Il est bien évident que ce 'décident' dans le titre ne signifie pas que les sociétés, volontairement et sciemment, décident de leur
effondrement et disparition. Se disant un beau matin, 'tiens on va bien se livrer à la déforestation, à la pollution et l'excès d'utilisation de l'eau'. L'écologie n'est pas la seule responsable, et aucune société n'aimerait à disparaître.
Jared Diamond propose en introduction ce sous titre "Les
effondrements des sociétés impliquant un facteur environnemental, et dans certains cas les effets des changements climatiques, des relations hostiles de voisinage et des relations d'échange, et les questions soulevées par les réponses apportées à ces problèmes par les sociétés."
Ce qui reste assez lapidaire.
Dans ce gros et passionnant bouquin, il scrute donc l'existence des facteurs suivants: "dommages environnementaux, changement climatique, voisins hostiles, rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux, réponses apportées par une société, selon ses valeurs propres, à ces problèmes", et ce, dans des exemples très variés (et où les cinq facteurs précédents ne sont pas tous présents).
Grosse surprise (pour moi) il démarre avec le Montana. Merveilleux paysages, cow boys, ranchs, écrivains, voilà l'image que j'en ai. Mais aussi mines polluantes, incendies de forêts, ...
Retour vers le passé, avec l'île de Pâques la mystérieuse, les îles polynésiennes de Pitcairn et Henderson, les Anasazis aux Etats Unis, les Mayas, les Vikings au Groenland (alors que les Inuits ont tenu bon), et l'
effondrement de ces civilisations en différentes zones géographiques et climatiques, chacun étudié selon la même grille. En passant, il est absolument fascinant de comprendre comment font tous ces scientifiques pour en savoir autant sur ce civilisations disparues, en datant parfois à l'année près!
Avant, il y a eu des forêts...
Aurions-nous évité ces erreurs? Pas sûr. Les Vikings au Groenland ont tenu plus longtemps que les européens aux Etats Unis jusqu'ici, rappelle l'auteur, qui expose les raisons pour lesquelles ils n'ont pu apprendre des Inuits à mieux s'adapter au terrain...
Des exemples existent où cela se termine (provisoirement?) mieux, dans la minuscule île de Tikopia, et ... au Japon! Les équilibres sont parfois fragiles, et il ne faut pas oublier qu'une démographie galopante a son importance (intéressant passage sur le Rwanda où bien sûr la guerre a eu aussi d'autres causes). Après comparaison entre Haïti et Saint-Domingue (même île!)(mais c'est plus subtil, faut aussi voir la direction des vents et les massifs montagneux pour la pluie), on s'attaque au gros, avec la Chine, pour terminer ce copieux tour du monde par l'Australie.
Frontière Haïti -Saint Domingue, photo prise ici
Autre surprise, c'est quand on découvre qu'un compagnie pétrolière peut être respectueuse de l'environnement, par exemple en Papouasie Nouvelle-Guinée, que connaît particulièrement bien l'auteur, pour y avoir vécu et étudié ses oiseaux (mais ladite compagnie y trouve aussi son compte en décrochant d'autres contrats grâce à une meilleure image!). Voir ici un autre exemple.
Mais pas toutes les compagnies...(Pipeline en Papouasie, un projet de l'extrême en pleine jungle)
Alors, de l'espoir pour nous, dépendants tous les uns des autres, maintenant? Certains, comme au Japon, en Islande, ont compris et commencé à lutter. Chacun peut aussi influer sur les décisions prises par les politiques et les entreprises. Tout est bien fragile, mais on n'a pas le choix. Au moins, on a l'exemple des civilisations ayant connu ou non l'
effondrement.A nous d'en tirer les leçons.
Pour terminer, disons que ce qui rend ce document plutôt facile à lire, c'est le style vivant de l'auteur, sa façon de raconter, sa pédagogie le conduisant à des petits résumés et pauses bienvenus, et la multiplicité des exemples. J'ai aussi apprécié son exposé des hypothèses et son habitude de les examiner sans parti pris a priori.
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