Avant de commencer, je précise que cette chronique se fait dans le cadre de Masse critique de Babelio et je remercie les éditions Binge audio de m'avoir fait parvenir ce livre 2 fois, le premier envoi s'étant perdu visiblement.
Pour ceux qui ne connaissent pas le processus de Masse critique, les lecteurs et lectrices actives sur Babelio (qui laissent de nombreux avis, commentaires, etc.) sont invitées à choisir dans une liste de livres (appartenant à une catégorie, cette fois il s'agissait des non-fictions) des livres qu'iels aimeraient lire. On peut en choisir plusieurs puis, par tirage au sort, les livres sont attribués à plusieurs lecteurs et lectrices dans la limite de 1 livre par personne.
Par conséquent, nous ne lisons dans le cadre de Masse critique que des livres que nous avons envie de découvrir, quelle que soit la raison.
Si j'ai choisi ce livre, c'est parce que je connaissais le podcast "
Le coeur sur la table", animé par
Victoire Tuaillon, directrice de la collection de
Binge Audio.éditions dans laquelle paraît cet ouvrage de
Coral Herrera Gomez. C'est un podcast que j'ai adoré écouter, qui a bouleversé beaucoup de choses très rapidement dans ma petite tête et m'a aidé à poursuivre un processus de déconstruction que j'avais entamé par le biais d'autres lectures. Je voulais donc profiter de l'occasion pour approfondir et fixer certaines notions à travers cet essai, mais aussi d'autres ouvrages de littérature féministe proposés par Masse Critique. Bref, désormais vous savez tout du cadre dans lequel s'inscrit ma lecture et ma chronique.
"
Révolution amoureuse, pour en finir avec le mythe de l'amour romantique" est un ouvrage que je qualifierai de synthétique écrit par une autrice au parcours édifiant, spécialiste de l'amour romantique.
Tout y est abordé, ou presque tout, en de courts chapitres permettant à tout le monde de suivre, sans être noyé.e sous des détails ou une technicité trop poussée. L'autrice déconstruit l'amour romantique des débuts, du moment où l'on tombe amoureu.se au moment où l'on se sépare, met en lumière les biais introduits par le patriarcat séculaire et prône une liberté de l'amour, sans souffrance, sans déséquilibre.
On retrouve beaucoup de choses que l'on peut trouver plus en détails dans d'autres ouvrages - l'injonction de beauté féminine, par exemple, que l'on retrouve, si je ne m'abuse dans "
Beauté fatale" de
Mona Chollet. On y retrouve aussi l'asymétrie des relations, l'éducation émotionnelle des enfants qui, très tôt, intériorisent la souffrance et le sacrifice pour celles nées de sexe féminin ou développent une sorte d'insensibilité sentimentale pour les autres. On retrouve alors les archétypes du "bad boy" ou "don juan" d'un côté et de "l'infirmière" ou de la "dona Inès" de l'autre, archétypes bien développés dans "
le coeur sur la table" d'ailleurs. (Au passage, ce n'est pas pour rien que ces binômes se retrouvent dans de nombreuses romances littéraires ou cinématographiques, ce qui ne m'a pas aidé à me rapprocher du genre, mais je m'égare.)
J'ai donc lu cet essai comme un ouvrage de synthèse, abordable pour tout le monde, qui, s'il ne réinvente pas les concepts, a le mérite de le rendre accessible à toutes et tous (tout le monde n'a pas l'envie ou le temps de lire toute la littérature féministe de ces dernières années, d'ailleurs, moi le premier, lecteur de fantasy et de SF avant tout). Ce petit volume suffit à remettre en cause beaucoup de choses, à soulever les bonnes questions, charge à chacun.e de s'en emparer, d'approfondir, et de mettre en pratique la théorie.
Pour celleux qui sont déjà sensibles aux thématiques, un petit rappel ne fait pas de mal. Personnellement, cela m'a encouragé à refaire le point sur mes réflexions, sur le chemin parcouru et celui que j'ai encore à parcourir.
De plus, j'ai été sensible au discours de l'autrice qui nous dit sans détour avoir elle-même eu recours aux stratégies toxiques de persuasion pour obtenir ce qu'elle souhaitait avant de comprendre que ce n'était pas sain (Chapitre 13 : Comment utiliser son pouvoir dans la relation amoureuse ?). Je trouve que c'est une façon d'aborder les choses de manière humble, sans culpabilisation de la lectrice ou du lecteur. On pourrait résumer la démarche par quelque chose du genre "Ce n'était pas de votre faute, vous ne saviez pas, on ne vous l'avez pas appris. Mais maintenant, vous savez." C'est bienveillant, c'est pédagogique.
Je m'étend donc un peu plus que d'habitude sur cette chronique, car j'ai envie de croire que ce genre d'ouvrage continuera de faire bouger les choses, de faire reculer le patriarcat et ses déséquilibres et que ces travaux aideront à décloisonner les relations entre les individus, à ce qu'elles vivent plus librement. Bref, un message d'optimisme que j'aurais envie de mettre entre toutes les mains, combien de fois déjà se sont fait sentir les méfaits de ces amours biaisés ? Trop, assurément.