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EAN : 9782363080134
234 pages
Arléa (11/04/2013)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Les relations entre la France de Louis XIV et l'Afrique noire, surtout les rapports personnels noués par Louis XIV avec des souverains de la côte africaine demeurent un aspect méconnu de la diplomatie du Roi Soleil.

Or c'est Louis XIV qui posa les fondements de l'AOF, laquelle n'aurait certainement pas vu le jour sans son action.

De tous les rois de France - et même d'Europe -, Louis XIV est celui qui ouvrit largement sa cour aux Africa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Tidiane Diakité est agrégé d'histoire. Sollicitant des fonds d'archives souvent inédits, mais aussi les écrits savants consacrés au sujet (récits de voyages, essais théologiques), il a rédigé un ouvrage qui intéressera autant, sinon plus, les
personnes intéressées par les relations franco-africaines que les spécialistes du règne de Louis XIV. Son sujet peut sembler exotique, voire fantaisiste. Qu'on étudie le Roi-Soleil ou l'histoire de l'Afrique à l'époque moderne, on évoque rarement les relations du premier avec le second, au point d'imaginer qu'il n'y en eut guère.

Les relations entre la France et l'Afrique noire ne commencèrent pas avec Louis XIV. Louis XII et, avant lui, Henri IV avaient ouvert le chemin de l'Afrique. Mais c'est avec le Roi-Soleil qu'elles prirent leur essor. Les compagnies royales à privilèges fondées par Colbert se déployèrent principalement dans deux zones : le Sénégal, depuis le banc d'Arguin jusqu'aux îles Bissaux, et le golfe de Guinée. Elles durent faire face à bien des difficultés : l'accueil pas toujours bienveillant des indigènes, la rivalité des Anglais et des Hollandais, sans oublier la rigueur du climat et les fièvres.

L'intérêt de Louis XIV pour l'Afrique découle de celui qu'il porte aux Antilles. La culture du sucre y a très vite nécessité une main-d'oeuvre abondante. Ainsi s'est mis en place un commerce triangulaire hautement rentable : les marchandises et l'eau-de-vie importées de France et échangées contre des esclaves en Afrique peuvent être revendues avec un profit de 800 % aux Antilles (l'estimation est reprise des calculs d'Abdoulaye Ly). Les réticences philosophiques suscitées par la traite esclavagiste cèdent devant l'appât du gain. le mercantilisme colbertien trouve son compte à ce commerce : les manufactures françaises tournent à plein régime, les colonies sont approvisionnées en main d'oeuvre et le sucre antillais est revendu dans toute l'Europe.

Mais la traite n'est pas le seul motif d'intérêt du Roi-Soleil pour l'Afrique. Il s'y greffe deux autres. le premier est son ambition politique. En Europe, comme dans le reste du monde, il s'agit de vaincre les ennemis qui s'opposent à la puissance et au rayonnement de la France. L'Espagne et le Portugal voient leur étoile pâlir. L'Angleterre, et surtout la Hollande, sont les principaux ennemis. Pendant toute la durée du long règne de Louis XIV, c'est au Hollandais « obstacle majeur » selon l'expression de l'auteur, que la France se heurtera en Afrique : à Gorée (dont l'étymologie est néerlandaise, Goe Reede signifiant « bonne rade ») ou sur la Côte-de-l'Or (la forteresse d'Elmina fut longtemps hollandaise). On l'oublie d'autant plus volontiers que la Hollande a laissé peu de traces en Afrique – faute d'avoir participé au XIXe siècle à l'aventure coloniale.

Le second est le rêve du roi très chrétien d'une Afrique catholique. Ce projet n'est pas sans lien avec le précédent, la rivalité avec les Provinces unies et l'Angleterre étant à la fois politique et théologique. Tous les bateaux de la Compagnie des Indes occidentales étaient tenus d'embarquer un prêtre et tous les établissements avaient leur aumônier. Les récits de voyages écrits à cette époque sont souvent leurs oeuvres : la Relation du voyage au Cap-Vert du père de Saint-Lô ou la Relation d'Issiny du R.P. Loyer. Toutefois, cette politique d'évangélisation n'eut pas les succès escomptés. Les indigènes n'acceptèrent pas d'embrasser la nouvelle religion qui les contraignait à un changement de vie dont ils ne voyaient pas l'intérêt.

C'est là que l'on touche à la dimension qui, rétrospectivement est la plus captivante : la rencontre des Français et des Africains et les regards croisés qu'ils se portent. Tidiane Diakité y consacre le chapitre le plus intéressant de son ouvrage. Ce qui frappe, c'est l'absence étonnante de préjugés. La France de Louis XIV fut beaucoup moins « raciste » – si tant est que cette expression eût alors un sens – que celle de Louis-Philippe ou de Jules Ferry. Les émissaires des rois africains, tel en 1671 l'ambassadeur du roi d'Ardres (dans la région de l'actuel Bénin) ou en 1688 le fils du roi d'Issiny (en Côte d'Ivoire) que Louis XIV prit sous son parrainage pendant plus de dix ans, furent reçus avec tous les honneurs dus à leur rang. Ce n'est que progressivement que l'opinion des Français sur les Africains se dégrade : leurs manquements répétés à la parole donnée, leurs chantages incessants et surtout leur refus de se convertir vont lentement décourager les émissaires français.

La guerre de Sept Ans – qui prive la France de ses possessions ultramarines – la parenthèse révolutionnaire et les conquêtes napoléoniennes vont distendre les rapports avec l'Afrique, mais pas les rompre. Lorsque Louis-Philippe renoue avec une politique africaine, il retrouve naturellement les zones d'influence ouvertes par son aïeul.

Cette critique a été publiée dans le numéro 247 de la revue "Afrique contemporaine" de l'AFD
Lien : http://www.cairn.info/revue-..
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Excellent ouvrage sur les relations méconnues entre Louis XIV et le continent africain. Richesse des recherches et précision remarquables! Que vous soyez passionné d'Histoire ou juste désireux de compléter votre culture générale, ce livre est à lire absolument!
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Vidéo de Tidiane Diakité
Audrey Pulvar reçoit Tidiane Diakité Historien, professeur agrégé d'Histoire et Chevalier de l'Ordre des Palmes académiques à l'occasion de la sortie de 50 ans après, l’Afrique aux Editions d’Arléa paru le 24 mars 2011
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