qui sépare un écrivain qui a réellement quelque chose à raconter, d'un auteur n'usant de sa plume que pour se vautrer dans un récit érotico-porno-rigolo ne présentant au final que fort peu d'intérêt...
Poubelle.
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Oh! Que j'ai aimé ce livre!
Je ne l'ai pas quitté.
Je l'ai bu, dévoré!

Voici un petit diamant de littérature qui se révèle au fil de ses pages.
Vif, aiguisé, dur, puissant, précieux : je ne peux que vous le conseiller.

Parallèlement à l'histoire de Vasco, j'ai également beaucoup aimé les moments durant lesquels le narrateur se trouve dans le bureau du juge. Quelles réparties!

Un roman qui fait un bien fou!
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