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En cet après-midi de printemps, alors que le bûcheron, une fois son travail accompli, remonte vers sa ferme, il entend un bruit bizarre dans le forêt. Et quelle n'est pas sa surprise de tomber nez à nez avec un bébé géant. Si Jean ne peut décemment pas le laisser ici et encore moins, aux yeux de sa femme, l'abandonner à l'hospice, ce gros poupon, prénommé Céleste, vient ainsi agrandir cette famille, qui ne compte déjà pas moins de six enfants, tous l'accueillant avec joie. Céleste grandit, s'épanouit au sein de cette famille aimante et tisse, avec chacun de ses six frères, un lien particulier. Mais, au fil des ans, chacun quitte progressivement la ferme, l'un partant travailler chez un éleveur, l'autre embarquant à bord d'un navire marchand, un autre s'installant dans sa propre exploitation ou encore entrant en apprentissage chez un imprimeur. Chaque départ remplit la jeune fille d'un mélange de tristesse et d'envie, puis d'amertume, d'autant que ses parents lui interdisent de quitter la ferme. C'est en croisant, par hasard, un colporteur qui lui propose de la conduire dans la vallée, à la découverte du village voisin, que Céleste partira à la découverte du monde...

Une découverte qui sera, immanquablement, enrichissante, bourrée d'imprévus, de rencontres plus ou moins joyeuses, de joies mais aussi de déceptions, d'amitié et d'amour, de violence... et qui, à coup sûr, la fera grandir et lui fera prendre conscience aussi bien de son corps que de sa féminité ou sa sexualité. Ce récit d'aventures en compagnie de Céleste, jeune fille puis jeune femme attachante, curieuse, au caractère bien trempé, nous emmène dans des contrées dépaysantes. L'on y croise un chevalier blanc, une troupe de théâtre, des femmes Amazone, un futur roi ou encore des religieuses ou des sirènes. Si Céleste détonne de par sa taille, elle comprendra bien vite que c'est sa condition de femme dans un monde traditionnel et patriarcal qui l'empêche d'être elle-même et d'acquérir sa liberté. Ce conte, dense et riche, parcourt ainsi des thèmes divers et variés, empruntant aussi bien aux contes connus qu'à des sujets plus contemporains. Avec cet album, Jean-Christophe Deveney a fait un travail remarquable en dépoussiérant les contes. Graphiquement, le dessin de Núria Tamarit bien qu'épuré nous offre de jolies planches éclatantes, pleines de lumière et de vie.
Une véritable ode à la Femme...

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Dans les bois de la montagne, en rentrant chez lui, Jean, bûcheron de son état, entend des pleurs dans un trou profond. Il descend pour voir s'il y a un besoin de secours. Il découvre alors un énorme poupon aux mensurations monstrueuses. Il décide de l'amener chez lui.

Ils choisissent, avec sa femme, de le garder malgré déjà une famille nombreuse de 6 garçons. C'est alors que la Maman découvre qu'il s'agit d'une fille. Il la prénomme Céleste. Tout va bien dans le meilleur des mondes, Céleste grandit au milieu de ses frères.

Peu à peu, ceux-ci quittent la maison et Céleste grandissant souhaiterait descendre dans la vallée. Un jour, gardant le bétail dans les prés, Céleste est abordée par Nando le colporteur. Bonimenteur comme peuvent l'être les camelots, il persuade Céleste de le suivre jusqu'à la ville voisine où à lieu une fête. C'est là que tout bascule…

Il s'agit là d'un très joli conte qui aborde beaucoup de sujets de société. Pour n'en citer que quelques-uns : l'acceptation de la différence, le sexisme, l'onanisme, l'avortement, l'égalité des femmes, l'intégrisme, la solidarité, le respect, le pardon, la guerre, la politique, etc. …
Toutes ces sujets sont abordés, parfois très superficiellement et parfois en profondeur, au fur et à mesure du voyage de Céleste.
J'ai adhéré totalement à l'histoire mais je n'ai pas été emballé par le graphisme plutôt lourd et les couleurs ternes.
Une belle BD à découvrir surtout pour son scénario.
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Géante, c'est Céleste, trouvée bébé par un couple de fermiers et ses six garçons. Céleste n'est pas une petite fille comme les autres, car Céleste est une géante. Elle grandit (c'est peu de le dire !) au milieu des siens préoccupés de la protéger des autres, des hommes qui pourraient se moquer, avoir peur ou profiter de sa différence...mais Céleste est curieuse et souhaite découvrir le monde. Et c'est parti pour près de 200 pages d'aventures. Céleste découvre la guerre, la violence, mais aussi l'amour, la communauté, la solidarité, prend conscience de son corps, de son sexe, de sa féminité.
Inspiré par les récits picaresques, les personnages de Gargantua et Pantagruel (pour ma part, j'y ai vu passé l'ombre de Charlotte Perkins Gilmman quand Céleste découvre l'île aux sirènes) et reprenant les codes des contes de notre enfance et ses personnages fantastiques (une géante donc, un chevalier blanc, un prince, une méchante reine et belle-mère, des sirènes, des sorcières), Géante est plus qu'un conte, c'est aussi un roman d'initiation, féministe et universel avec des niveaux de lecture multiples s'adressant à tous les âges.
L'humour et la poésie de JC Deveney sont parfaitement servis par le dessin toute en rondeur de Nuria Tamarit. le tout est serti dans un livre bijou très agréable pour les yeux.
Ce roman graphique est une petite pépite !
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J'avais découvert Nuria Tamarit avec “Le Conte du Genévrier“, une adaptation d'un conte de Grimm, déjà j'avais apprécié son talent graphique, avec un dessin un peu naïf, d'album jeunesse, avec une ambiance de conte bien maîtrisée. Il m'avait manqué une pointe d'ambition, j'aurais aimé qu'elle modernise l'univers du conte, qu'elle actualise les problématiques, qu'elle s'émancipe des auteurs anciens, et bien voilà qui est tout à fait rectifié avec “Géante”. On démarre sur des références inversées, Tom Pouce, le Petit Poucet, pour revenir aux géants de la littérature ancienne, Gulliver, Gargantua, Pantagruel… Et il y a plusieurs étapes bien distinctes dans le récit, le conte devient une grande saga teinté d'humanisme et d'émotions. C'est une réappropriation moderne de l'univers du conte, à la manière D Hubert dans la bande dessinée, s'attaquant à des sujets bien actuels, féminisme, racisme, guerre, religion, avortement… revenant à des temps anciens pour nous parler indirectement du nous d'aujourd'hui. Voilà deux auteurs que je trouvais bien timide jusqu'alors, qui, en osant élever leurs ambitions, se révèlent dans cet album de grande qualité.
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GÉANTE est un conte féerique, fantastique, onirique tissé dans un sens par les frères Grimm et dans l'autre par un poète fou nageant dans une rêverie des plus inattendue.
Les éditions Delcourt nous proposent ce bel album dont la couverture est à mi-chemin entre un coffret magique et un précieux grimoire enluminé d'or et de vermeil.
Il s'agit de l'histoire de Céleste, une géante qui sut parcourir le vaste monde à la recherche de sa liberté.

Le scénario très original de JC. Deveney est mis en valeur par le joli dessin de Nuria Tamarit, moitié naïf, moitié réaliste.
Voici donc l'histoire d'un pauvre bûcheron qui vivait avec son épouse et ses 6 garçons dans la montagne. Un beau jour… ou peut-être une nuit… il fit une trouvaille pour le moins originale alors qu'il transportait le fruit de son travail ; une enfant, certes un peu plus grande que la normale, vagissait seule dans la mousse des bois.
La famille l'adopta et la prénomma Céleste. Elle grandit dans la joie et dans ce désordre si particulier qui est l'ordinaire des grandes familles de sept enfants.
Un beau jour (il s'agit d'un conte, sachez que les jours sont presque tous beaux) son envie de parcourir le monde fut si forte qu'elle abandonna à son tour père et mère pour gagner la ville à la quête de son avenir radieux. Mais, les hommes, parfois tyrans, souvent enjôleurs et possessifs, ne l'entendaient pas de cette oreille…

C'est une fable moderne, drôle et féministe qui réunit dans son sillage les mères célibataires et celles qui sont isolées. Il réunit aussi les hommes égarés et ceux qui ne seraient pas contre un meilleur équilibre, dixit l'équilibriste.
Et voici toute cette joyeuse ribambelle de jouvenceaux et jouvencelles à l'encontre des règles établies par les archevêques et les baillis, les duègnes et les princes consorts pour fonder une nouvelle société.
Sous un tendre et joli dessin, c'est une ode à la femme et à la philosophie, une ode à la liberté qu'il faut durement gagner et ne jamais lâcher. C'est enfin une ode à la femme protectrice, nourricière, guide parmi les guides. Ni sirène, ni amazone, ni soumise, ni pute non plus.
Juste libre.
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Céleste est un bébé géant recueilli dans une contrée lointaine, une sorte de monde parallèle je dirais vu les dessins et du fait qu'aucun lieu ni époque soient explicitement précisés. On est dans le fantastique, un peu dans la dystopie parfois. Encore une fois, je participe au prix des Imaginales des bibliothécaires et Géante est le 3ème titre que le lis ; ce n'est pas forcément mon genre de lecture ; aussi vais-je essayer d'exprimer le plus clairement possible mon avis.

Ce que j'ai aimé : la multitude de sujets abordés : la famille, la découverte du monde, la trahison, l'amour, la liberté… La condition de la femme a une place prépondérante ; je ne suis pas une féministe radicale mais j'ai quand même ressenti lors de ma lecture la colère et l'injustice dont était victime Céleste : ne pas avoir le droit de s'instruire et découvrir autre chose que les tâches ménagères, avoir des punitions plus sévères que celles des hommes face à un même fait et puis surtout, le chapitre avec les andrologues, quelle humiliation !!! Comme je le disais dans ma critique de Peau d'homme : être une femme aujourd'hui n'est pas toujours facile mais quand même beaucoup plus que dans le passé, surtout dans le monde occidental.

Ce que j'ai moins aimé : c'est trop long malgré tous les aspects intéressants. Il y a trop de personnages : le dessin et les noms des protagonistes faisant penser à la mythologie grecque, tout le monde se ressemble et j'ai été obligée de revenir en arrière.
Néanmoins, les adeptes des sujets évoqués ci-dessus apprécieront sans doute. Pour ma part : 3/5.

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L'imposant Géante de Jc Deveney et Núria Tamarit vient de paraître aux Éditions Delcourt sous une magnifique couverture dorée « hors collection » : un écrin qui sied bien à ce roman graphique de 200 pages qui a nécessité plus de 4 ans de travail. Dans ses remerciements , le scénariste salue « François R, Jonathan S et Christopher V » : hommage à Rabelais, Swift et Vogler qui souligne la particularité de cette oeuvre singulière aux carrefours des genres.

Un conte pour enfants …

Tout débute comme dans un conte : un bûcheron , père de six garçons , découvre au fond d'une ravine un bébé abandonné…. Un bébé, certes, mais déjà bien plus grand que lui et bien plus lourd que la charge de bois que son cheval est habitué à tracter… Pourtant, il arrive tant bien que mal à l'amener chez lui, résolu à le déposer à l'hospice le lendemain. Mais il cède aux injonctions de sa femme, si émue quand elle découvre qu'il s'agit d'une petite fille ; ils l'adoptent en lui donnant le doux nom de « Céleste », cadeau des cieux. Elle devient donc leur septième enfant et coule des jours paisibles dans une famille aimante. Mais, le temps passant, ses frères quittent un à un le nid familial ; Céleste aimerait, elle aussi, partir à la découverte du monde. Or on lui interdit, pour la protéger, de se rendre même dans la vallée toute proche…

On retrouve, d'emblée, les personnages du conte : un enfant trouvé, un pauvre bûcheron, une famille nombreuse. JC Deveney, souligne d'ailleurs lui-même l'archétype en appelant les frères de Céleste par des prénoms qui ressemblent à des numéros : Prime, Segond, Tertio, Quarte, Quintil et Sixte. le preux chevalier qu'elle rencontre ensuite s'appelle Blanc de Parangon. Or, il est à la fois pur comme l'indique son prénom et modèle comme le souligne son nom. le grand inquisiteur implacable se nomme, quant à lui, Porphyre comme la roche volcanique ; la méchante belle -mère est la reine Della Attricia (« délatrice » itialianisé) et l'amoureux funambule, Alto. L'onomastique est donc toujours signifiante et participe à la lisibilité du récit.

La structure du conte est aussi respectée, dans la narration tout d'abord : si on a bien dialogues et phylactères comme dans toute bande dessinée, le récit est aussi porté par de longs récitatifs au passé. Ensuite, il y a des coïncidences et des retrouvailles opportunes : des personnages arrivent à point nommé pour aider les héros quand ils sont dans une impasse (Quintil vient par deux fois au secours de sa soeur quand tout semble perdu, Falca s'oppose contre toute attente à Hapis…). Enfin, la composition en douze chapitres renvoie également à ce que le scénariste Christopher Vogler a théorisé en se fondant sur les travaux de Propp et Campbell sur les contes et le monomythe : « le voyage du héros » et ses douze étapes. le déroulement chronologique de l'histoire est donc nécessaire puisqu'il marque dans sa linéarité même l'évolution du personnage : aussi géante soit-elle, Céleste « grandit » au fil des rencontres.

Le dessin aux couleurs pastels et aquarellées de Nuria Tamarit, faussement naïf, semble s'adresser aux enfants. le titre en lettres gothiques donne un cachet à la fois ancien et mystérieux au livre ; chacun des douze chapitres du conte est introduit par une illustration pleine page qui joue sur le végétal pour créer des ornements semblables à des enluminures et ses couleurs annoncent littéralement la tonalité du chapitre (couleurs sombres pour les chapitres «menaçants », couleurs éclatantes pour les épisodes heureux) à la manière des illustrations de Bilibine. Les personnages aux traits épurés, aux attitudes hiératiques et aux longues robes rappellent, eux aussi, les livres de contes slaves. Mais la dessinatrice joue également avec maestria des codes de la bande dessinée. Nombre d'onomatopées prennent, ainsi, une réelle importance dans la page et insufflent du dynamisme grâce au jeu de polices et de casses tandis que le gaufrier tantôt minimaliste, scindant la page en trois grandes cases horizontales ou verticales, permet des moments de réflexion et d'introspection ou au contraire souligne l'action et le rythme effréné lorsque les cases se multiplient …Tout concourt alors à faciliter la lisibilité du propos.

Un conte philosophique entre Rabelais , Swift et Voltaire

Pourtant, malicieusement, JC Deveney choisit de brouiller les pistes en multipliant les allusions aux classiques de la littérature : Céleste adore les livres et c'est parce qu'elle s'amuse à recréer l'épisode du Cyclope qu'elle attire l'attention du colporteur qui la convaincra de partir dans la vallée ; plus tard quand elle évoque les sirènes avec Quintil elle cite « l'Ulyssiade » d'Homéros ; elle partage avec Parangon l'amour pour les romans de chevalerie de Christian de Thèbes et découvre chez Laelith les oeuvres de monsieur Alcofribas : « Pantagrua » et « Gargantruel » ou encore « le méchant gros géant ». Derrière, cet anagramme, ces mots-valises, ces équivalences transparentes ou ces parodies on reconnaît bien sûr les épopées de Virgile et d'Homère, les oeuvres de Chrétien de Troyes et les romans de Rabelais ou même de Roald Dahl. Deveney inscrit donc son livre dans une prestigieuse lignée mais en l'émaillant ainsi de références que seuls les adultes peuvent déchiffrer, il donne également un mode d'emploi : son conte a plusieurs niveaux de lecture et s'apparente à un apologue.

Géante ne se contente pas, en effet, de mettre en scène un nouveau spécimen de géant rabelaisien ou swiftien ; il en reprend le message humaniste et de tolérance que feront également leur les philosophes des Lumières : il faut apprendre non de façon purement livresque et formelle mais acquérir un savoir encyclopédique par les sciences et l'expérience. Céleste tire les leçons de ses aventures mais reçoit aussi une formation intellectuelle de la part de Laelith et artistique avec les comédiens du Vaste Monde.

De même les aventures de l'héroïne ne sont pas purement distrayantes : elles participent à une réflexion. On retrouve dans nombre de cases les grands yeux de Céleste qui jettent un regard ébahi sur « le monde comme il va ». Géante présente une satire de la guerre avec des soldats qui sont littéralement des « pions de l'échiquier » et des ennemis qui attaquent sans motif – comme lors de la guerre Picrocholine- et se font battre à coups de bouse de vache ! Il y a également une attaque, aux accents voltairiens, du fanatisme religieux avec le grand Inquisiteur et son bûcher ou les mortifications encouragées par la mère supérieure du couvent de Ste Eurexie. Enfin, on observe une critique acerbe et subtile de certaines crises actuelles : l'accueil des migrants sur les côtes européennes est ainsi évoqué lors de l'arrivée des réfugiés de l'île des Sirènes et il est aussi question de la remise en cause de l'avortement.

« Elle était une fois » : Céleste ou le pouvoir des femmes

C'est cette dernière préoccupation qui souligne la véritable portée novatrice de l'album : sous les oripeaux de la fable, il devient une conte féministe et interroge sur le statut de la femme y compris dans nos sociétés modernes. Ainsi, l'héroïne comprend qu'on a le droit de disposer de son corps et d'avorter sans être jugée grâce à « sa » mentor Laelith dont les propos font écho à ceux d'Aude Mermilliod dans Il fallait que je vous le dise ; de même la scène où les trois andrologues pénètrent littéralement dans l'intimité de l'héroïne se mue en saisissante symbolisation des violences obstétricales dénoncées, elles aussi, par l'autrice dans son oeuvre autobiographique. Comme Bianca dans le tout récent Peau d'homme D Hubert et Zanzim, Céleste cherche à combattre une société patriarcale et, si elle a souvent du mal à trouver sa place, c'est paradoxalement moins en tant que géante qu'en tant que femme. D'ailleurs sa taille fluctue au fil des cases comme pour souligner que c'est finalement moins le monde qui est trop petit pour elle que les esprits qui sont trop étriqués ! Elle bataille ferme pour s'imposer et gagner le respect qui lui est dû et y parvient.

Ce magnifique portrait de femme était conçu par Deveney au moment où il était également coordinateur de l'ouvrage collectif HERO(ïne)S : la représentation féminine en bande dessinée ». La réflexion menée avec les dessinateurs et les universitaires contributeurs ont nourri ses réflexions sur les représentations de la femme. Il s'applique donc à démonter les stéréotypes : les sorcières n'ont pas de pouvoirs maléfiques et la seule magie qu'elles pratiquent « est celle du savoir et de la connaissance » (p.88) , les sirènes ne sont pas des créatures fabuleuses mais des femmes masquées qui, telles des Amazones, ont décidé de vivre sans hommes. Même Céleste refuse d'être considérée comme une demoiselle en détresse : elle ne rentre pas dans les cases au propre comme au figuré ! C'est aussi pour échapper aux stéréotypes que le dessin « naïf » de Nuria Tamarit acquiert son importance ici : l'héroïne sort des canons esthétiques et de l'hypersexualisation féminine habituellement à l'oeuvre dans la BD ; elle forme un oxymore en étant à la fois ordinaire et extraordinaire, impressionnante et touchante avec des traits suffisamment reconnaissables pour qu'on l'identifie immédiatement (ses immenses yeux bleus, sa peau de lait et sa flamboyante chevelure rousse ) et suffisamment flous pour laisser place à l'identification.

Ce récit d'aventures nous dépayse mais il est avant tout un conte initiatique, philosophique, poétique et féministe qui aborde tout en finesse les thèmes des préjugés, de l'acceptation de soi, de la croyance en ses rêves et parlera à tous et pas seulement à toutes. On pourrait reprendre à son sujet l'éloge que fait Sandro le prince de Dorsodoro à la troupe du Vaste monde : ce livre mêle « le rêve et la réalité. L'intime et l'immense » (p.120) : Géante est un très grand album.
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Géante est une jolie bande dessinée au dessin un peu naïf qui sied bien avec ce genre de conte fantastique.
Trouvée et élevée par une famille de fermiers ayant déjà 6 garçons, Géante, prénommée Céleste par ses parents adoptifs est protégée du monde extérieur par ces derniers.
"Enfermée" sur ses terres, elle rêve de liberté et se laisse entraîner en ville par un marchand ambulant.
Avec tous les ingrédients des contes fantastiques (géante, sorcière, prince, méchante belle-mère, chevalier) Jean-Christophe Deveney et Nuria Tamarit nous parlent de féminisme, maternité, différence, tolérance, amour avec beaucoup de poésie.
J'ai trouvé le texte parfois un peu long mais cela reste une belle BD, et un bel hommage à la femme.
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Céleste est une femme géante dans un monde de petits hommes. Pas de chance. Ou peut-être que si finalement.

L'histoire de Céleste est un récit initiatique abordant la différence, l'estime de soi, la place des femmes dans la société, l'amour, la sexualité et la famille, entre autres. Cette lecture est riche en aventures mais surtout en réflexions sur le monde et sur les rapports entre les êtres humains. C'est bien écrit, bien rythmé et les dessins sont vraiment chouettes.

Jean-Christophe Deveney et Núria Tamarit mêlent habilement la mythologie, le féminisme et la quête d'identité dans un roman graphique que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.


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Une BD avec un graphisme qui rappelle la BD jeunesse mais qui penche vers l'adulte par les thème abordée (maternité entre autre). Se lit comme un conte. Jolie découverte.
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