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Pierre Riché (Éditeur scientifique)Bernard de Vregille (Traducteur)Claude Mondésert (Traducteur)
EAN : 9782204042444
400 pages
Le Cerf (16/01/1991)
3.75/5   4 notes
Résumé :

Le Liber manualis fut écrit à Uzès par Dhuoda, épouse du duc de Septimanie, en 842. Il est adressé à son fils ainé Guillaume, alors agé de 16 ans. C'est bien plus qu'un livre d'éducation ordinaire, avec les questions de lutte contre les vices et de la pratique des vertus : c'est un testament spirituel avec un certain caractère autobiographique que la mère adresse à son fils qui est loin d'elle. <... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le Manuel pour mon fils de Dhuoda est un témoignage extrêmement touchant de la vie à l'époque carolingienne, un exemple précieux pour connaître les valeurs prônées comme nécessaire à une vie sainte à cette époque, et un beau témoignage d'amour maternel au coeur d'une indicible souffrance : la séparation de Dhuoda d'avec ses fils, comme des ombres chéries presque jamais connues, ne pouvant être qu'imaginées.

Je m'attendais à vrai dire à aborder un texte abrupte, difficile à saisir, et pourtant j'ai découvert avec émotion un verbe qui a touché, plus de mille ans après, mon coeur de femme du XXIème siècle. Il y a quelque chose de sincèrement universel dans l'amour que Dhuoda cherche à communiquer à son fils et dans ses conseils de vie, qu'ils concernent la vie religieuse et intérieure ou le comportement à adopter dans sa vie pour être heureux et pour vivre dignement.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
On connaissait depuis longtemps l'existence du Manuále de Dhuoda ; quelques fragments en avaient été publiés dès le xvne siècle par Mabil- lon, et on savait que cet ouvrage renfermait de précieux détails pour l'histoire du ixe siècle. La publication de M. Bondurand doit donc être accueillie avec faveur.

L'auteur de ce Manuel, Dhuoda, était une dame de noble origine (on Га cru longtemps, sur la foi d'une mauvaise copie, sœur de l'empereur Louis le Pieux), épouse de Bernard, duc de Septimanie, conseiller et fidèle de ce prince. Elle vivait loin de son mari, loin de ses enfants qu'elle connaissait à peine, à Uzès, et c'est pour son fils Guillaume, au moment où, conduit par Bernard à la cour, il allait devenir le familier, le fidèle de Charles le Chauve, qu'elle écrivit ce petit traité de morale pratique. Le style de l'écrivain est souvent barbare et embarrassé, elle a un goût trop marqué pour les images pompeuses et pour les raisonnements abstrus, mais il est étonnant de trouver au ixe siècle une grande dame aussi instruite pour son temps. Non seulement elle connaît la Bible par cœur et elle cite les livres saints à tout propos et hors de propos, mais elle a lu également et elle cite Prudence, Pline, nombre d'ouvrages des Pères et paraît assez bonne théologienne. Les préceptes qu'elle donne à son fils Guillaume sont presque tous des préceptes de piété, assez banals, mais, dans certains chapitres , quand elle parle de son second fils éloigné d'elle avant même d'avoir reçu le baptême, quand elle rappelle à Guillaume les noms de ses parents défunts, de ses ancêtres, et lui demande de prier pour eux, on sent comme une émotion contenue, qui se fait jour sous les réticences de l'écrivain, en dépit de la barbarie et de la pauvreté du style.

A vrai dire, Dhuoda avait raison de recommander la prudence à son fils au milieu des orages delà cour auxquels il. allait s'exposer. Il était petit-fils du plus illustre peut-être des compagnons héroïques de Charlemagne, de Guillaume de Gellone, comte de Toulouse ; mais il semble qu'un sort funeste ait pesé sur cette maison. Le mari de Dhuoda, Bernard, père du jeune Guillaume, allait bientôt périr victime d'une intrigue; Guillaume lui-même subit le même sort en 850, enfin son frère Bernard, dernier rejeton de Guillaume de Gellone, succombera misérablement en 872. A notre sens, l'éditeur a trop aisément accepté le jugement sommaire de beaucoup d'historiens sur la conduite de Bernard, duc de Septimanie ; dévoué à Louis le Pieux, il partagea les malheurs de ce prince, et il serait oiseux aujourd'hui de rechercher s'il a été l'amant de l'impératrice Judith ; il est surtout regrettable que M. Bondurand ait cru devoir citer à ce propos la chronique dite d'Eudes Aribert, dont la fausseté est indéniable ; le fragment publié par les Bénédictins date tout au plus du xvie siècle.

Il ne faudrait pas demander beaucoup de renseignements précis à un traité tel que le Manuel de Dhuoda; on peut toutefois noter ses1 conseils à son fils sur la manière de se conduire à la cour auprès du prince, sur le respect qu'il doit à celui-ci, à son senior; on peut encore citer la recommandation de payer les dettes contractées par sa mère, de ne pas oublier de prier pour le salut de son âme, pour celui de ses parents défunts. Enfin Dhuoda échappe à la banalité du sujet qu'elle traite par le ton observé par elle, la mesure qu'elle sait garder.
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Ce faible ouvrage est une supplication par laquelle je te recommande mon enfant en toutes choses, suprême dispensateur de tous les biens. Le royaume et le pays sont déchirés, mais tu demeures immuable. Puisse-t-on s'arrêter aux résolutions les meilleures.

Un signe de toi contient tout. L'immensité de la terre est toi. et à toi
seul toute chose est soumise. Toi dont le règne est éternel, aie pitié de mes fils. Que mes deux enfants, je t'en conjure, vivent dans le siècle en te chérissant toujours.
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Ce rapide rappel historique va nous permettre de montrer l'originalité du Manuel de Dhuoda. En premier lieu, il n'est pas écrit par un clerc, mais par une femme laique, et cela lui donne une place unique dans la littérature latine du haut Moyen Age. D'autre part, c'est une mère qui adresse un livre d'éducation à son fils, et c'est également la seule oeuvre littéraire de ce genre. Sans doute le Manuel ressemble par certains côtés aux miroirs carolingiens contemporains : il est question de la lutte contre les vices et de la pratique des vertus, du respect envers ses parents, son roi, son seigneur et les prêtres, de la prière, de la sainteté du mariage, etc. Mais Dhuoda ne se limite pas à ces lieux communs de tous les ouvrages moraux. Elle veut que, dans ce Manuel, son fils Guillaume retrouve sa mère ; c'est un testament spirituel qu'elle adresse à celui qui est loin d'elle. Par suite elle lui rappelle quelques faits concernant sa vie; le Manuel a donc un caractère autobiographique que n'ont pas les autres miroirs. (...) De plus cette aristocrate, qui a reçu une instruction plus qu'honorable, a voulu transmettre à son fils l'essentiel de sa culture. Le Manuel va nous permettre de faire le bilan de la culture profane et religieuse d'une laique au milieu du IXe siècle.
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Le Manuel, ou Liber Manualis, fut écrit à Uzès par Dhuoda, épouse Bernard, duc de Septimanie, entre le 30 novembre 841 et le 2 février 843. Il est adressé à Guillaume, fils ainé de Dhuoda et de Bernard, alors âgé de 16 ans.
En intitulant son ouvrage Liber Manualis, Dhuoda a repris une expression classique. Un Liber Manualis est un petit livre que l'on pouvait tenir dans la main, pour s'en servir quotidiennement. (...) Les contemporains de Dhuoda ont quelquefois employé ce titre pour désigner les petits ouvrages de spiritualité ou de morale.
Dans le cas présent, ce Manuel est adressé à un jeune homme et entre alors dans un genre littéraire bien précis, celui des "miroirs". Dhuoda le dit explicitement dans sa préface : "Tu trouveras (en mon livre) un miroir où tu pourras contempler le salut de ton âme". A l'époque carolingienne, "manuel" et "miroir" sont quelquefois synonymes. (...)
Nous n'avons pas ici à étudier l'histoire de ce genre littéraire des "miroirs", (...). Rappelons simplement que ce genre est très ancien, puisqu'il remonte à l'antiquité égyptienne et hébraique, qu'il apparaît dans la littérature latine sous des formes diverses, et qu'il s'est transmis aux civilisations byzantines et même arabe.
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Le Manuel est donc bien différent des "miroirs" écrits par les clercs à la même époque. c'est vraiment le livre du parfait aristocrate. Dhuoda rappelle continuellement à son fils qu'il est issu d'une grande famille, que cette famille s'est illustrée ds deux côtés, que ses ancêtres ont été puissants dans le siècle, qu'ils ont transmis à Guillaume leur prestige et leurs richesses. La force des liens de parenté, de lignage, une des caractéristiques de la société féodale. Ces liens ont même une place plus importante que ceux de la fidélité au roi. (...)
Un chrétien doit respecter ses parents, Dhuoda le rappelle en se référant à des exemples bibliques, mais un jeune aristocrate doit surtout respecter son père. c'est un crime que de le trahir, comme l'ont fait les enfants de Louis le Pieux. Le père a dans la famille le principal rôle, c'est grâce à lui que l'on peut avoir un prestige politique et une force matérielle. Le fils doit donc prier pour le succès des entreprises temporelles de son père aussi bien que pour son salut éternel. Ainsi le Manuel présente, à côté d'une mystique de la fidélité, une religion de la paternité . Il ne faut pas se représenter Dhuoda simplement comme une mère aimante et faible. c'est une femme qui a mis toute sa force et sa fortune -elle a emprunté de l'argent aux juifs et aux chrétiens- au service du chef de famille. Obligée par son mari à demeurer à Uzès, elle ne se plaint que de l'éloignement de ses enfants, et continue à se réjouir des exploits de son mari. Réduite à l'inaction, elle écrit un livre à la gloire de son mari et de sa famille, livre qui devrait avoir sa place dans une histoire de l'aristocratie au Moyen Age.
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