Un pensionnat tenu par des religieuses. Un pensionnat mixte, pour s'adapter, tout au moins en surface à l'esprit du temps, même si l'époque à laquelle se déroulent les événements du livre n'est pas précisée avec exactitude. Et parmi élèves, il y a Sibylle. Sensible, artiste dans l'âme, terriblement fragile, angoissée, par tout, et en particulier par l'idée de la mort. Qui n'arrive pas à se mouler dans le carcan de l'école, du pensionnat. Qui n'arrive pas à cacher son ennui, incapable d'hypocrisie, assoiffée de tendresse. Et la directrice, Mère Dominica ne supporte pas cette fille qui sans rien dire, rien que dans sa façon décalée d'être est un défi permanent, une négation de sa façon de voir le monde. Alors un combat inégal s'installe entre Mère Dominica et Sibylle.
L'art de
Régine Détambel est de saisir au vol des minuscules instants, de les sculpter avec une extrême finesse, comme un camée, mais rien de joli ou de fade, si elle sculpte c'est au scalpel, découpant au plus profond des êtres pour révéler leur vérité la plus profonde et la plus authentique. C'est parfois cruel, mais toujours juste, d'une sombre beauté. Rien de spectaculaire, mais comme dans la vraie vie, c'est parfois des petites choses, des ressentis qui arrivent à tel ou tel moment, insignifiants à un autre, changent le cours d'une vie. Et le style épuré, chirurgical, si la chirurgie pouvait créer de la beauté, a fait que j'ai été saisie par ce livre. J'en ai été d'autant plus heureuse que j'avais adoré il y a quelques années La lune dans le rectangle du patio, et que deux autres lectures décevantes m'ont éloigné de l'auteur. Je la retrouve ici avec un infini plaisir, je crois que ce qui lui convient c'est d'évoquer le monde de l'enfance, et de faire des récits brefs, sans véritable intrigue, juste un instant fort, où les être sont saisis et révélés.