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3,65

sur 231 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce livre ne pouvait que m'attirer, m'inviter au voyage et me replonger dans les émotions encore vives de mes deux voyages au Cambodge.
Je me revois arpentant les allées d'Angkor Wat, ébahie par tant de grandeur et de beauté, admirant le Tonlé Sap au coucher du soleil, dégustant une Cambodia assise sur une chaise en plastique face au magasin de réparation de motos à l'entrée du Marché russe. Je me revois, chantant face à ces femmes et ces hommes habillés de l'uniforme bleu des prisonniers lors de nos tournées musicales dans les prisons khmères. Je me rappelle du regard de ces enfants pas plus haut que trois pommes, alignés en rangées parfaitement parallèles, souriants, joyeusement troublés par notre groupe improbable installant le matériel technique et la sono pour partager avec eux des chants et des danses. Je me souviens de Naly, notre interprète cambodgienne, nous présentant fièrement sa trouvaille du matin en provenance directe du marché : des fruits dont nous n'avions pas soupçonné l'existence.
Je me souviens de tant de choses encore.... Des choses terribles aussi...
En un instant, j'étais à nouveau à Tuol Sleng, nauséeuse, dans cette prison S-21 qui m'avait fait prendre conscience de l'ampleur et de la folie de ce génocide . J'étais dans ces rues animées de Phnom Penh, pourtant vides de ces personnes âgées ayant été sacrifiées des décennies plus tôt sur l'autel cette idéologie révolutionnaire de l'Angkar. Je rencontrais à nouveau Pol Pol, Douch et ses acolytes que j'avais appris à connaître par souci intellectuel et de mémoire. Et cette partie de l'histoire-là me terrifie encore !

Du côté du dépaysement et de la plongées en eaux lumineuses ou troubles, Kampuchéa a parfaitement accompli sa mission.

Par contre - alors que j'ai un excellent sens de l'orientation - je me suis souvent sentie perdue dans les méandres des époques, des lieux, des personnages historiques que j'ai rencontrés tout au long du roman.
J'ai mélangé les décennies, les régions, les guerres, les tentatives d'apaisement, les rencontres au sommet, les colonisateurs, les aventuriers jusqu'au boutistes. Et cela ne m'a pas plu.
Certains chapitres m'ont captivée, d'autres m'ont éloignée.
Plus qu'un roman, j'avais l'impression d'une succession d'éditos ou d'articles journalistiques extraits de quotidiens asiatiques et français d'époques si diverses. Quand Pol Pot côtoie Pavie, quand Henri Mouhot rencontre le roi Sihanouk, je n'y comprends plus rien. Dommage !
Au final, je referme ce livre avec un sentiment d'admiration pour Patrick Deville qui a fait un travail de documentation et de synthèse énorme !
Je suis heureuse d'avoir passé à nouveau quelques jours dans ce Royaume de bout du monde auquel je me suis, ma foi, beaucoup attachée.
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Écrire des carnets de voyage, c'est un peu comme faire la recension d'un livre. Il faut naviguer entre deux écueils. le premier est celui du résumé poussif du livre, de la narration plate des étapes de son voyage. Certains auteurs, tel Jean Rolin que j'adore, réussissent à merveille dans cet exercice difficile. Mais le risque est grand de verser dans une prose répétitive et nombriliste.
Le second est de se lancer dans de vastes considérations générales. le voyage ou la lecture sont alors réduits à un prétexte pour une réflexion plus ample. le récit dérive alors vers l'essai au risque de perdre le charme qui doit entourer les carnets de voyage.
Patrick Deville zigzague entre ses deux écueils en remontant le Mekong depuis le Vietnam jusqu'à la Chine . Son livre est composé d'une cinquantaine de chapitres, très courts, qui peuvent parfois donner le sentiment de la confusion à force de virevolter dans l'espace et dans le temps. Sans doute faut-il avoir déjà quelques notions de l'histoire du Kampuchea démocratique, le nom donné par les Khmers rouges au Cambodge, pour en goûter tout le sel. A cette condition, ce récit kaléidoscopique réjouira tous les amoureux du Cambodge et au-delà tous ceux qui aiment, le temps de quelques pages, s'évader vers les berges tropicales d'un long fleuve asiatique.
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Un très beau livre qui nous conduit dans divers pays qui ont composé l'indochine.
L'écrivain effectue un voyage au Cambodge à l'occasion du procès de Doutch, l'un des principaux dirigeants des Khmers rouges.
Il nous rappelle que ces tortionnaires ont été nourris de culture française comme le fut l'oncle Hô au Vietnam.
Il décide d'effectuer un voyage sur les traces de Mouhot et lors de son périple va nous conter la venue de Pierre Loti dans ces contrées ainsi que le voyage de Malraux sans oublier le fond historique de la conquête des divers royaumes par les Français et les Anglais.
Je me suis sentie immergée dans l'histoire, la géographie et la culture de ces différents pays.
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C'est un mélange de carnet de voyage, entrelacé avec des lieux où L Histoire locale de l'Asie du sud-est a répandu ses horreurs et ses absurdités coloniales, le tout secoué avec la grande marche mondiale de l'Histoire, c'est bourré de références et de noms de rues, de crépuscules mélancoliques, d'aventuriers, de militaires, de savants amoureux des papillons, plantes et ruines, de tortionnaires, de fous, de morts et de rares grands hommes plutôt humanistes qui aimaient ces habitants et ces pays en cours de formation, nous revenons régulièrement en 2010 dans une pirogue ou dans un salon avec l'auteur pour respirer l'âme de chaque région, un fond de whisky ou de Pernod dans le verre, tandis que les pales du ventilateur au plafond se balancent doucement, bref nous cédons à l'envoûtement, surtout si comme moi nous avons déjà trainé nos sandales dans ces pays, mais voilà : ce fut trop touffu pour moi, confus parfois, je m'y perdais (pourtant amateur d'Histoire, et d'Histoire coloniale), et je le regrettais... Mais je tiens à dire ceci : pour tout ceux qui aiment Cambodge, Laos, Vietnam, Thaïlande : vous devez lire ce livre et cette mine d'information, car la vision d'ensemble nous laisse un goût particulier, parfois horrifié, et parfois plein de mélancolie.
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Parmi les romans de la rentrée littéraire 2011, Kampuchéa de Patrick Deville a fait couler beaucoup d'encre.

Elu Meilleur roman français de l'année 2011 par le magazine Lire, qui est LA référence en matière de littérature, ce livre est à la frontière du roman et du documentaire.

L'auteur prend le parti de remonter le cours de l'histoire réelle grâce au narrateur, son double ?, journaliste voyageur en Asie du Sud-Est.

Outre le voyage dans le temps et géographique (Cambodge, Vietnam, Laos...) , le lecteur fait aussi un voyage littéraire. le livre est en effet parsemé de références et citations d'auteurs : Conrad, Graham Greene, Malraux...

L'ouvrage est une réflexion sur la colonisation et l'influence européenne, américaine et chinoise dans les pays d'Asie du Sud-Est, sur les liens qui les unissent encore.

La narration est décousue car le lecteur suit les pensées du héros qui vont et viennent au fil de ses lectures, rencontres et voyages. Seul le sujet de la vie des dirigeants khmers rouges revient épisodiquement dans le livre.

Cet ouvrage érudit peut en rebuter plus d'un de par sa narration mais reste agréable à lire. Il pourrait aparaître comme un brillant exercice de style mais est aussi un travail de mémoire qu'on peut saluer. Toutefois, il est difficile pour le lecteur d'assimiler toutes les références littéraires et informations historiques et on referme le livre avec un sentiment de confusion.
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Le magazine Lire a consacré Kampuchéa meilleur roman français de l'année. Curieux choix, car il s'agit de tout sauf d'un ... roman. Qu'est-ce d'ailleurs ? Un récit de voyage de l'écrivain/reporter Patrick Deville qui nous livre une vision kaléidoscopique de l'histoire et de la géopolitique du Cambodge et, bien plus largement, d'une région qui englobe les anciens Indochine et Siam. Aucune fiction dans cet ouvrage bourré jusqu'à la gueule d'informations en tous genres. Pour Deville, tout commence avec la découverte accidentelle des temples d'Angkor par Henri Mouhot, en 1860. C'est l'année zéro. Et tout se termine par le procès de Douch, le tortionnaire khmer rouge, en 2010. Entre les deux dates, Deville vagabonde, physiquement, en remontant le Mékong, et en imagination, avec des portraits d'hommes plus ou moins célèbres et relation d'évènements, plus ou moins connus. Pas de chronologie linéaire dans Kampuchéa, les époques se télescopent, des personnages passent : Pol Pot, Conrad, Hô Chi Minh, Malraux, Sihanouk, Greene ..., certains réapparaissant à plusieurs reprises, à différentes périodes de leur vie. Ce n'est pas tout : Deville ne peut s'empêcher de faire référence à ses propres livres. Coucou, voici Brazza, Somoza et pas mal d'autres qui viennent nous saluer. Nul doute que le style de l'auteur est brillant, enlevé et fascinant. On se laisse prendre au vertige, d'ailleurs, du moins dans un premier temps. On n'est pas trop perdu : exploration, colonisation, révolution, c'est bon, on suit. Cependant, au fil des pages, les digressions se font de plus en plus pesantes et la question se pose : où veut donc en venir Deville ? A un moment de son voyage, notre voyageur bute sur la frontière chinoise. Encalminé. Idem pour son lecteur, assommé par le foisonnement erratique d'un livre dont on aurait aimé qu'il soit moins flamboyant et plus sage. Juste un peu, pour ne pas disparaître corps et biens dans les eaux troubles du Mékong.
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J'ai bien aimé ma lecture — alors que j'avais ouvert le livre sans grande motivation. L'auteur nous invite à la découverte d'un siècle et demi d'histoire du Cambodge, et en une cinquantaine de petits chapitres, il nous raconte essentiellement l'horreur de la période Khmer. Certains passages sont terriblement marquants et portent en eux la souffrance vécue par les Cambodgiens d'une façon très réaliste.

J'ai également bien aimé la façon de Patrick Deville de construire son récit par fragments, en nous perdant entre plusieurs espaces-temps. Tous ces fils narratifs emmêlés -au premier abord- se sont révélés peu à peu tous intimement liés et je me suis simplement laissées guider à travers le labyrinthe des chapitres avec plaisir.

Cependant, je pense que pour bien comprendre ce livre il faut déjà avoir quelques (bonnes) notions de l'histoire du Cambodge. L'auteur fait également référence à beaucoup d'écrivains voyageurs que je ne connaissais pas forcément, et cite de nombreux noms d'illustres inconnus (du moins pour moi), ce qui pouvait vite devenir agaçant. (J'aime bien ne pas rester trop dans le flou quand je lis, quand même. )

En somme, je suis contente d'avoir lu ce livre qui m'a appris beaucoup de choses mais je vous conseille de vous documenter solidement sur l'histoire du Cambodge avant de l'ouvrir, car vous risqueriez vite de vous y perdre !
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Un livre que j'ai senti brillant mais auquel je n'ai pas compris un traitre mot n'étant pas une spécialiste de la géopolitique cambodgienne. Intéressant mais demande une solide culture pour se dévoiler.
Lien : http://madimado.com/2011/11/..
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Récit de voyage.
Le centre de gravité se trouve à Phnom Penh, à propos du procès de Douch, le tortionnaire du trop célèbre S-21- justifiant le titre de l'ouvrage. L'auteur promène le lecteur dans tout le sud Est Asiatique, de Bangkok à Hanoï et Saïgon,en passant par Vientiane.
Deville, avec son style incisif, ses chapitres courts a construit une sorte de puzzle, dans le temps comme dans l'espace.
D'un récit à l'autre nous rencontrons Mouhot, le découvreur d'Angkor, ou les chemises rouges thaïes de 2011, Graham Green et Malraux et les explorateurs du Mékong, Pavie, Garnier et Lagrée qui poussèrent le voyage jusqu'au Yunnan, de loin on croise Conrad ou Stanley et Brazza. Mais aussi Ho Chi Minh pet Sihanouk. Brèves rencontres.
Dans le temps, coquetterie d'auteur? Deville invente l'ère Mouhot, gymnastique du lecteur! Flashbacks, chronologie bousculée. Il faut être en alerte pour tout rétablir!
A lire comme un jeu de piste - il est préférable d'avoir déjà voyagé sur les lieux pour profiter pleinement de l'atmosphère des lieux, peu d'indices pour que le néophyte s'y retrouve.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Ce fut pour moi une lecture assez déroutante car premièrement il ne s'agit pas d'un roman avec des personnages, un scénario et un cheminement sur un temps donné.
En effet, l'auteur nous propose un récit de voyage dont il a posé un cadre temporel compris entre l'ouverture du procès des Khmères, et la révolte des chemises rouges en Thaïlande. Ce récit est en fait une série d'impressions posées ici où là sur l'histoire et le présent non pas d'un pays, le Kampuchéa démocratique (ancien Cambodge) mais de sa région au sens large. le fait de mélanger les choses, m'a un peu "dérangée" parce que j'aime savoir où je suis, avec qui je suis, et à quel moment je suis.
Deuxièmement, et c'est peut-être là le plus important, j'ai trouvé cette lecture déroutante, car au fond elle est vite devenue ennuyeuse car très sèche. Autrement dit, pour moi cela manquait d'images, de documentations. L'écriture, bien que de bonne qualité, ne m'a pas donné la possibilité de m'évader, et, encore moins de visualiser, mentalement ce que l'auteur a écrit.
J'ai donc vite assez vite "décroché".
Les références historiques, et littéraires sont assez fournies, cependant tout cela manquait cruellement de vie.
Ce récit peut également dérouter celui ou celle qui n'a pas un minimum de connaissance de la région et de son histoire. le hasard a voulu que durant cette période je lise d'autres ouvrages sur le Cambodge ; je savais donc ce qu'il en était. Mais pour les autres lecteurs…..
Au fond, une fois la lecture terminée, je me demande pourquoi ce livre, dans quel but, quel message et legs pour le lecteur ? Si ce n'est de l'ennui, et l'envie puissante de passer à autre chose, et vite.
Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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